La passe difficile se confirme pour le géant automobile Stellantis, qui compte près de 8850 employés au Canada : longtemps l'un des constructeurs européens les plus rentables, il a annoncé lundi une lourde perte au premier semestre. Il a été pénalisé par le recul de ses ventes, des coûts de production plus élevés et les droits de douane aux États-Unis.
Le constructeur chiffre sa perte nette à 2,3 milliards d'euros (3,68 milliards de dollars canadiens) au premier semestre 2025, selon des résultats préliminaires, non encore audités. L'entreprise détient 15 marques — dont Peugeot, Fiat, Chrysler, Jeep — et deux grandes usines à Windsor et Brampton en Ontario,
Au premier semestre 2024, le groupe franco-italo-américain avait dégagé un bénéfice net de 5,6 milliards d'euros, déjà en forte baisse par rapport au niveau record de 2023.
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Au cours des six premiers mois de l'année, Stellantis a réalisé un chiffre d'affaires de 74,3 milliards d'euros (118,73 milliards de dollars canadiens) qui représente, selon le communiqué du groupe, un repli de 12,5 % par rapport à la même période de 2024.
Stellantis cite entre autres les arrêts temporaires de production pratiqués au début du trimestre en réponse aux nouveaux tarifs douaniers en Amérique du Nord et la transition de l'offre produit en Europe élargie, où plusieurs modèles importants sont soit en phase de montée en cadence après leurs lancements récents, comme raison.
Des annonces négatives étaient largement attendues, au regard de l'évolution des ventes et de l'arrivée d'un nouveau patron susceptible de faire un peu le ménage (amenant ainsi de nouvelles provisions, des restructurations), indiquent dans une note les analystes du groupe financier ODDO BHF.
L'Italien Antonio Filosa a pris la tête de Stellantis à la fin juin, six mois après le départ de Carlos Tavares.
Action en baisse
Ce matin, l'action de Stellantis baissait de 2,30 % dans un marché en repli de 0,26 %. Depuis le 1er janvier, l'action du groupe a vu sa valeur fondre de plus de 38 %.
Le constructeur explique que des coûts de production industrielle plus élevés ont pesé sur sa rentabilité et que les mesures prises pour améliorer les performances et la rentabilité n'ont pas encore produit leurs effets.
Il ajoute avoir comptabilisé environ 3,3 milliards d'euros (5,27 milliards de dollars canadiens) de charges nettes avant impôts, notamment des dépréciations d'actifs liées à l'annulation de certains programmes.
Ces niveaux correspondent aux consensus, notent les analystes d'ODDO BHF, mais la déroute est plus marquée en Amérique du Nord, avec 322 000 véhicules facturés (en baisse de 25 % au deuxième trimestre), contre 367 000 attendus, quand l'Europe correspond aux attentes et que les marchés émergents font des étincelles.
Aux États-Unis, les constructeurs sont confrontés à la hausse des droits de douane sur les voitures fabriquées hors du pays, soumises à une surtaxe de 25 % depuis début avril (15 % pour le Mexique).
480 millions de dollars imputés aux tarifs douaniers
Stellantis chiffre à 300 millions d'euros (480 millions de dollars canadiens) les droits de douane nets encourus dans ce cadre.
La semaine dernière, la nouvelle direction de Stellantis a annoncé mettre fin à son programme de développement dans le domaine de l'hydrogène — un signal funeste pour l'hydrogène dans les transports —, expliquant ne pas voir de perspectives de rentabilité économique à moyen terme sur ce marché.
Le 30 avril, Stellantis avait suspendu ses prévisions financières en raison de l'incertitude créée par l'imposition des droits de douane américains.
Les résultats semestriels définitifs seront publiés comme prévu le 29 juillet, précise le groupe, qui explique avoir publié ces données financières préliminaires pour corriger l'écart entre les prévisions du consensus des analystes et les performances de l'entreprise pour la période.
Depuis l'année dernière, Stellantis souffre de ses difficultés sur le marché américain, qui avait longtemps tiré vers le haut sa rentabilité, et de la normalisation des tarifs des véhicules après les sommets atteints à cause de la pandémie de la COVID-19 et des pénuries de pièces électroniques.
Sur le marché français de la voiture neuve, au ralenti depuis plus d'un an, le groupe franco-italo-américain s'est fait doubler par Renault au premier semestre.
Ces résultats en berne ne modifient pas dans l'immédiat la situation pour les deux usines de Windsor et Brampton, selon un communiqué de l'entreprise diffusé par LouAnn Gosselin, directrice des communications, à Radio-Canada : L'entreprise interrompt temporairement les travaux sur la Jeep Compass de nouvelle génération, y compris les activités à l'usine d'assemblage de Brampton. Cette décision ne modifie en rien les plans d'investissement déjà annoncés pour Brampton.
En Ontario, cinq usines automobiles au ralenti depuis le printemps
En avril, GM a suspendu temporairement la production de son fourgon électrique BrightDrop au site CAMI à Ingersoll. La reprise au ralenti a entraîné près de 500 mises à pied permanentes.
En mai, l’usine a annoncé la réduction de ses quarts de trois à deux à partir de l’automne 2025, principalement à cause du fléchissement de la demande et des tensions commerciales liées aux tarifs américains. Cette mesure touche environ 700 employés directs.
Depuis avril, l’usine a connu plusieurs semainesd’arrêt à cause des tarifs douaniers, avant de retrouver une activité normale depuis le 23 juin.
En février, Stellantis a suspendu son projet de production de la Jeep Compass (initialement prévue à Brampton), repoussée au premier trimestre de 2026 en raison de l’incertitude tarifaire.
Honda Canada a annoncé en mai un report de deux ans (jusqu’en 2027) de son projet d’usine de batteries pour VE à Alliston, malgré une stabilité de l’emploi actuel. Avec les informations de Agence France-Presse |