Plus tôt, John Coale, émissaire de Donald Trump en visite en Biélorussie, avait annoncé la levée des sanctions américaines visant le potassium produit par ce pays d’Europe orientale allié proche de la Russie.
Le Monde avec AFP
La Biélorussie a libéré, samedi 13 décembre, plusieurs prisonniers dont le militant Ales Bialiatski, colauréat du prix Nobel de la paix 2022, et les figures de l’opposition Maria Kolesnikova et Viktor Babariko, un ancien banquier devenu un adversaire du président Alexandre Loukachenko, a annoncé l’ONG de défense des droits humains Viasna, après des pourparlers entre Minsk et Washington.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a gracié « 123 citoyens de différents pays » après ces discussions avec les Etats-Unis, a annoncé pour sa part sur Telegram le compte Poul Pervogo, affilié à la présidence bélarusse, sans fournir les noms des personnes libérées.
Agé de 63 ans, Ales Bialiatski a fondé en 1996 et animé pendant des années Viasna (« Printemps »), le principal groupe de défense des droits humains et source essentielle d’informations sur les répressions dans ce pays d’Europe orientale. Musicienne de formation, Maria Kolesnikova, 43 ans, a pour sa part été l’une des meneuses des manifestations massives contre la réélection jugée frauduleuse d’Alexandre Loukachenko, en 2020.
Tous deux avaient été arrêtés lors de la répression brutale de ce mouvement de protestation et condamné à de lourdes peines de prison. Alors qu’il était en détention, le travail d’Ales Bialiatski lui avait valu en 2022 le prix Nobel de la Paix, partagé avec l’ONG Memorial (Russie) et le Centre pour les libertés civiles (Ukraine). « Je lui ai parlé, il est en route pour la Lituanie, il se sent bien », a déclaré à l’AFP son épouse, Natalia Pintchouk.
Plus tôt, John Coale, émissaire de Donald Trump en visite en Biélorussie, avait annoncé la levée des sanctions américaines visant le potassium produit par ce pays d’Europe orientale allié proche de la Russie.
La Biélorussie est un important producteur de potassium, utilisé notamment dans la fabrication d’engrais. Mais ce secteur et d’autres de l’économie du pays sont soumis à de lourdes sanctions américaines et européennes du fait des répressions visant l’opposition et du soutien de Minsk à l’invasion russe de l’Ukraine lancée en 2022.
Une proximité avec Poutine « très utile »
Ces derniers mois, Donald Trump a encouragé notamment la Biélorussie à libérer les centaines de prisonniers politiques que compte le pays et le président, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis plus de 30 ans, a déjà gracié des dizaines de personnes.
En échange, Washington a partiellement levé les sanctions contre la compagnie aérienne biélorusse Belavia, lui permettant d’entretenir et d’acheter des pièces pour sa flotte, qui comprend des Boeing.
L’émissaire américain John Coale a affirmé samedi que la proximité entre Alexandre Loukachenko et son homologue russe Vladimir Poutine pourrait être utile dans la difficile médiation américaine en cours pour tenter de mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou.
« Votre président [M. Loukachenko] a une longue histoire avec le président Poutine et a la capacité de le conseiller. C’est très utile dans cette situation », a déclaré M. Coale, cité par l’agence de presse étatique biélorusse Belta.
Alexandre Loukachenko, 71 ans, a écrasé plusieurs mouvements de contestation, dont le plus important, en 2020 et 2021, l’avait sérieusement fragilisé, le poussant à appeler à l’aide Vladimir Poutine. Depuis, Minsk est beaucoup plus dépendant de la Russie, alors qu’auparavant Alexandre Loukachenko avait tâché de trouver un équilibre dans ses relations entre le Kremlin et l’Occident.