Après quatre décennies de services auprès des personnes séropositives, une organisation torontoise fermera ses portes l’an prochain, faute de demande et de financement. Malgré les progrès en matière de dépistage, de traitement et de prévention, la lutte contre le VIH au Canada – et ailleurs dans le monde – est loin d’être terminée.
Fondé en 1983, dans un contexte bien différent, l'AIDS Committee of Toronto (ACT) a décidé de cesser ses activités en mars prochain. Au cours des dix dernières années, nous avons constaté une baisse notable du nombre d'usagers, affirme le directeur général, Ryan Lisk.
Leurs besoins ayant évolué, ils n'ont plus autant besoin de nous.
Une citation deRyan Lisk, directeur général, AIDS Committee of Toronto
L’offre étendue de médicaments de prévention (ou PrEP) avec désormais des options injectables permet de limiter les nouvelles infections au sein des groupes les plus à risque en améliorant notamment l’adhésion.
C’est plus facile de recevoir des injections six fois par année que de prendre une pilule chaque jour, affirme l’infectiologue Darrell Tan, de l’hôpital St. Michael’s de Toronto.
Qu'est-ce que le VIH?
Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) s'attaque au système immunitaire. Il s’agit d’une maladie chronique toujours incurable de nos jours et qui, lorsqu'elle n'est pas traitée, peut évoluer en syndrome d'immunodéficience acquise (sida) et même entraîner la mort. Par contre, avec un traitement et des suivis médicaux, les personnes séropositives peuvent vivre aussi longtemps et en aussi bonne santé que le reste de la population.
La fermeture imminente de l’ACT s’inscrit aussi dans un contexte de problèmes financiers. Cet organisme affiche un déficit budgétaire depuis plus de cinq ans, variant d’environ 250 000 $ à 800 000 $, précise M. Lisk.
Il souligne que les dons ont baissé de façon notable : l’organisation en avait récolté pour 3,6 millions $ en 2003, alors qu’elle estime avoir amassé moins de 300 000 $ cette année.
Le financement fédéral alloué dans le domaine du VIH n’a presque pas bougé en une décennie, ajoute le directeur général, qui espère que le retrait de l’ACT permettra d’augmenter les subventions accordées à d’autres organismes plus spécialisés.
Benjamin Sourisseau, directeur général d’Action positive, le seul organisme francophone qui se voue à la lutte contre le VIH à Toronto et dans le sud de l’Ontario, y voit la perte d’un partenaire important.
C'est difficile de perdre un joueur de poids parce que, quand on a des relations aussi fortes, ça permet d’aller parler aux bailleurs de fonds ensemble, d'aller parler aux gouvernements ensemble, dit-il.
Ça diminue notre voix, en fait.