Les États Unis

Congo-Brazzaville, Haïti, Iran, Yémen… Pourquoi ces pays sont visés par le "travel ban" de Trump

Auteur: Marc DAOU Source: www.france24.com
Juin 5, 2025 at 11:21
Un contrôle de passeport à l'aéroport international Hartsfield-Jackson d'Atlanta, aux États-Unis, le 1er février 2025. © Megan Varner, Reuters (illustration)
Un contrôle de passeport à l'aéroport international Hartsfield-Jackson d'Atlanta, aux États-Unis, le 1er février 2025. © Megan Varner, Reuters (illustration)

Dans une note explicative publiée mercredi sur le site de la Maison Blanche, l’administration Trump justifie l’interdiction faite aux ressortissants de 12 nations d’entrer aux États-Unis. France 24 se penche, pays par pays, sur les raisons d’une telle décision.


Absence d'administrations efficaces, tendance de certains ressortissants à rester aux États-Unis après l’expiration de leur visa ou encore soutien au "terrorisme"... Donald Trump a signé un décret interdisant l'entrée des ressortissants de 12 pays aux États-Unis, afin de "protéger" le pays de "terroristes étrangers".

Cette décision, qui sera effective lundi, s'applique aux ressortissants de l'Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, le Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale, l'ÉrythréeHaïti, l'Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen, selon la Maison Blanche.

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Donald Trump justifie ce nouveau "travel ban" par la récente attaque dans le Colorado contre un rassemblement pour la libération des otages à Gaza, dont l’auteur présumé est égyptien.

Les voyageurs en provenance de sept autres pays sont visés par des restrictions dans la délivrance de visas : le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela.

France 24 se penche sur les raisons qui ont poussé le milliardaire américain à cibler les ressortissants de chacun de ces pays. Des raisons explicitées dans une note publiée mercredi sur le site de la Maison Blanche.

  • Afghanistan

Tout en rappelant que les Taliban, au pouvoir en Afghanistan, sont un groupe classé terroriste par Washington, l’administration Trump souligne dans sa note que le pays "n'a pas d'autorité centrale compétente ou coopérative pour délivrer des passeports ou des documents civils et ne dispose pas de mesures de contrôle et de vérification appropriées".

Les ressortissants afghans sont par ailleurs accusés de présenter "un taux de dépassement [de la durée de séjour inscrite dans leur visa, NDLR] de 9,70 % pour les visas d'affaires et de tourisme (B1/B2) et un taux de dépassement de 29,30 % pour les visas d'étudiant (F), de formation professionnelle (M) et de visiteur dans le cadre d'un échange (J)".

Pour rappel, en février 2020, les États-Unis, alors présidés par Donald Trump, avaient signé au Qatar l'accord de Doha qui avait ouvert la voie au retrait des troupes américaines d'Afghanistan, après 20 ans de présence.

 

Le président américain Donald Trump a interdit aux ressortissants de 12 pays l'entrée aux États-Unis.
© Studio graphique France Médias Monde
  • Birmanie

Les ressortissants birmans, dont une grande partie du pays est ravagée par la guerre civile, sont aussi accusés de dépasser la durée de validité de leur visa aux États-Unis. En outre, Washington accuse le pouvoir birman "de n’avoir jamais coopéré" en vue de faciliter "le retour de ses ressortissants expulsés".

Après le coup d'État militaire du 1er février 2021, qui a renversé Aung San Suu Kyi et son gouvernement, les États-Unis ont imposé des sanctions aux chefs de la junte et aux hommes d'affaires les soutenant.

  • Tchad

La décision visant le Tchad est motivée par un "taux élevé de dépassement de durée de séjour, pour 2022 et 2023", qui "est inacceptable et indique un mépris flagrant des lois américaines sur l'immigration", indique la Maison Blanche.

En 2017, le Tchad avait déjà été intégré à la liste des pays visés par le décret antimigration de Donald Trump pour manquements à la sécurité et manque de coopération avec Washington. Une interdiction finalement levée en avril 2018.

Toutefois, depuis le 25 mars, la délivrance de visas américains aux ressortissants tchadiens a été suspendue pour une durée de 90 jours.

 

  • Congo-Brazzaville

Si certains dans le pays se demandent si l’administration Trump ne s’est pas trompée "de Congo", Washington accuse les ressortissants du pays d’afficher "un taux de dépassement de délais de 29,63 % pour les visas B1/B2 et de 35,14 % pour les visas F, M et J."free

 

  • Guinée équatoriale

Même grief pour la Guinée équatoriale, qui présente un taux de dépassement de durée de séjour pour les visas B1/B2 de 21,98 % et un taux de dépassement pour les visas F, M et J de 70,18 %.

  • Érythrée

En plus de taux de dépassement de durée de séjour élevés, les États-Unis mettent directement en cause "l'autorité centrale pour la délivrance de passeports ou de documents civils en Érythrée", disant "s'interroger sur ses compétences".

