L'armée israélienne renforce son emprise sur le nord de Gaza, que des milliers de Palestiniens fuient vers le sud dans l'espoir de trouver un refuge, après plus d'un mois de bombardements et d'un siège qui les prive de nourriture et d'eau.
«Ils partent parce qu'ils comprennent que le Hamas a perdu le contrôle du nord et que la situation est plus sécurisée dans le sud», a affirmé le 8 novembre au soir le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari, ajoutant que le «couloir d'évacuation» ouvert pour quelques heures chaque jour depuis le 5 novembre vers le sud de Gaza serait de nouveau opérationnel le 9 novembre.
Le 8 novembre, près de 50 000 habitants ont quitté la ville de Gaza, selon l'armée israélienne, portant à 72 000 personnes le nombre de personnes parties depuis cette date, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha).
Cependant, des centaines de milliers d'autres habitants se trouvent toujours au nord du Wadi Gaza, le cours d'eau qui traverse le territoire d'est en ouest, «dans une situation humanitaire désastreuse», souligne l'agence onusienne. «Ils luttent pour obtenir les quantités minimales d'eau et de nourriture nécessaires à leur survie», ajoute cette source.
Aide à Gaza : «conférence humanitaire» à Paris
a France accueille ce 9 novembre une «conférence humanitaire» pour tenter de débloquer l'aide, rendue quasi impossible dans ce secteur par les bombardements israéliens ininterrompus. Le gouvernement israélien ne sera pas représenté à cette conférence organisée à l'Elysée, et les pays arabes n'y enverront pas de représentant du plus haut niveau. Tout le monde a «intérêt à ce que la situation humanitaire s'améliore à Gaza, y compris Israël», a estimé le 8 novembre la présidence française.
Le même jour, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a de nouveau exclu tout cessez-le-feu sans la libération des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre, lors de l'attaque sur le sol israélien qui a déclenché la guerre.
Une source proche du Hamas à Gaza a indiqué à l'AFP que des négociations menées par le Qatar étaient en cours pour la libération de douze otages, dont six Américains, en échange d'une trêve humanitaire de trois jours dans le territoire soumis aux bombardements et à un siège total depuis plus d'un mois. Selon un nouveau bilan des autorités israéliennes, le 8 novembre, 239 personnes sont retenues à Gaza.
Israël a juré d'«anéantir le Hamas» en représailles à l'attaque d'une violence et d'une ampleur sans précédent depuis sa création en 1948, menée par les commandos du mouvement islamiste, au pouvoir dans le territoire palestinien.
Au moins 1 400 personnes sont mortes en Israël depuis le début de la guerre déclenchée par cette attaque, en majorité des civils tués le 7 octobre, selon les autorités israéliennes. Les bombardements d'Israël dans la bande de Gaza ont fait 10 569 morts, en majorité des civils, dont 4 324 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
L'armée israélienne a assuré le 8 novembre qu'elle était entrée «profondément» à l'intérieur de la ville de Gaza où les combats au sol font rage. Trente-six militaires israéliens y sont morts depuis le lancement de l'offensive terrestre le 27 octobre. Selon Israël, la ville abrite le «centre» du Hamas, retranché dans un réseau de tunnels de plusieurs centaines de kilomètres.
Dégradation des conditions sanitaires L'AFP a pu s'approcher le 8 novembre de l'épicentre des combats dans le nord de Gaza lors d'une visite organisée par l'armée israélienne. Palmiers brûlés, lampadaires tordus, panneaux de signalisation déformés témoignaient de l'intensité de l'offensive le long de la route côtière en ruine. «Nous avons perdu quelques soldats, nous avons subi quelques pertes, mais nous allons de l'avant», a assuré le commandant Ido qui menait la visite. «Nous sommes ici jusqu'à la fin».
Arrivée au sud, où s'entassent des centaines de milliers de réfugiés dans des conditions déplorables, la Palestinienne Ola el-Ghul a décrit un périple «effrayant». «Nous étions tellement nombreux. Nous tenions des drapeaux blancs. C'est vrai que nous avions peur, mais finalement nous avons réussi à passer», a-t-elle raconté à l'AFP. Selon un pointage réalisé par l'ONU le week-end dernier, sur les 2,4 millions d'habitants de Gaza, 1,5 million ont été déplacés par la guerre.
La surpopulation dans les abris de l'ONU, avec pour corollaire la dégradation des conditions sanitaires, «reste une préoccupation majeure», selon l'Ocha, qui souligne que «les produits alimentaires essentiels tels que le riz, les légumineuses et l'huile végétale sont presque épuisés».
Le territoire est privé d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, et l'aide internationale arrive au compte-gouttes. L'Ocha a dénombré 756 camions depuis le 21 octobre et la réouverture partielle du passage de Rafah avec l'Egypte.
Gaza, miné par la pauvreté, était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Par ailleurs, l'évacuation vers l'Egypte des blessés palestiniens et des binationaux a été à nouveau interrompue le 8 novembre, selon un responsable palestinien.
Frappes israéliennes et américaines en Syrie
Le gouvernement israélien a jugé mercredi «très prématuré» d'évoquer des «scénarios» futurs pour Gaza, où il veut rendre impossible tout retour du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Israël devra alors «avoir une responsabilité générale de sécurité pour une période indéfinie», a déclaré Ron Dermer, ministre israélien des Affaires stratégiques. Mais «il ne s’agira pas d’une occupation» du territoire d'où Israël s'est retiré en 2005, a-t-il assuré.
Les Etats-Unis ne veulent «pas de réoccupation de Gaza après la fin du conflit. Pas de blocus ou de siège de Gaza. Pas de réduction de territoire», a affirmé le 8 novembre le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken à l'issue d'une réunion du G7 à Tokyo. Washington ne veut «aucun déplacement contraint des Palestiniens de Gaza. Pas maintenant et pas après la guerre», a assuré le diplomate, dont le pays est le plus proche allié d'Israël.
La communauté internationale craint une extension du conflit, notamment à la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l'Iran. Selon un décompte de l'AFP, les violences ont fait 83 morts côté libanais, dont 11 civils.
L'aviation israélienne a également visé le 8 novembre au soir en Syrie des positions «militaires dans la région sud» a rapporté l’agence syrienne Sana. Les Etats-Unis ont également frappé une «installation de stockage d'armes» en Syrie liée selon eux à l'Iran, en réponse à des attaques contre des personnels américains, a annoncé le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.
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