Santé

Attention aux conseils sur la santé mentale sur TikTok

Auteur: Axel Dansereau Macias Source: Le Devoir
Juillet 17, 2025 at 13:39
Photo: Jeff Chiu Associated Press Les fausses informations peuvent pousser quelqu’un à ne plus prendre ses médicaments ou à lier erronément un problème physique à un problème mental, souligne le médecin.
Photo: Jeff Chiu Associated Press Les fausses informations peuvent pousser quelqu’un à ne plus prendre ses médicaments ou à lier erronément un problème physique à un problème mental, souligne le médecin.

Une nouvelle étude révèle qu’une vidéo sur cinq portant sur la santé mentale publiées sur TikTok contiendrait de la mésinformation ou de la désinformation. Une proportion pouvant avoir de réelles conséquences sur les personnes consommant ce contenu, selon les auteurs.

Conseils sur la dépression, autodiagnostic de neurodivergence, produits miracles : la liste de vidéos qui circulent est longue. Devant cette réalité préoccupante, le Dr Alexandre Hudon, auteur principal de l’étude, est clair. « Les répercussions peuvent être très graves, voire aller jusqu’au décès, l’aggravation de psychose, l’inobservance ou la mauvaise prise de médication. »

L’étude menée à l’Université de Montréal et publiée en juin est une première dans la quantification de ce phénomène, selon le Dr Hudon. Le médecin psychiatre et son équipe ont analysé 1000 vidéos, dans trois différentes langues, touchant une vingtaine de sujets liés à la santé mentale.

Les fausses informations peuvent pousser quelqu’un à ne plus prendre ses médicaments ou à lier erronément un problème physique à un problème mental, souligne le médecin. Celui-ci mentionne les troubles de la personnalité ou neurodéveloppementaux comme exemples pouvant avoir « une implication clinique importante ». Des situations qu’il « voit de plus en plus dans les consultations à l’urgence psychiatrique, autant chez les enfants et les adolescents que chez les adultes ».

Ce qui inquiète aussi le Dr Hudon est l’arrivée des agents conversationnels, qui pourraient exacerber le problème. Il nomme les intelligences artificielles comme ChatGPTqui font déjà débat au sujet des diagnostics médicaux. « Je pense qu’on va avoir un méchant problème dans notre système de santé dans les prochaines années », ajoute-t-il.

De « docteur Google » à « docteur TikTok »

Dans l’échantillon étudié, 21 % des vidéos ne citaient pas de source, 16 % contenaient de la mésinformation (de la désinformation involontaire) et 6 % comptaient de la désinformation. Ces proportions se sont révélées en dessous des attentes d’Alexandre Hudon, qui ne minimise toutefois pas les dangers du phénomène.

« Avant, on parlait de docteur Google, mais maintenant, on va prendre de l’information véhiculée sur les médias sociaux. On l’applique pour finalement se rendre compte que, oups, ce n’est pas la meilleure idée », indique le chercheur.

Outre sonner l’alarme sur ce phénomène, l’étude vise à outiller les professionnels de la santé qui veulent s’aventurer sur TikTok. Pour ce faire, les chercheurs leur prodiguent quelques conseils basés sur les données qu’ils ont récoltées : citer ses sources, éviter l’opinion, annoncer sa formation professionnelle et ne pas trop simplifier les questions de santé mentale.

« La santé mentale, c’est très complexe, c’est très personnel aussi. Ça demande une approche qui est personnalisée. Quand on essaie de ramener ça sur une phrase ou deux qui généralisent le trouble, ce n’est pas la bonne information qui en ressort », résume le Dr Hudon. Son étude reste limitée à un échantillon largement en anglais, mais donne un bon aperçu de la réalité, estime-t-il.

Mot clé
Vous n'avez pas utilisé le site Web, Cliquer ici pour maintenir votre état de connexion. Temps d'attente: 60 Secondes