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Élection à New York : qui sont les candidats pour diriger la première ville des États-Unis ?

Source: France 24::
Le candidat indépendant et ancien gouverneur de New York Andrew Cuomo, le candidat républicain Curtis Sliwa et le candidat démocrate Zohran Mamdani participent à un débat municipal à New York, aux États-Unis, le 16 octobre 2025. © Angelina Katsanis, Reute
Le candidat indépendant et ancien gouverneur de New York Andrew Cuomo, le candidat républicain Curtis Sliwa et le candidat démocrate Zohran Mamdani participent à un débat municipal à New York, aux États-Unis, le 16 octobre 2025. © Angelina Katsanis, Reute

Les New-Yorkais élisent, mardi, leur nouveau maire au terme d’une campagne dominée par Zohran Mamdani, jeune élu socialiste et favori des sondages. Face à lui, l’ex-gouverneur Andrew Cuomo, en quête de réhabilitation, et le républicain Curtis Sliwa, figure populiste. Trois parcours, trois visions radicalement opposées. 

Dernière ligne droite. La campagne pour la mairie de New York touche à sa fin, avant que les électeurs se rendent aux urnes mardi 4 novembre pour choisir le successeur du démocrate Eric Adams. L'édile a renoncé à briguer un second mandat fin septembre, plombé par des sondages désastreux qui le donnaient sous les 10 % et par des accusations de corruption et de pots-de-vin.

Après son retrait, le maire sortant a apporté son soutien à l'ancien gouverneur démocrate Andrew Cuomo, désormais candidat indépendant. Mais le favori est ailleurs : le socialiste Zohran Mamdani, député de l'État de New York de 34 ans, caracole en tête des intentions de vote. Le troisième homme de cette élection est le républicain Curtis Sliwa, figure emblématique de la politique new-yorkaise depuis la création des Guardian Angels. 

Signe d'un scrutin très mobilisateur, le vote anticipé, lancé le week-end dernier, a connu une participation record dans la ville la plus peuplée des États-Unis qui compte 8,5 millions d’habitants, dont 5 millions d’électeurs : près de 400 000 bulletins déposés en six jours, soit quatre fois plus qu'à la même période lors de la dernière élection municipale en 2021, selon la commission électorale. 

 

  • Zohran Mamdani, l'outsider socialiste devenu favori 

 

Le candidat à la mairie de New York, Zohran Mamdani, fait campagne dans les rues de New York, le 27 octobre 2025.
Le candidat à la mairie de New York, Zohran Mamdani, fait campagne dans les rues de New York, le 27 octobre 2025. © Seth Wenig, AP
 

 

À 34 ans, Zohran Mamdani incarne le renouveau progressiste. Cet élu local de l'aile gauche du Parti démocrate, quasi-inconnu il y a encore quelques mois, pourrait devenir l'un des plus jeunes maires de l'histoire de New York – et le premier de confession musulmane.  

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels de la diaspora indienne, Zohran Mamdani vit aux États-Unis depuis l'âge de 7 ans et a obtenu la nationalité américaine en 2018. Son programme tient en un mot : "affordability", soit rendre "abordable" l'une des villes les plus chères du monde pour les millions de New-Yorkais qui ne font pas partie de l'élite. 

Député à l'Assemblée législative de l'État depuis 2021, il promet un gel des loyers pour les locataires, la gratuité des transports en bus, des crèches municipales gratuites et des épiceries publiques de quartier. Il défend une augmentation du salaire minimum, qu'il veut porter à 30 dollars de l'heure d'ici 2030 – contre 15,5 à 16,5 dollars actuellement. Pour financer ces mesures sociales ambitieuses, il mise sur un taux d'imposition de 2 % pour les particuliers gagnant un million de dollars ou plus par an, ainsi qu'une augmentation de l'impôt sur les sociétés à 11,5 %, soit le même taux qu'au New Jersey.

Sa victoire surprise à la primaire démocrate de juin face à Andrew Cuomo l'a fait passer du statut d'outsider à celui de grand favori dans les sondages. Sa popularité a explosé auprès des jeunes électeurs, galvanisés par ses meetings aux côtés de figures de la gauche comme le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders et l'élue de New York Alexandria Ocasio-Cortez.  

 

 
Le candidat démocrate pour la mairie de New York Zohran Mamdani lors d'un tournoi de footbal à New York, le 19 octobre 2025. © ANGELA WEISS / AFP

Militant propalestinien depuis ses années étudiantes, il qualifie Israël de "régime d'apartheid" et décrit la guerre à Gaza comme un "génocide" – des positions qui lui valent l'hostilité d'une partie de la communauté juive. Soucieux d'apaiser les tensions, il martèle depuis plusieurs mois sa fermeté face à toute forme d'antisémitisme. 

 

  • Andrew Cuomo, le retour du vétéran démocrate 

 

L'ancien gouverneur de New York et candidat indépendant à la mairie, Andrew Cuomo, quitte une conférence de presse à New York, aux États-Unis, le 30 octobre 2025.
L'ancien gouverneur de New York et candidat indépendant à la mairie, Andrew Cuomo, quitte une conférence de presse à New York, aux États-Unis, le 30 octobre 2025. © Jeenah Moon, Reuters
 

 

À 67 ans, Andrew Cuomo joue sa survie politique. Figure de l'establishment démocrate et membre du cabinet présidentiel sous Bill Clinton, il se présente comme candidat indépendant sous l'étiquette de son parti Fight and Deliver, après sa défaite à la primaire démocrate face à Zohran Mamdani. 

