
Mark Carney a beau dire que nous avons la meilleure entente commerciale du monde avec les États-Unis, la bataille commerciale que mène le président Trump nous frappe de plein fouet.
La décision cette semaine de la multinationale Stellantis d’investir 13 milliards de dollars américains dans quatre États américains est une conséquence directe de la politique agressive de l’administration Trump. N’est-il pas urgent de conclure des ententes avec les États-Unis?
À 15 jours de l’Halloween, on peut se demander si le premier ministre du Canada n’est pas sur le point de se transformer en citrouille!
Le temps passe, l’économie canadienne décline, les entreprises hésitent à investir et voilà que des multinationales comme Stellantis et GM choisissent d’injecter leurs milliards en sol américain plutôt qu’au Canada.
Le premier ministre a dit ces derniers jours que des accords sectoriels sont en négociation à Washington sur l’acier, l’aluminium et l’énergie. Toutefois, rien ne semble bouger du côté des secteurs de l’automobile et du bois d’œuvre. Le temps n’est-il pas venu de voir les mots et les promesses se transformer en ententes bien concrètes?
Cela fait maintenant 10 mois que Donald Trump fait la pluie et le beau temps à la Maison-Blanche. Et alors qu’au G7 de juin dernier en Alberta, Mark Carney et le président américain s’étaient mis d’accord pour arriver à une entente dans les 30 jours, nous voici donc quatre mois plus tard et aucun résultat ne semble apparaître à l’horizon.
Tout ce qu’on voit, c’est le gouvernement fédéral qui recule sur ses contre-tarifs et sur sa taxe numérique, à la demande de Washington, et qui ne réagit plus aux attaques tarifaires de l’administration américaine.
C’est encore le temps de discuter et de négocier, a dit Mark Carney, et non de contre-attaquer comme le demande le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford. Se peut-il que les provinces et les Canadiens commencent à remettre en question la stratégie du premier ministre?
Mark Carney était à la Maison-Blanche la semaine dernière et le ministre Dominic LeBlanc semble passer la moitié de sa vie à Washington. Si on peut constater que le gouvernement fédéral fait de grands efforts pour arriver à des résultats avec les Américains, on peut se demander si l’intention réelle de l’administration Trump est de faire mal à l’économie canadienne, de nous affaiblir, voire de nous asphyxier économiquement.
Depuis des décennies, avec le Pacte de l’auto signé en 1965, puis les accords de libre-échange de 1989 et de 1994 ainsi que celui qui a été renouvelé en 2020 lors du premier mandat de Donald Trump, le Canada et les États-Unis, avec le Mexique, ont travaillé à développer une industrie de l’automobile forte et intégrée, efficace et puissante.
Aujourd’hui, le président Trump laisse tomber ses alliés et change les règles du jeu.
Il a été très clair avec Mark Carney dans le bureau ovale en disant ceci : Nous voulons construire nos propres véhicules. Nous ne voulons vraiment pas des voitures faites au Canada. Nous avons imposé des tarifs sur les véhicules du Canada. Et à un moment donné, ce ne sera plus logique sur le plan économique pour le Canada de construire ces voitures.
Même propos de la part de son secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, dans une visioconférence à Toronto, qui a dit que le Canada doit accepter cette situation, que le pays va passer deuxième et qu’il n’y aura pas d’entente sur l’automobile dans la révision à venir de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique. Au mieux, le Canada pourrait encore produire des pièces d’autos.
Cette politique nuit à l’industrie de l’automobile, tout d’abord aux GM et aux Ford de ce monde, qui ont développé des activités parfaitement intégrées entre le Michigan et l’Ontario. Elle nuit profondément à tout le Canada, allié et partenaire historiques des États-Unis. C’est une insulte pour les Canadiens, une déclaration de guerre commerciale dont on ne sortira pas gagnants, malheureusement.
Mark Carney peut-il rester les bras croisés face au péril qui attend une industrie qui embauche plus de 140 000 travailleurs au Canada?
Les multinationales de l’auto voient à leurs intérêts financiers. J’ai demandé au rédacteur en chef de L’Annuel de l’automobile, Benoit Charette, si les GM, Ford, Stellantis et Toyota de ce monde ont besoin du Canada. Réponse sans détour : Pas du tout, a-t-il dit à Zone économie mercredi soir.
C’est ça qui est difficile. Avec le Pacte de l’automobile, qui a existé jusqu’en 2001, on avait un minimum à respecter. Ça n’existe plus : on est passés par l’ALENA après, et là, on doit rediscuter. Est-ce que M. Trump veut donner un minimum au Canada dans de futures discussions? Pour le moment, rien n’oblige les constructeurs à faire affaire au Canada.
La politique de Donald Trump, qui a mis fin à l’Inflation Reduction Act de Joe Biden, une enveloppe colossale d’investissements dans la transition énergétique, a aussi un impact sur le développement de la filière batterie chez nous. Alors que la Chine domine totalement ce secteur, l’Europe et l’Amérique du Nord ont besoin d’argent, de confiance et d’ambitions gouvernementales pour créer une chaîne de valeur efficace.
Or, la faillite de Northvolt est un échec monumental pour l’industrie de la batterie que les Européens, les Canadiens et les Américains essaient de mettre en œuvre. Et l’opposition viscérale de Donald Trump aux initiatives de transition énergétique rend encore plus improbables les investissements dans ce secteur.
C’est dans ce contexte déprimé que GM Posco a suspendu la deuxième phase de son projet Ultium CAM à Bécancour, dans le Centre-du-Québec, qui devait permettre la production de matériaux actifs pour des cathodes devant servir à la fabrication de batteries. Dans la foulée, le groupe brésilien Vale a décidé de laisser tomber la construction d’une installation de production de sulfate de nickel, projet qui était lié au développement du projet de GM Posco.
Dans l’est du pays, au Nouveau-Brunswick, le fabricant de bardeaux Waska a annoncé la suspension des activités de sa scierie de cèdre.
Déjà, quand les tarifs étaient à 15 %, nos clients américains avaient beaucoup de misère à absorber ces coûts-là parce que c’est eux autres qui les paient, a expliqué le directeur général de Waska à Radio-Canada.
À 35 %, les ventes sont carrément tombées à zéro. Ça s’est traduit par une fermeture temporaire. On a encore subi une augmentation de 10 % de tarifs qui met ça à 45 %. Rien pour aider notre cause.
Au cours des derniers jours, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la hausse ses prévisions économiques mondiales par rapport à ses projections de l’été. La planète semble s’ajuster à la nouvelle donne commerciale, selon le FMI.