Dans un rapport rendu public jeudi, l'inspecteur général du Pentagone par intérim a conclu que l'utilisation de l'application de messagerie Signal par le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, pour transmettre des informations sensibles sur des frappes au Yémen, en mars dernier, avait mis en danger le personnel américain et sa mission.
Déjà dans la tourmente pour une frappe américaine controversée dans la mer des Caraïbes, Pete Hegseth a été rattrapé par l'affaire qui avait été surnommée Signalgate.
Les actions du secrétaire ont créé un risque pour la sécurité opérationnelle qui aurait pu entraîner l’échec des objectifs de la mission américaine et potentiellement mettre en danger les pilotes américains, conclut l'inspecteur général du Pentagone par intérim dans un rapport de plus de 70 pages.
Les conversations au centre de l'examen sont liées à un groupe de discussion formé de responsables gouvernementaux et créé par le secrétaire à la Défense pour discuter du plan des opérations militaires qui étaient prévues le 15 mars contre les Houthis.
Au cours des échanges, Pete Hegseth dévoilait notamment l'heure des frappes, avant qu'elles n'aient lieu, mais aussi des informations sur les équipements militaires employés.
Ces informations, classées secrètes, lui avaient été transmises le 14 mars par le Commandement central américain, relève l'inspecteur général par intérim.
Ce dernier souligne toutefois que le secrétaire à la Défense a l'autorité de décider si de l'information doit être classifiée ou si ce n'est plus le cas.
Il a conclu par ailleurs que Pete Hegseth avait transmis des informations opérationnelles sensibles et non publiques au groupe de discussion à partir de son téléphone cellulaire personnel.
Il précise en outre que M. Hegseth l’a fait depuis son domicile sur une base de l’armée à Washington, en présence de son adjoint militaire subalterne et de son responsable des communications personnelles.
Sur la foi de sources internes, plusieurs médias américains avaient déjà dévoilé la veille les grandes lignes du rapport de plus de 70 pages.
Hegseth clame une « exonération totale »
Le porte-parole du Pentagone avait déjà affirmé mercredi dans un communiqué que l'examen avait disculpé le patron du département, qui avait fait écho à ce message.
Pas d'informations classifiées. Exonération totale. Dossier clos, a déclaré mercredi Pete Hegseth sur son compte personnel du réseau social X.
L'affaire avait été révélée en raison de l'inclusion involontaire d'un journaliste au sein du groupe de discussion de Signal, qui incluait près d'une vingtaine de personnes, dont le vice-président J.D. Vance, le secrétaire d'État Marco Rubio et la directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard.
Le président Donald Trump a par la suite affecté son conseiller à la sécurité nationale de l'époque, Mike Waltz, celui qui avait inclus le journaliste Jeffrey Goldberg, de la revue The Atlantic, dans le groupe, à une autre fonction.
La campagne militaire menée par les États-Unis au début de 2025 contre les Houthis, soutenus par l'Iran, visait officiellement à protéger la liberté de navigation et du commerce international transitant par la mer Rouge.
Fait à noter, le rapport porte le sceau de l'inspecteur général du département de la Défense, même si Pete Hegseth se présente comme le secrétaire à la Guerre.
Le président Trump a rebaptisé par décret le département de la Défense « département de la Guerre », mais le changement de nom d'un département relève plutôt du Congrès, qui n'a pas encore donné son aval à cette décision.
Avec les informations de Agence France-Presse et New York Times