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En Chine, l'excédent commercial franchit pour la première fois la barre des 1.000 milliards

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La Chine a dégagé pour la première fois un excédent commercial de plus de 1.000 milliards de dollars. (Photo STR/AFP)
La Chine a dégagé pour la première fois un excédent commercial de plus de 1.000 milliards de dollars. (Photo STR/AFP)

La forte hausse des exportations en novembre, notamment vers l'Europe, a permis à la Chine de franchir ce palier symbolique. Cet excédent record apporte de l'eau au moulin de l'UE, qui estime que le déséquilibre commercial a atteint son point le plus critique.

Par Raphaël Balenieri

Plus de 1.000 milliards de dollars. Jamais la Chine, qui est pourtant le premier exportateur de la planète depuis 2009, n'avait dégagé un tel excédent commercial. Désormais, c'est fait : entre janvier et novembre, le géant asiatique a enregistré un surplus commercial de 1.080 milliards de dollars, selon les chiffres publiés lundi par les Douanes chinoises. Un palier très symbolique qui confirme le sentiment d'urgence en Europe, devenue un « marché de déversement » pour les produits chinois, selon la formule employée par Emmanuel Macron lors de sa visite en Chine.

Cet excédent record s'explique par la forte hausse des exportations en novembre : à +5,9 % contre -1,1 % en octobre, la croissance a dépassé le consensus des analystes. A l'inverse, les importations chinoises ont progressé de seulement 1,9 % en novembre, en dessous des attentes. Cet écart a fait exploser le surplus commercial chinois qui a atteint, sur le seul mois de novembre, 100,7 milliards de dollars - le plus haut en cinq mois.

Marché de 450 millions de consommateurs

Lancée à toute allure, la machine exportatrice chinoise a également changé de l'intérieur. Face à une demande interne en berne, la Chine ne se contente pas de vendre davantage à l'étranger : grâce à sa montée en gamme, elle exporte plus de produits à plus haute valeur ajoutée, ce qui augmente les exportations en valeur.

Plusieurs catégories, comme les bateaux, les semi-conducteurs ou les voitures, ont enregistré une croissance à deux chiffres en novembre, rappelle la banque ING dans une note. Au global, les exportations de produits de haute technologie ont crû de 6,6 %, soit au-delà de la moyenne.

Ces nouveaux chiffres apportent de l'eau au moulin de l'Union européenne, qui estime que ce déséquilibre a atteint un point « insoutenable », selon la formule d'Emmanuel Macron. Depuis 2015, le déficit commercial de l'UE vis-à-vis de la Chine a été multiplié par quatre en volume et par deux en valeur, à plus de 300 milliards d'euros l'année dernière, selon la Commission européenne.

La relative fermeture des Etats-Unis aux produits chinois depuis les droits de douane de Donald Trump a poussé les industriels chinois à écouler leur marchandise en Europe - le seul marché suffisamment profond et mature, avec plus de 450 millions de consommateurs. En novembre, les exportations chinoises vers l'UE ont progressé de presque 15 %, tandis qu'elles ont baissé de presque 29 % vers les Etats-Unis et de 8 % vers l'Asean.

Garder « la masse musculaire »

Dans ce contexte, les pays européens cherchent la parade, après avoir déjà taxé les véhicules électriques chinois entrant dans l'UE. En visite en Chine la semaine dernière, Emmanuel Macron a ainsi menacé d'imposer des droits de douane « dans les tout prochains mois » si la Chine ne rééquilibrait pas son économie, en soutenant la consommation intérieure et en réduisant ses capacités industrielles. Ce qu'elle a commencé à faire, mais dans des proportions encore insuffisantes vu la taille de son économie.

« On a besoin de garder notre masse musculaire parce que là, le grand risque pour les Européens, c'est la désindustrialisation accélérée […]. Il faut sonner l'alarme », a alerté Emmanuel Macron lors de sa visite. Pour le président français, le déséquilibre commercial fait même courir le risque de « crise financière ». « On est au dernier stop avant la crise. Il n'est pas possible que l'un soit toujours producteur, et l'autre consommateur », dit-on à l'Elysée.

Mais l'Europe ne parle pas d'une seule voix sur le sujet, les pays d'Europe de l'Est (la Hongrie notamment) et du Sud (Espagne, Italie, Grèce) étant plus ouverts et perméables aux produits chinois. Sur ce dossier, la position de l'Allemagne, qui est devenue déficitaire vis-à-vis de la Chine après avoir longtemps enregistré un excédent commercial, va être clé. Après Emmanuel Macron, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, doit arriver ce lundi en Chine pour évoquer notamment le dossier du rééquilibrage.

Raphaël Balenieri (Correspondant à Shanghai)

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