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Comment allez-vous ? Cette année a été folle pour vous.
Cette année a été vraiment folle en effet. C'est fou de vivre ce pour quoi on a prié toute sa vie. Lorsque vous reconnaissez la faveur et le dessein de Dieu dans votre vie et que vous faites votre travail, c'est tellement gratifiant de voir les choses porter leurs fruits. Voir la graine que vous avez plantée devenir un arbre, c'est ce qu'il y a de plus beau. Ce qui est également magnifique, c'est que je peux rendre fière ma famille tout en me rendant fier moi-même par la même occasion. C'est un sentiment extraordinaire, que beaucoup de garçons et de filles peuvent ressentir. Ils viennent me voir et me disent : “Alton, merci. C'est grâce à toi que je fais ça”. Ma vie est très gratifiante et bénie.
Saviez-vous que vous deviendriez le top model masculin le plus célèbre de ces dix dernières années ?
Je voulais montrer à ma famille, ainsi qu’à mes frères et sœurs, ce qu'il était possible de faire lorsqu'on quitte le nid familial. J'avais 17 ans quand je suis parti et je savais que ma famille n'aurait pas les moyens de payer mes études [pendant plusieurs années]. La pire chose qui pouvait m'arriver était de retourner en Arizona, là où j'ai grandi. J'ai dit à ma mère : “Je ne vais pas rester longtemps [sans réussir], je vais faire quelque chose de tout ça.” Il faut être courageux pour croire en soi, avoir ce niveau de conscience et cette foi. Quiconque s'est sacrifié pour sa famille ou pour réaliser ses rêves sait ce que l'on ressent.
“Comment puis-je servir ce secteur ? Comment puis-je inspirer le prochain mannequin qui passe 20 castings par jour comme je le faisais ? Vous savez, je prends vraiment cette responsabilité pour moi.”
Alton Mason
Vous souvenez-vous de votre premier job comme mannequin ?
En 2016, j'ai reçu un appel d'Alessandro Michele qui voulait me rencontrer. J'ai sauté dans un avion pour Rome et j'ai rencontré toute l'équipe de Gucci. Je me souviens d'être rentré, d'avoir essayé tous les vêtements et d'avoir dansé pour eux. Ils m'ont simplement dit : “Merci”. Lorsque je suis rentré à New York, j'ai reçu un appel : Gucci voulait me signer en exclusivité. C'était un moment important. Les choses ont commencé à changer pour moi parce que [mon visage] était partout, je participais à des campagnes internationales. Ces campagnes m'ont donné de l'adrénaline, un sentiment d'euphorie, qui m'a poussé à réussir.
Quel est votre point de vue sur l'industrie du mannequinat ? A-t-il évolué depuis que vous avez commencé il y a dix ans ?
Il a évolué à bien des égards. Il y a encore beaucoup de travail à faire. Mais je me concentre sur le travail que j'ai à faire pour contribuer à l'amélioration de ce secteur. Comment puis-je servir ce secteur ? Comment puis-je inspirer le prochain mannequin qui passe 20 castings par jour comme je le faisais ? Vous savez, je prends vraiment cette responsabilité pour moi et j'essaie de changer, c'est-à-dire d'être moi-même de manière authentique en offrant une main secourable, en répandant l'amour, en félicitant, en offrant des fleurs à ceux qui nous ouvrent la porte. C'est vraiment ce sur quoi je me concentre et la manière dont je peux servir l'industrie.
“C'est une industrie, surtout pour les mannequins, où l'on veut que tout le monde soit pareil. Mais personne n'est pareil et tout le monde est unique. Alors, soyez vous-mêmes.”
Alton Mason
Comment était la concurrence à l'époque dans l'industrie du mannequinat ? Vous venez d'évoquer la partie casting du métier. Est-ce difficile à gérer psychologiquement ?
En ce qui concerne la concurrence, il faut toujours se rappeler que quelque chose est fait pour vous. Dieu a un plan pour vous. J'ai dû apprendre cela [à mes dépens]. Votre plus grand concurrent, c'est vous-même. Vous êtes constamment en compétition avec vous-même. Quand vous vous regardez dans le miroir, c'est vous la compétition. Essayez d'être la meilleure version de vous-même, et ce sera déjà amplement suffisant.
J'imagine que de nombreux mannequins viennent vous demander conseil. Que leur répondez-vous ?
Je leur dis toujours qu'être unique, être soi-même, être courageux et toujours mettre en avant son individualité est ce qui les mènera loin. C'est une industrie, surtout pour les mannequins, où l'on veut que tout le monde soit pareil. Mais personne n'est pareil et tout le monde est unique. Alors, soyez vous-mêmes.
