Le Congrès américain a finalement adopté jeudi la “grande et belle loi” budgétaire voulue par Donald Trump, une “victoire majeure” pour le président. Mais les coupes claires dans la protection sociale et le creusement vertigineux de la dette publique pourraient se retourner contre les républicains, avertit la presse américaine.
Les républicains ont remporté jeudi “leur première victoire législative majeure du second mandat du président Donald Trump”, avec l’adoption d’un “gigantesque projet de loi sur la fiscalité et l’immigration qui, espèrent-ils, remodèlera l’économie américaine et annulera de nombreuses réalisations de l’administration Biden”, résume The Washington Post.
L’adoption définitive du texte par la Chambre des représentants était loin d’être acquise, mais son président, Mike Johnson – épaulé par M. Trump lui-même –, est parvenu, au prix de moult pressions et tractations, à “étouffer la résistance dans ses rangs qui menaçait jusqu’au bout de faire capoter le projet de loi phare du président”, note The New York Times.
Donald Trump, qui promulguera la loi vendredi, jour de la fête nationale américaine, a salué devant ses partisans réunis en meeting dans l’Iowa “une victoire phénoménale” pour l’Amérique, promesse d’un “nouvel âge d’or”.
“Incapacité à maîtriser les dépenses”
Le texte, âprement débattu ces derniers mois, prévoit notamment “des allègements fiscaux pour des millions de ménages et d’entreprises américains”,et des dizaines de milliards de dépenses supplémentaires pour la défense et la lutte contre l’immigration, précise le Los Angeles Times.
Des dépenses et des baisses de recettes compensées en partie par des coupes claires dans la protection sociale, qui “mettront en péril l’assurance santé de près de 12 millions de personnes au cours de la prochaine décennie”, note le quotidien californien.
Mais pour le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d’évaluer de manière non partisane les répercussions des projets de loi sur les finances publiques, le compte n’y est pas, et la nouvelle loi devrait alourdir la dette publique américaine de plus de 3 400 milliards de dollars d’ici à 2034.
Ce qui fait dire à la très conservatrice National Review que le texte adopté jeudi “revient, de la part des républicains, à reprendre la même politique budgétaire : une politique fiscale globalement correcte et des dépenses intérieures globalement irresponsables”.
Pour le magazine, cette “incapacité à maîtriser les dépenses reviendra hanter tout républicain qui souhaitait être reconnu pour avoir contribué à maîtriser notre dette”.
“Énorme pari politique”
De fait, le creusement de la dette était l’une des raisons de la fronde au sein du Parti républicain, tout comme la crainte des élus que les coupes dans la protection sociale “puissent toucher leurs électeurs et potentiellement se retourner contre eux lors des élections de mi-mandat de l’année prochaine”,relève The Wall Street Journal.
Mais finalement, seuls deux républicains ont fait défaut à l’heure du vote, “démonstration la plus significative à ce jour de l’étroite emprise de Trump sur son parti”, analyse The Atlantic.
Pour “satisfaire les souhaits du président”, certains élus “ont renié leur engagement à s’opposer à de profondes coupes dans les systèmes de protection sociale, tandis que d’autres ont abandonné leurs efforts pour préserver les crédits d’impôt dont bénéficiaient leurs États et districts”, poursuit le magazine.
Quant aux “faucons” qui avaient “juré de maintenir un semblant de responsabilité budgétaire”, ils ont “cédé plutôt que de s’engager fermement en faveur de coupes plus importantes”.
Pour le New York Times, derrière l’apparente victoire, l’adoption du texte constitue donc aussi “un énorme pari politique” pour le Parti républicain, dont les élus s’exposent “à de vives attaques avant les élections de mi-mandat de l’année prochaine”.
Articles plus récents
<p>Sur courant alternatif, Novak Djokovic a finalement dominé Alexandre Müller en quatre sets, sur le Centre Court, avant le couvre-feu de la nuit.</p>