Washington accuse également le pouvoir en place de ne pas lui donner accès aux casiers judiciaires des demandeurs de visa érythréens et de "toujours refuser de reprendre ses ressortissants expulsés des États-Unis".

En novembre 2021, les États-Unis avaient annoncé la mise en place de sanctions financières contre plusieurs responsables érythréens en raison du soutien militaire apporté à l’Éthiopie dans la guerre au Tigré.

  • Haïti

Outre les dépassements de durée de séjour de certains de ses ressortissants, Haïti est pointé du doigt "en raison des centaines de milliers d'Haïtiens qui ont afflué illégalement aux États-Unis pendant l'administration Biden". Cet afflux nuit aux communautés américaines en créant des risques importants (...) de formation de réseaux criminels et d'autres menaces pour la sécurité nationale".

En septembre, pendant la campagne présidentielle américaine, Donald Trump avait relayé, en plein débat contre Kamala Harris, une rumeur accusant les immigrés haïtiens de Springfield de "manger" des chats et des chiens.

  • Iran

La République islamique d’Iran, ennemie déclarée depuis plusieurs décennies des États-Unis, qui figurait déjà dans le décret antimigration de 2017, également connu sous le nom de "Muslim ban", est de nouveau présente dans la liste.

Le pays, avec lequel les États-Unis ont entamé le 12 avril sous médiation du sultanat d'Oman des pourparlers sur l'épineux dossier du nucléaire iranien, "est un État qui soutient le terrorisme", accuse l’administration Trump.

"L'Iran refuse régulièrement de coopérer avec le gouvernement américain pour identifier les risques en matière de sécurité, est à l'origine d'un terrorisme important dans le monde entier et n'a jamais accepté le retour de ses ressortissants expulsés", indique la Maison Blanche.

 

 

  • Libye

Pour justifier le bannissement des voyageurs libyens, Washington met en cause l'inexistence d'une autorité centrale "compétente pour la délivrance de passeports ou de documents civils en Libye", alors que le pays, gouverné par deux exécutifs parallèles, l’un à Tripoli, dans l'Ouest, et l’autre dans l'Est, est toujours le théâtre de violences depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.

"La présence historique de terroristes sur le territoire libyen amplifie les risques posés par l'entrée aux États-Unis de ses ressortissants", insiste l'administration Trump, qui avait déjà fait figurer ce pays dans le décret de 2017.

  • Somalie

Aux yeux de Washington, la Somalie ne dispose pas d'administrations efficaces "pour délivrer des passeports", ni de "mesures de filtrage et de contrôle appropriées". Le pays "se distingue des autres par le fait que son gouvernement n'a pas la maîtrise et le contrôle de son territoire, ce qui limite considérablement l'efficacité de ses capacités nationales à divers égards". Mogadiscio est également accusé de "toujours refuser de reprendre ses ressortissants expulsés [du territoire américain]".

"Ayant identifié la Somalie comme un refuge pour les terroristes", le gouvernement américain estime que le pays "reste une destination pour les individus qui tentent de rejoindre des groupes terroristes menaçant la sécurité nationale des États-Unis".

  • Soudan

En plus des dépassements de durée de séjour, le Soudan, estime Washington, "ne dispose pas d'une autorité centrale compétente ou coopérative pour délivrer des passeports ou des documents civils, ni de mesures de contrôle et de vérification appropriées".

Ravagé par une guerre fratricide qui a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 13 millions de personnes et provoqué ce que l'ONU a décrit comme "la pire crise humanitaire" en cours dans le monde, le Soudan était déjà visé par le "Muslim ban" de 2017.eferf

 

  • Yémen

Autre pays ravagé par une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, le Yémen est, comme en 2017, présent sur la liste de Donald Trump.

"Depuis le 20 janvier 2025, le Yémen est le théâtre d'opérations militaires américaines actives", est-il rappelé dans le document de la Maison Blanche, en référence aux bombardements ordonnés par le président républicain contre les Houthis. Ces derniers ont commencé à viser en mer Rouge, en novembre 2023, en solidarité avec les Gazaouis, des navires qu'ils estiment liés à Israël.  En réponse, les États-Unis ont mis en place une force maritime internationale pour sécuriser la zone et intensifié leurs bombardements à partir de mars, avant qu'un cessez-le-feu ne soit annoncé par Donald Trump le 6 mai.

À lire aussi: Yémen : pourquoi Donald Trump aura du mal à affaiblir les Houthis

En parallèle des opérations militaires américaines, le Yémen doit son inscription sur la liste à l’absence "d'une autorité centrale compétente ou coopérative pour la délivrance des passeports ou des documents administratifs", sans compter que "le gouvernement n'exerce pas de contrôle physique sur son propre territoire".

En plus de ces 12 pays, les ressortissants de sept autres États se voient imposer des restrictions partielles par l’administration Trump : le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela. Et ce – mis à part Cuba, accusé d’être un "soutien du terrorisme" – essentiellement pour la tendance de leurs ressortissants à rester aux États-Unis après l'expiration de leur visa.

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