Le 5 novembre, les Américains voteront pour élire non seulement un président mais aussi des représentants et des sénateurs. Certaines de ces luttes sont presque aussi serrées que celle pour la Maison-Blanche et les résultats auront des répercussions majeures sur la suite des choses à Washington.
Le contrôle du Congrès est vital pour que le parti au pouvoir puisse mener ses projets à bien. Le Congrès adopte les lois et les budgets en plus de confirmer les nominations présidentielles.
Quelle est la situation actuelle?
Le Congrès est actuellement divisé : les démocrates contrôlent le Sénat et les républicains la Chambre des représentants.
Le Sénat compte 100 sièges, soit deux par État. Chaque sénateur a un mandat de six ans.
Les démocrates détiennent 47 sièges, contre 49 pour les républicains, mais ils comptent sur l’appui des 4 sénateurs indépendants : Bernie Sanders, du Vermont, Angus King, du Maine, Joe Manchin, de la Virginie-Occidentale, et Kyrsten Sinema, de l’Arizona.
En ce qui concerne la Chambre, le mandat des représentants ne dure que deux ans. Les 435 sièges sont donc en jeu. Les républicains détiennent actuellement la majorité avec 220 sièges, contre 212 pour les démocrates. Trois sièges sont vacants.
2024 pourrait donner lieu à un renversement inédit : la Chambre des représentants pourrait passer du contrôle des républicains à celui des démocrates, tandis que le Sénat pourrait passer du contrôle des démocrates à celui des républicains.
Quels sont les sièges à surveiller au Sénat?
Comme tous les deux ans, le tiers du Sénat est en processus de réélection.
Ce sont les démocrates qui ont le plus à perdre au cours de ce cycle électoral puisqu’ils contrôlent les deux tiers des 34 sièges en jeu.
Les républicains pourraient prendre le contrôle du Sénat s’ils réussissent à remporter deux sièges ou s’ils gagnent un siège en plus de la Maison-Blanche. Le vice-président préside le Sénat et son vote permet de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
Cette victoire républicaine est le scénario le plus probable, selon les observateurs.
Deux États actuellement démocrates, le Montana et la Virginie-Occidentale, devraient basculer du côté des républicains.
Au Montana, la course qui oppose le candidat républicain Tim Sheehy au démocrate Jon Tester, élu depuis 2007, est tellement serrée que ce dernier refuse d'annoncer publiquement son appui à Kamala Harris, candidate de son parti à la présidence.
Le centre de gravité idéologique de l'électorat du Montana finit par rattraper Jon Tester, qui n’est pas tellement à sa place dans cet État plutôt républicain, souligne Frédérick Gagnon, directeur de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM.
La situation est semblable en Virginie-Occidentale, où le siège du démocrate devenu indépendant Joe Manchin (qui ne se représente pas) est en jeu.
Dans les États de la Rust Belt – ou ceinture de rouille – actuellement contrôlés par des démocrates, les deux partis se livrent une chaude lutte. Le Michigan, la Pennsylvanie, l’Ohio et le Wisconsin seront vitaux non seulement pour le prochain locataire de la Maison-Blanche mais aussi pour le Sénat.
Le sénateur démocrate Sherrod Brown pourrait perdre son siège en Ohio, un État que Donald Trump a remporté en 2016 et en 2020.
Au Michigan, la démocrate sortante ne se représente pas, ce qui pourrait faciliter la tâche du candidat républicain. La Pennsylvanie et le Wisconsin pourraient eux aussi changer de mains. Ces trois États ont appuyé Donald Trump en 2016, mais pas en 2020.
Les démocrates devront éviter les défaites s’ils veulent conserver leur majorité, mais ils sont vulnérables dans sept ou huit États, alors que les républicains sont bien en selle pour garder tous les sièges qu'ils ont à défendre.
Une citation deFrédérick Gagnon, directeur de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand
Il faudra cependant garder un œil sur le Texas, où certains sondages montrent que le républicain Ted Cruz est en difficulté face au démocrate Colin Allred. Ne retenez toutefois pas votre souffle : en 2018, on avait donné M. Cruz perdant devant Beto O’Rourke, une défaite qui ne s’est toutefois pas concrétisée.
Un candidat indépendant, Dan Osborn, pourrait également causer la surprise au Nebraska. Si les républicains perdent ce siège, leur majorité s’en trouvera réduite.
L’argent dépensé donne une bonne idée de l’importance que les partis accordent à ces courses. Certains sénateurs démocrates ont investi des millions de dollars pour défendre leur siège.
Du côté de la Chambre des représentants
Il faut remporter 218 districts pour prendre le contrôle de la Chambre. Les luttes sont très serrées et imprévisibles pour une poignée de sièges détenus moitié-moitié par les deux partis.
La participation électorale pourrait avoir une influence sur le résultat des élections tant au Sénat qu’à la Chambre, fait observer Frédérick Gagnon.
Les électeurs qui se rendent aux urnes pour voter à la présidentielle tendent à appuyer les candidats du même parti aux autres postes électifs. Ces candidats sont en quelque sorte emmenés dans le sillage présidentiel. Cela pourrait entraîner des succès insoupçonnés, souligne M. Gagnon.
Ce vote de fidélité (straight-ticket voting) est de plus en plus courant. En 2020, un seul État (le Maine) a voté pour des partis différents au Sénat et à la présidence.
L’effet d’entraînement présidentiel fonctionne aussi pour la Chambre des représentants. En 2020, 95 % des districts ont élu un président et un représentant issus du même parti. Celui qui remportera la présidence devrait donc emporter également la Chambre.
Cela a été le cas pour les démocrates en 2020 et pour les républicains en 2016.
Par ailleurs, les changements d’allégeance sont peu courants.
À chaque scrutin, la grande majorité des sièges de la Chambre des représentants restent donc sous la mainmise du parti qui les détenait déjà. En 2020, par exemple, seulement 18 districts sur 435 sont passés des républicains aux démocrates ou vice-versa.
Au cours de ce cycle électoral, une quarantaine de districts sont à surveiller, estiment les observateurs. Des gains et des pertes sont possibles pour les deux partis. Ces sièges sont répartis un peu partout au pays, dont quatre dans des districts de New York actuellement détenus par des républicains.