Lors du sommet des BRICS à Kazan, la recherche d'alternatives au dollar a dominé les discussions, avec une condamnation des sanctions unilatérales de l'Occident. La situation en Ukraine a été brièvement abordée. Les participants ont aussi appelé à réformer l'ONU et le système financier mondial, et proposé une bourse céréalière commune.
Une réunion élargie du sommet des BRICS se tenait ce mercredi 23 octobre à Kazan. Y participaient le président russe Vladimir Poutine, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva (par visioconférence), le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi, le Premier ministre indien Narendra Modi, le président iranien Massoud Pezechkian, le président chinois Xi Jinping, le président des Émirats arabes unis Mohammed bin Zayed Al Nahyan, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
L'une des principales questions soulevées lors de la réunion a été la recherche d'alternatives au dollar en raison de son impact sur la vie des habitants de différents pays du monde et sur l'économie mondiale dans son ensemble. «Le dollar est utilisé comme une arme pour changer les conditions de vie de la population», a déclaré Dilma Rousseff, présidente de la Nouvelle Banque de Développement.
Vladimir Poutine a abondé dans son sens, affirmant que le dollar était utilisé comme une arme. Le président russe a souligné qu'il s'agissait d'une grave erreur de la part de ceux qui l'utilisent à des fins politiques. Selon lui, bien que le dollar reste un outil crucial dans les finances mondiales, son usage à des fins politiques compromet sa crédibilité et réduit son efficacité. «Nous ne refusons pas le dollar, nous ne le combattons pas. Si on ne nous laisse pas travailler avec cette monnaie, que devons-nous faire ? Nous devons donc chercher d’autres alternatives, et c’est ce qui se passe», a-t-il déclaré.
Un monde multipolaire se dessine
Le président russe a expliqué que le commerce mondial et l'économie globale étaient en train de subir des transformations importantes. «Du côté positif, le centre de l'activité commerciale se déplace progressivement vers les marchés émergents. Un modèle multipolaire se dessine, qui déclenche une nouvelle vague de croissance, grâce aux pays du Sud et de l’Est et, bien sûr, des pays BRICS», a-t-il souligné.
Le président chinois Xi Jinping, a de son côté proposé de réformer le système de gouvernance mondiale, y compris le système financier : «Depuis longtemps, le rythme des réformes de la gouvernance mondiale ne correspond plus à celui des changements dans l'équilibre des pouvoirs sur la scène internationale. C’est pourquoi nous devons adhérer aux principes d’un véritable multilatéralisme... Dans cette optique, les pays membres des BRICS doivent intensifier leur coopération économique».
Le Premier ministre indien Narendra Modi a déclaré que l'Inde s'engageait à promouvoir la coopération dans le cadre des BRICS et que «les BRICS deviendront bientôt une organisation capable de relever les défis mondiaux».
Une «Bourse aux céréales des BRICS»
Vladimir Poutine a rappelé que plusieurs pays des BRICS figuraient parmi les plus grands producteurs mondiaux de céréales, de légumineuses et d'oléagineux. Il a ainsi proposé la création d'une «bourse céréalière des BRICS», qui permettrait, selon lui, de «favoriser la formation d'indicateurs de prix justes et prévisibles pour les produits et matières premières, en tenant compte de leur rôle essentiel dans la sécurité alimentaire mondiale». Cette initiative, a-t-il ajouté, contribuerait également à protéger les marchés nationaux contre les ingérences extérieures et les spéculations.
«On pourrait envisager, avec le temps, de transformer cette bourse céréalière en une véritable bourse de matières premières», a ajouté le président russe.
Vladimir Poutine a souligné que la croissance moyenne des économies des BRICS en 2024-2025 devrait atteindre 3,8%, alors que la croissance mondiale du PIB est estimée à 3,2-3,3%. Il a également affirmé que «la part des BRICS en termes de parité de pouvoir d'achat atteindra 36,7% en 2024, dépassant largement celle du G7, qui était de 30% en 2023 et devrait légèrement augmenter en 2024».
La Déclaration de Kazan du sommet des BRICS
À l'issue de cette deuxième journée du XVIe sommet des BRICS, la Déclaration de Kazan des pays membres de l'organisation a été adoptée. Le sommet des BRICS a mis en avant la nécessité d'une réforme complète de l'ONU, y compris de son Conseil de sécurité, afin de la rendre plus démocratique, représentative et efficace, selon cette Déclaration. Le document final appelle également à une réforme du système financier mondial, à l'élaboration d'alternatives au dollar et à un renforcement des échanges commerciaux entre les pays membres des BRICS.
La Déclaration de Kazan du sommet des BRICS n'a mentionné l'Ukraine qu'une seule fois, évoquant brièvement le conflit et faisant référence aux propositions de médiation.
Les BRICS ont également exprimé leur soutien à la stabilité régionale, notamment au Moyen-Orient et en Palestine, ainsi qu'à des initiatives pour renforcer la coopération économique, scientifique et humanitaire, tout en condamnant l'usage de sanctions unilatérales qui affectent l'économie mondiale.
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