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En visite à Jérusalem, le chancelier allemand tente de rétablir la confiance avec Israël

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Friedrich Merz et Benyamin Netanyahou à Jérusalem ce dimanche. Les deux dirigeants ont fait part de divergences, notamment sur la création d'un Etat palestinien. (Ariel Schalit/Pool via REUTERS)
Friedrich Merz et Benyamin Netanyahou à Jérusalem ce dimanche. Les deux dirigeants ont fait part de divergences, notamment sur la création d'un Etat palestinien. (Ariel Schalit/Pool via REUTERS)

Par Pascal Brunel

« L'Allemagne doit défendre l'existence et la sécurité d'Israël. » Friedrich Merz a pris dimanche cet engagement lors d'une visite à Yad Vashem, le mémorial des victimes de la Shoah, à Jérusalem. Le chancelier a ainsi voulu calmer les tensions apparues avec les dirigeants israéliens, qui avaient vertement dénoncé l'embargo sur les ventes d'armes allemandes « offensives » décrété par Berlin en août, à la suite de l'occupation par l'armée israélienne de la ville de Gaza.

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou avait alors critiqué la décision allemande en l'assimilant à une « récompense offerte aux terroristes du Hamas », tout en suggérant que les dirigeants européens, y compris le chancelier, étaient soumis à des pressions de « minorités islamiques ». Finalement, cette sanction sans précédent d'un pays considéré comme le plus « fidèle allié européen » de l'Etat hébreu, selon l'expression de Ron Prosor, ambassadeur israélien à Berlin, a été levée fin novembre à la suite du cessez-le-feu intervenu dans la bande de Gaza.

Le chancelier a souligné que le gel partiel du transfert d'armes avait été motivé par « des circonstances exceptionnelles qui ne sont plus d'actualité ». Il a toutefois estimé qu'Israël « aurait pu mener la guerre différemment sur certains aspects, notamment concernant le respect du droit international humanitaire ».

Divergences sur un Etat palestinien

A l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre, d'autres divergences ont fait surface à propos « de la nécessaire émergence d'un Etat palestinien » par la négociation, « sans qu'il soit reconnu prématurément », selon l'expression du chancelier. La réplique a été sans appel.

« Le but d'un Etat palestinien serait de détruire le seul Etat juif », a affirmé Benyamin Netanyahou en indiquant que l'annexion de la Cisjordanie, prônée par une grande partie de sa majorité, « restera un sujet de discussion » et en soulignant que « le statu quo actuel en matière de sécurité demeurera en place ». Autrement dit, l'occupation militaire et la colonisation israélienne dans cette région vont continuer, ce qui ne peut que fragiliser tout espoir de création d'un Etat palestinien au côté d'Israël.

Friedrich Merz a également dénoncé les violences anti-palestiniennes auxquelles se livrent des petits groupes de colons extrémistes, qui bénéficient, jusqu'à présent, d'une quasi-impunité de la part des autorités israéliennes.

Des missiles antimissiles israéliens en Allemagne

Un événement inédit a, en revanche, facilité l'atmosphère de réconciliation. L'armée allemande a déployé la semaine dernière des batteries de missiles antimissiles balistiques israéliens de type « Arrow 3 », qui ont fait leurs preuves durant la guerre avec l'Iran, en juin, en interceptant pas moins de 86 % des missiles tirés par la République islamique vers le territoire israélien.

Le montant du marché a atteint un niveau record pour un contrat d'armement israélien, à 3,6 milliards d'euros. Les responsables israéliens n'ont pas manqué à cette occasion de souligner que leur pays fondé après l'Holocauste prend ainsi une part active à la défense d'une Allemagne qui s'estime menacée par la Russie de Vladimir Poutine. L'Allemagne fournit, de son côté, près d'un tiers des armements importés par Israël, derrière les Etats-Unis, qui assurent 66 % des besoins israéliens.

Plus anecdotique, mais important pour l'opinion publique israélienne, l'Allemagne a menacé la semaine dernière de ne plus participer à l'Eurovision si Israël en était exclu, comme l'exigeaient l'Espagne, les Pays-Bas, l'Irlande et la Slovénie. Berlin a eu gain de cause : Israël participera à la prochaine édition de l'événement.

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