Ce retour intervient trois ans après une chute vertigineuse : en 2021, au moins onze femmes l'accusent de harcèlement sexuel, le poussant à démissionner de son poste de gouverneur de l'État de New York qu'il occupe depuis 2011. Ce vétéran centriste reste également visé par une enquête du ministère de la Justice sur la gestion des décès en maisons de retraite pendant la pandémie de Covid-19

Pour redorer son image, Andrew Cuomo mise sur un thème classique : la "sécurité publique". Il promet d'embaucher 5 000 agents supplémentaires du NYPD et de sévir contre les infractions liées aux vélos électriques. Sur le plan social, il propose d'élargir l'accès au logement, à la garde d'enfants, aux soins de santé et aux transports, tout en plaidant pour que les sans-abri soient retirés de la rue. 

Le candidat indépendant a multiplié les apparitions dans les médias de droite et sillonné les bastions républicains de la ville. Il bénéficie du soutien du maire sortant Eric Adams et de plusieurs milliardaires, dont William P. Lauder, Barry Diller, Michael Kors et Michael Bloomberg

Fin octobre, sa campagne bascule dans la polémique, lorsqu'il qualifie son rival Zohran Mamdani de "sympathisant terroriste" à la radio, en raison de ses positions propalestiniennes. "Chaque matin, une crise peut survenir et des vies sont en jeu. Dieu nous préserve d'un autre 11-Septembre. Pouvez-vous imaginer Mamdani à ce poste ?", lance-t-il dans l'émission Sid & Friends, en référence aux attentats de 2001. Le principal intéressé a dénoncé des propos "dégoûtants et racistes".  

 

  • Curtis Sliwa, le "béret rouge" qui refuse de céder 

 

Le candidat à la mairie de New York, Curtis Sliwa, salue ses partisans lors d'un meeting près de l'église Trinity Lutheran, le 28 octobre 2025, dans le Queens.
Le candidat à la mairie de New York, Curtis Sliwa, salue ses partisans lors d'un meeting près de l'église Trinity Lutheran, le 28 octobre 2025, dans le Queens. © Frank Franklin II, AP
 

 

Le troisième homme est Curtis Sliwa, républicain de 71 ans, dont les chances de l'emporter sont plus que maigres dans ce bastion démocrate qu'est New York. Fondateur des Guardian Angels, groupe de patrouilles citoyennes né dans le métro new-yorkais à la fin des années 1970, ce populiste ignore les appels de certains hauts responsables conservateurs à se retirer pour laisser le champ libre à Andrew Cuomo. "Je suis le seul à m'opposer à Zohran Mamdani et Andrew Cuomo, que j'appelle ‘Zohran au rabais'", a déclaré Curtis Sliwa à CBS News début octobre

Ancien animateur de radio sur WABC-AM, fidèle à son béret rouge qu'il dit porter même pour dormir, Curtis Sliwa revendique un programme du "respect de la loi et de l'ordre" : 7 000 policiers supplémentaires, retour des unités controversées de lutte contre la criminalité, et "surveillance proactive des porteurs d'armes illégales". Il se présente aussi sous l'étiquette de son Parti pour la protection des animaux, promettant d'interdire les calèches tirées par des chevaux et les euthanasies dans les refuges de la ville. 

Il a grandi à Brooklyn dans une famille catholique d'origine polonaise et italienne. Nombreux sont ceux qui le considèrent encore comme un symbole de la solidarité new-yorkaise face aux défaillances de l'administration municipale. Mais son passé de justicier urbain a aussi été marqué par des accusations de profilage racial et des mises en scène de fausses agressions dans les années 1990. Déjà candidat malheureux face à Eric Adams en 2021, Curtis Sliwa peine à élargir son électorat au-delà d'un noyau dur de partisans conservateurs. Il revendique une certaine indépendance vis-à-vis des grands donateurs et de Donald Trump, un positionnement rare dans les rangs républicains. Lors d'une interview pour Good Day, il a précisé qu’il n’était pas "le candidat de Trump".

 

  • Les candidatures marginales

Sur les bulletins de vote, les New-Yorkais verront aussi deux noms largement inconnus du grand public, relève le New York Times : Irene Estrada, pasteure chrétienne du Bronx investie par le Parti conservateur, et Joseph Hernandez, homme d'affaires d'origine cubaine à la tête du micro-parti Qualité de vie. 

Âgée de 66 ans, Irene Estrada se présente comme l'alternative conservatrice à Zohran Mamdani. Ancienne démocrate, elle prône la fin du statut de "ville sanctuaire" et l'abrogation de la réforme de la caution de 2019, qui a été supprimée pour la majorité des délits et crimes non violents. Sa campagne, qui a levé seulement 810 dollars au 31 octobre - un chiffre dérisoire comparé aux 40 millions de dollars levés par les Supers Pacs qui soutiennent la campagne d'Andrew Cuomo -, a été principalement investie dans des affiches et des cartes de visite. 

De son côté, Joseph Hernandez, 53 ans, est entrepreneur installé dans le Lower East Side de Manhattan. Il dit avoir lancé sa candidature en réaction à l'élan de Zohran Mamdani, affirmant que son histoire personnelle - sa famille ayant fui le communisme cubain après l'emprisonnement de son père - le motivait à être un "excellent contrepoint" à cette "idéologie" qu'il associe à la campagne de Zohran Mamdani. Son programme mêle promesses technologiques et sécuritaires : recours accru à l'intelligence artificielle pour "réparer la ville" et recrutement de 10 000 policiers supplémentaires. 

Leur influence sur le scrutin reste largement marginale. Enfin, deux noms figureront sur les bulletins sans être réellement en lice : le maire sortant Eric Adams et l'indépendant Jim Walden, tous deux retirés trop tard pour être supprimés des bulletins de vote. 

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