“J'espère que nous verrons davantage de formes et de tailles différentes sur les podiums masculins. J'espère que nous verrons des personnes ayant des capacités ou des handicaps différents, parce que lorsque vous marchez dans les rues de Paris et de New York, ce sont ces personnes qui portent les vêtements.”
Alton Mason
Je voulais vous poser une question sur l'inclusivité. On voit beaucoup de changements dans les défilés féminins, mais moins dans les défilés masculins…
J'espère que nous verrons davantage de formes et de tailles différentes sur les podiums masculins. J'espère que nous verrons des personnes ayant des capacités ou des handicaps différents, parce que lorsque vous marchez dans les rues de Paris et de New York, ce sont ces personnes qui portent les vêtements. Elles veulent donc se voir représentées. J'espère vraiment que nous changerons cela et que nous évoluerons rapidement.
Pensez-vous avoir un héritage à laisser ?
Tout ce que je peux laisser, c'est ma vérité. Tout ce que je peux faire, c'est d'être moi-même, sans aucune complaisance et espérer que quelqu'un puisse s'y identifier. Mais je pense que beaucoup d'entre nous se sentent investis d'une grande responsabilité et ont l'impression que c'est un lourd fardeau. Mais il n'est pas nécessaire de voir les choses sous cet angle lorsque l'on est choisi. J'ai l'impression que tout est une question de perspective, car cela peut être un don ou une malédiction. Mais pour moi, c'est vraiment un don et je l'utilise pour servir. Si vous pouvez voir mon plan, mes pas et les suivre, venez avec moi. En attendant, je vais continuer à faire ces pas. J'emmène des gens avec moi sur le chemin, je crée une table, j'invite les gens à s'asseoir.
Il y a quelque chose de très frappant chez vous lorsque vous défilez sur un podium. On vous voit plus que les autres mannequins. Que ressentez-vous lorsque vous marchez ?
J'ai l'impression de puiser dans mon moi supérieur. Ce n'est pas vraiment un sentiment. Je me souviens d'être entré dans cette industrie et d'avoir participé à 20 ou 30 castings par jour. Je n'ai pas eu ces castings parce qu'on disait que ma démarche était trop féminine ou que je ne marchais pas comme les autres garçons. Mais une fois que j'ai décroché des emplois, je me suis dit : “Maintenant, je ne vais pas changer”. En débutant dans l'industrie, j'étudiais les femmes. J'étudiais Naomi Campbell ou Grace Jones en raison de leur présence. Une femme dans la mode a un pouvoir différent qui commande et impose. Une fois, j'étais chez Quincy Jones et je lui ai demandé : “Qu'est-ce qui fait qu’un artiste est un grand artiste ?” Il m'a répondu que c'était le facteur du “truc en plus”. On ne sait pas vraiment ce que c'est. C'est juste ce “truc en plus”. Tout le monde l’a mais vous devez faire en sorte qu'il fonctionne pour vous. Il faut trouver ce que c'est.
Qu'avez-vous appris de plus en connaissant personnellement Naomi ? L'étudiez-vous toujours ?
Tout le temps (rires). L'autre jour, nous étions chez elle en train de manger. Je me suis dit que c'était la plus belle femme de la terre, à cause de son esprit et de son âme. Ce n'est pas seulement la beauté extérieure. C'est la beauté intérieure. Ce que j'ai le plus appris, c'est la façon dont elle prend soin et protège ceux qu'elle aime. Cette femme recevra un appel de quelqu'un et dira : “Je te rappelle tout de suite”. Tout ce dont vous avez besoin, vous l'obtenez. Naomi est un oracle. Elle est pleine de ressources. C'est ce que j'aspire à devenir. Je veux que quelqu'un m'appelle s'il a besoin de quelque chose et que je puisse le lui apporter. Ce que j'ai appris, c'est sa loyauté. C'est quelqu'un que l'on peut appeler si l'on a besoin de quelque chose.
Pensez-vous que la mode peut être une famille ?
C'est un monde difficile. Je pense qu'il pourrait y avoir plus d'empathie. Mais je pense aussi que nous savons tous ce que cette industrie implique. Une fois que vous avez trouvé vos personnes repères dans ce milieu, accrochez-vous à eux, construisez avec eux. Beaucoup de gens pensent qu'ils ont besoin d'être validés par les personnes les plus haut placées. Mais non, trouvez vos personnes repères et travaillez de manière transversale au lieu d'essayer de vous hisser au sommet.
CREDITS DE PRODUCTION
Journaliste : Bryan Ferreira
Photographe : Marcel Nestler
Styliste : Victor Vergara
Hair : Mitchell Cantrell
Make-up : Raisa
Set design : Les Castay
Assistante photo et digital : Emma Charbonneau
Assistants stylistes : Pierre Dufait et Constance Allain
Production : Maison Montcalm
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