Volodymyr Zelensky aura fort à faire vendredi pour convaincre Donald Trump de livrer à l'Ukraine des missiles Tomahawk, alors que le président américain et Vladimir Poutine viennent de relancer leur dialogue.
Le président ukrainien sera reçu à la Maison-Blanche pour la troisième fois depuis le retour au pouvoir du républicain en janvier. La rencontre entre les deux hommes est prévue à 13 h.
Lors de leur première entrevue en février, Donald Trump avait asséné brutalement à Volodymyr Zelensky qu'il n'avait pas les cartes en main. La seconde, en août, avait été beaucoup plus cordiale.
Cette fois, le président ukrainien arrive à la Maison-Blanche juste après un coup de fil surprise entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, qui a averti qu'une livraison de ces missiles nuirait considérablement à la relation russo-américaine et aux perspectives de paix.
Les présidents américain et russe ont convenu de se voir à Budapest, dans les deux prochaines semaines, selon le président américain.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a relevé vendredi qu'il restait auparavant de nombreuses questions à résoudre. Serguei Lavrov et Marco Rubio, les chefs des diplomaties russe et américaine, vont s'appeler, se rencontrer et commencer à discuter […], et il y a de nombreuses questions, a-t-il déclaré.
Empreint de confiance
Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a jugé très productif son échange avec Vladimir Poutine, Moscou parlant pour sa part d'un entretien extrêmement franc et empreint de confiance.
Nous voyons déjà que Moscou se précipite pour reprendre le dialogue dès qu'ils entendent parler de Tomahawk, a de son côté commenté sur X Volodymyr Zelensky, à son arrivée jeudi à Washington.
Mais la Commission européenne a accueilli favorablement ce possible sommet. Toute réunion qui fait avancer le processus visant à instaurer une paix juste et durable en Ukraine est la bienvenue, a affirmé Olof Gill, porte-parole de l'exécutif européen.
Donald Trump, désormais, se montre très prudent sur une livraison des missiles à Kiev. Nous ne pouvons pas appauvrir [les réserves de] notre propre pays, a-t-il estimé. Nous en avons besoin aussi, donc je ne sais pas ce que nous pouvons faire.
Le BGM-109 Tomahawk vole jusqu'à 1600 kilomètres, à 880 km/h, à quelques dizaines de mètres du sol.
Volodymyr Zelensky a indiqué vendredi avoir rencontré des représentants du fabricant américain des systèmes de missiles Tomahawk et Patriot.
Nous avons discuté de la capacité de production de Raytheon, des voies possibles de coopération […], ainsi que de la perspective d'une production conjointe ukraino-américaine.
Attaques russes
Ces missiles permettraient à l'Ukraine de frapper en profondeur en Russie, au moment où Moscou, à l'entrée de l'hiver, intensifie ses attaques sur les infrastructures énergétiques ennemies.
Vendredi, elle a aussi revendiqué la prise de trois villages ukrainiens dans les régions de Kharkiv et de Dnipropetrovsk, notamment des zones reprises il y a trois ans lors d'une contre-offensive surprise de Kiev.
La proximité retrouvée entre Donald Trump et Vladimir Poutine, dont la relation s'était rafraîchie, a donc de quoi inquiéter Kiev.
Le dernier sommet entre les deux hommes, le 15 août en Alaska, s'était conclu sans perspective concrète de paix. Cette fois, le président américain a dit espérer mettre fin à cette guerre sans gloire.
Donald Trump a rompu l'isolement dans lequel les puissances occidentales maintenaient Moscou depuis l'invasion russe de février 2022, et remis en cause l'aide militaire accordée à l'Ukraine par l'administration Biden.
Pas très bien
Le président américain, persuadé d'avoir une relation privilégiée avec son homologue russe, avait d'abord assuré pouvoir mettre fin au conflit rapidement, avant de concéder que l'entreprise était complexe.
Le milliardaire new-yorkais a aussi changé récemment d'avis sur le rapport de forces, affirmant à la surprise générale que l'Ukraine pouvait gagner la guerre.
Refusant d'attribuer à la Russie la responsabilité du conflit, il a souvent renvoyé dos à dos les deux belligérants, parfois avec désinvolture. En juin, il avait comparé le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale à une bagarre entre deux enfants qui se battent dans un parc.
Jeudi, il a déclaré à propos des dirigeants russe et ukrainien : Nous avons un problème. Ils ne s'entendent pas très bien, ces deux-là.