Agence France-Presse
Donald Trump devait réunir lundi son Conseil de sécurité nationale pour évoquer le Venezuela, en pleine montée des tensions entre Washington et Caracas.
Lors d'un point de presse à la Maison-Blanche, sa porte-parole Karoline Leavitt n'a pas répondu directement lorsqu'on lui a demandé si le président américain avait pris une décision sur une potentielle intervention américaine, déclarant qu'elle ne rentrerait assurément pas dans les détails de la réunion.
Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a, quant à lui, assuré qu'il ne se laisserait pas intimider. Il a affirmé lundi, lors d'une manifestation réunissant des milliers de ses partisans à Caracas, qu'il refusait la paix des esclaves.
Terrorisme psychologique
Le Conseil de sécurité nationale se réunit deux jours après que Donald Trump a décrété que l'espace aérien du Venezuela devait être considéré comme totalement fermé. Avant cela, le président américain avait déclaré jeudi que les États-Unis allaient très bientôt commencer à cibler des trafiquants de drogue vénézuéliens lors d'opérations sur terre, et pas seulement en mer.
Une activité constante d'avions de combat américains a été enregistrée ces derniers jours à quelques dizaines de kilomètres des côtes vénézuéliennes, selon des sites de suivi du trafic aérien.
Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a menacé qu'en cas de frappes contre le Venezuela, il soumettrait à nouveau au vote une résolution visant à interdire à la Maison-Blanche toute utilisation des forces armées dans la région sans approbation au préalable du Congrès.
Nous voulons la paix, mais une paix avec souveraineté, égalité, liberté! Nous ne voulons pas la paix des esclaves ni la paix des colonies!, a lancé Nicolas Maduro lundi, évoquant 22 semaines d'une agression que l'on peut qualifier de terrorisme psychologique, 22 semaines qu'ils nous mettent à l'épreuve.
Maduro, ami, le peuple est avec toi!, Non, non, non, je n'ai pas envie d'être une colonie nord-américaine. Oui, oui, oui, j'ai envie d'être une puissance latino-américaine, ont notamment scandé les militants.
Polémique autour d'une frappe sanglante
La réunion à la Maison-Blanche survient sur fond de polémique croissante aux États-Unis concernant une frappe en septembre sur une embarcation suspectée de narcotrafic.
L'amiral Frank Bradley, à la tête du commandement des opérations spéciales des forces armées américaines, a ordonné cette frappe, qui, selon des informations du Washington Post, avait pour but de tuer deux survivants d'une frappe initiale, a confirmé la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt.
L'amiral était pleinement dans son bon droit pour prendre cette décision, a-t-elle ajouté.
Le Washington Post avait rapporté vendredi que le secrétaire à la Défense (que l'administration Trump appelle le secrétaire à la Guerre), Pete Hegseth, aurait ordonné, avant cette frappe en septembre, que tous les passagers du bateau soient tués, ce qui a conduit les militaires à viser une deuxième fois deux survivants qui s'accrochaient au bateau en flammes.
L'ordre était de tuer tout le monde.
Une citation deUne des sources du Washington Post
Dimanche, Donald Trump a déclaré vouloir vérifier ces informations, disant qu'il n'aurait pas voulu ça. À bord d'Air Force One, le président américain a cependant défendu son secrétaire : Il dit qu'il n'a pas dit ça et je le crois.
Pete Hegseth avait réagi en dénonçant de fausses informations (fake news).
L'armée américaine a effectué depuis septembre une série de frappes contre des embarcations en mer des Caraïbes en particulier, au nom de la lutte contre le trafic des stupéfiants.
Le département américain de la Justice affirme que ces opérations sont légales, mais le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a dit relever de solides indices d'exécutions extrajudiciaires.
Washington a déployé des forces armées depuis septembre en mer des Caraïbes, notamment le plus grand porte-avions du monde. Une décision qui a enflammé les relations bilatérales.
Le président américain a confirmé dimanche s'être entretenu il y a plusieurs jours avec son homologue vénézuélien, Nicolas Maduro. La veille, il avait décrété que l'espace aérien du Venezuela devait être considéré comme « totalement fermé ».
Caracas a dénoncé une agression en préparation des États-Unis, dans une lettre à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Bête noire des États-Unis depuis un quart de siècle, le Venezuela est accusé par Donald Trump d'être responsable d'un trafic de stupéfiants qui inondent les États-Unis. Caracas dément et rétorque que l'objectif de Washington est de le renverser et de mettre la main sur le pétrole du pays.
Rien de concret n'a filtré sur la conversation entre les deux chefs d'État. Je ne dirais pas que cela s'est bien ou mal passé. C'était un appel téléphonique, a dit le président américain en éludant la question.
Le sénateur républicain américain Markwayne Mullin a affirmé dimanche que Washington avait proposé à Maduro de quitter le pays. Nous lui avons dit qu'il pouvait partir pour la Russie ou [...] dans un autre pays.
Demande d'aide à l'OPEP
Le Venezuela a annoncé de son côté avoir demandé à l'OPEP de l'aider à stopper cette agression [américaine] qui se prépare avec de plus en plus de force. Des propos tenus dans une lettre de M. Maduro lue par la vice-présidente et ministre du Pétrole, Delcy Rodriguez, lors d'une visioconférence des ministres de l'OPEP.
Washington cherche à s'emparer des vastes réserves de pétrole du Venezuela, les plus grandes du monde, par l'utilisation de la force militaire, y écrit M. Maduro, répétant des accusations proférées à de multiples reprises.
Au total, les États-Unis ont mené des frappes contre plus de 20 navires dans les Caraïbes et le Pacifique, tuant au moins 83 personnes, sans fournir de preuves que ces navires sont impliqués dans le trafic de drogue.
Des experts et l'ONU remettent en question la légalité des opérations. Aucun suspect n'a été interpellé ni interrogé.
Le président de l'Assemblée nationale du Venezuela a annoncé dimanche avoir reçu des familles de Vénézuéliens assassinés, exécutés extrajudiciairement lors des actions, clairement illégitimes et illégales de l'armée américaine.
Jorge Rodriguez, un des hommes forts du pays, a aussi rebondi sur les accusations du Washington Post. Si une guerre avait été déclarée et avait conduit à de tels assassinats, nous parlerions de crimes de guerre. Étant donné qu'il n'y a aucune guerre déclarée entre pays, ce qui s'est produit [...] ne peut être qualifié autrement que d'assassinats ou d'exécutions extrajudiciaires, a-t-il estimé.
Ces derniers jours, une activité constante d'avions de combat américains a été enregistrée à quelques dizaines de kilomètres des côtes vénézuéliennes, selon des sites de suivi des aéronefs.
Six compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec le Venezuela. Mais l'aéroport de Caracas fonctionnait normalement dimanche.
Jeudi, Donald Trump avait déclaré que l'armée américaine allait très bientôt commencer à cibler des trafiquants dans des opérations terrestres, suscitant l'opposition de parlementaires américains de tous bords.
Au pouvoir depuis 2013, le président socialiste Nicolas Maduro, héritier politique d'Hugo Chavez, figure de la gauche radicale, a été réélu en 2024 après un scrutin marqué par des troubles et des arrestations.
La cheffe de l'opposition, Maria Corina Machado, Prix Nobel de la paix 2025, assure que le pouvoir a usé de fraude.