La capitale ukrainienne Kiev a été visée mercredi 13 novembre à l'aube par une attaque russe combinée de missiles et de drones, pour la première fois en deux mois, au moment où les Ukrainiens cèdent du terrain sur le front et craignent de perdre le soutien des États-Unis après l'élection de Donald Trump.
L'Ukraine a de son côté revendiqué l'assassinat, également mercredi, en Crimée annexée, d'un officier de la flotte russe de la mer Noire, qu'elle accuse justement d'avoir ordonné des frappes de missiles meurtrières sur ses villes.
L'attaque sur Kiev survient le jour où le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a promis, à Bruxelles, une réponse "ferme" à l'engagement présumé nord-coréen aux côtés de la Russie dans la guerre en Ukraine.
Washington a corroboré les affirmations de Kiev selon lesquelles des troupes nord-coréennes sont désormais "engagées dans des opérations de combat" aux côtés des soldats russes dans la région russe de Koursk, dont une petite partie est occupée par les forces ukrainiennes depuis trois mois.
L'agence de renseignement sud-coréenne les a également confirmées, assurant que "les troupes nord-coréennes […] sont déjà engagées dans des opérations de combat" dans cette partie du territoire russe.
Plus de deux ans et demi après le début de l'invasion, l'armée russe bénéficie désormais du renfort de près de 11 000 militaires nord-coréens, d'après Kiev et les Occidentaux, ce que le Kremlin n'a pas formellement démenti.
La Russie a considérablement intensifié les raids de drones sur Kiev, en effectuant presque quotidiennement depuis début octobre, mais c'est la première fois en plus de deux mois que des missiles ont en même temps été tirés sur la capitale ukrainienne.
"Les forces armées russes ont lancé une attaque combinée de missiles et de drones contre Kiev. La première fois en 73 jours", a relevé l'administration militaire de la ville, peuplée de 3 millions d'habitants avant-guerre et qui est située à des centaines de kilomètres du front.
Six missiles et 90 drones en plus de deux heures
Selon cette source, Moscou a utilisé des missiles balistiques et de croisière en plus de drones pour cette opération qui "a duré plus de deux heures" mais qui n'a pas fait de morts grâce à l'action de la défense antiaérienne ukrainienne.
Les journalistes de l'AFP ont entendu des explosions à Kiev et vu des dizaines de ses habitants se réfugier dans une station de métro souterraine dans le centre-ville.
À Beryslav (sud), une femme de 52 ans a péri dans une autre attaque de drones russes, a signalé le gouverneur.
Au total, six missiles et 90 drones ont visé dans la nuit de mardi à mercredi sept régions ukrainiennes dont une seule est située sur le front, a souligné l'armée de l'air ukrainienne, disant avoir abattu deux missiles de croisière, deux missiles balistiques et 37 drones.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a quant à lui répété que l'armée russe ne frappait "que des cibles militaires", en réponse à une question sur la multiplication des victimes civiles en Ukraine.
Côté ukrainien, une source au sein des services de sécurité (SBU) a revendiqué auprès de l'AFP le meurtre d'un officier russe en Crimée, une péninsule ukrainienne annexée par Moscou, dans le cadre d'une "opération spéciale" destinée à "liquider un criminel de guerre".
Ce militaire, tué dans l'explosion d'une voiture piégée, avait "ordonné le tir de missiles de croisière à partir de la mer Noire sur des cibles civiles en Ukraine" et constituait "une cible absolument légitime", a commenté cette source.
Cet assassinat est le dernier en date d'une série d'attaques ukrainiennes contre des militaires russes et des personnalités soutenant le Kremlin, aussi bien dans des zones ukrainiennes occupées qu'à l'intérieur de la Russie.
Assistance américaine menacée
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, commentant les attaques nocturnes contre son pays, a dénoncé une fois encore "le terrorisme russe" et salué la réponse "efficace" de la défense antiaérienne.
Il a exprimé sa "gratitude" à l'égard de ses alliés occidentaux qui fournissent depuis deux ans et demi armes et munitions.
Mais cette assistance semble menacée, Ukrainiens et Européens craignant que les États-Unis, avec le retour de Donald Trump, puissent interrompre l'aide aux Ukrainiens au moment même où ils sont confrontés à de grandes difficultés sur le champ de bataille.
Dans l'est de l'Ukraine, l'armée russe, malgré d'importantes pertes, a conquis des centaines de kilomètres carrés en octobre et s'approche de villes tactiquement ou stratégiquement importantes, en particulier celle de Pokrovsk.
Moscou a revendiqué mercredi la conquête de Rivnopil, un village de moins de 100 habitants avant-guerre et situé à la jonction des fronts oriental et méridional.
Par ailleurs, les forces russes ont reçu, selon les Occidentaux et Kiev, le renfort de plus de 10 000 soldats nord-coréens, ce que le Kremlin ne dément pas.
Ceux-ci ont commencé à combattre dans la région de Koursk partiellement occupée par les soldats ukrainiens depuis août à la suite d'une offensive qui était censée détourner les militaires russes pour défendre leur propre territoire mais qui n'a pas eu les résultats escomptés.
Face à cette situation, le président sortant Joe Biden cherche à accélérer la livraison d'aide militaire. De l'enveloppe votée au printemps, il reste environ 9,2 milliards de dollars à attribuer, à savoir 7,1 milliards à puiser dans les stocks d'armements américains et 2,1 milliards pour financer des contrats d'achat d'armes, selon le Pentagone.
Il semble peu probable, en revanche, que les Américains lèvent leur veto quant à l'utilisation de missiles de longue portée en profondeur dans le territoire russe, malgré les supplications de Kiev.
Avec AFP
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