Royaume-Uni

"Un très grand jour" : Donald Trump, admirateur de la monarchie britannique

Auteur: Stéphanie TROUILLARD - Vidéo par : Hervé AMORIC Source: France 24::
Septembre 17, 2025 at 10:10

Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit : le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'État de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations. Le président américain ne cache pas son admiration pour la famille royale britannique. 


Le prince Charles, la reine Elizabeth II et le président Donald Trump assistent à un défilé aérien à la fin d'un événement marquant le 75e anniversaire du débarquement à Portsmouth, en Angleterre, le mercredi 5 juin 2019. © Matt Dunham, AP


"Cela va être un très grand jour". À sa descente d'avion, mardi 16 septembre, Donald Trump a exprimé sa joie à l'idée de voir le roi Charles III, son "ami de longue date".

Encadré par un dispositif de sécurité exceptionnel, le président américain a entamé une visite d'État de deux jours. Ce déplacement va être marqué par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1 300 membres des forces armées britanniques.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée au domaine royal de Windsor, à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'État du président français Emmanuel Macron en juillet. 

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château. Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Un honneur unique

Comme le souligne le Wall Street Journal, "le déploiement de ce tapis rouge royal produit déjà l'effet escompté". Selon le journal américain, Donald Trump, qui est le premier président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'État au Royaume-Uni - la première avait eu lieu en 2019 -, s'est extasié devant les journalistes dimanche soir au sujet de son prochain voyage, soulignant qu'il marquait l'histoire royale. "Ils ne l'ont jamais fait auparavant, deux fois honorés", a-t-il dit. "Ce sera très excitant".

Comme le note le Time, "un tel spectacle est considéré comme la plus haute forme d'hospitalité diplomatique du Royaume-Uni, et les présidents américains n'en ont généralement pas l'occasion deux fois". "Les visites ultérieures au Royaume-Uni sont généralement célébrées par un thé ou un déjeuner avec la monarque au château de Windsor, comme ce fut le cas pour George W. Bush en 2008 et Barack Obama en 2016", note le magazine américain. "La décision de rendre à nouveau hommage à Trump, admirateur de longue date de la famille royale britannique, souligne le calcul britannique selon lequel cet honneur unique pourrait contribuer à apaiser les relations dans un moment diplomatique délicat". 

Pour le Wall Street Journal, le gouvernement britannique a ainsi réussi "à exploiter la faiblesse de Trump" pour le pays afin de "tenter de gérer sa guerre commerciale mondiale". Le quotidien économique notre que Londres a ainsi obtenu "un accord préliminaire sur les droits de douane bien inférieur aux taxes prévues pour la plupart des autres pays". "Le Premier ministre Keir Starmer espère qu'un regain de faste et de cérémonies incitera Trump à poursuivre les discussions sérieuses sur les droits de douane sur l'acier et à renforcer le soutien américain à la sécurité européenne lors de leur rencontre bilatérale jeudi", analyse le WSJ.

Une mère fan de la reine

Cette profusion d'honneurs ne manquera pas de flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est lui-même comparé à un monarque. La fascination de longue date de Trump pour la famille royale lui aurait été transmise par sa mère Mary Anne MacLeod Trump. 

"Elle était une grande fan de la reine, je dois vous le dire", avait expliqué le locataire de la Maison Blanche à la podcasteuse Miranda Devine en juillet. "Et chaque fois que la reine passait à la télévision, ma mère aimait la regarder. Elle disait : 'Oh, la reine est à la télévision'".

 

205 / 5 000Sur cette photo d'archive du 3 juin 2019, la reine Elizabeth II de Grande-Bretagne, au centre à gauche, le président américain Donald Trump et ses invités arrivent par la galerie Est avant le banquet d'État au palais de Buckingham à Londres.
205 / 5 000 Sur cette photo d'archive du 3 juin 2019, la reine Elizabeth II de Grande-Bretagne, au centre à gauche, le président américain Donald Trump et ses invités arrivent par la galerie Est avant le banquet d'État au palais de Buckingham à Londres. AP - Victoria Jones

 

Selon le média américain NPR, le président a déclaré avoir ressenti un profond émerveillement en rencontrant la reine Elizabeth II lors de son premier mandat. "Je m'approchais et je me suis dit : 'Imaginez ma mère voir la scène ?'", avait-il ainsi expliqué lors d'une interview avec le journaliste Piers Morgan en 2018. 

Plus étonnant, CNN rapporte également que Donald Trump avait confié en 1993 à l'animateur Howard Stern qu'il avait envisagé d'infiltrer la royauté en séduisant la "sexy" princesse Diana qui venait tout juste de se séparer (et était toujours légalement mariée) de Charles. "Il pourrait y avoir une histoire d'amour", avait-il dit à l'époque. "Je deviendrais roi d'Angleterre. Roi d'Angleterre. Il faudrait que je parte ; il faudrait que je perde rapidement mon accent new-yorkais. Voyez, ils n'apprécieraient pas mon accent là-bas".

Même si le président américain semble avoir eu des vues sur son ancienne épouse, lui et le roi Charles se fréquentent depuis longtemps. "Ce sont des hommes de la même génération d'après-guerre – Trump a 79 ans et le roi a 76 ans – qui se côtoient depuis des décennies. Dès la fin des années 1980, Charles se rendait dans la propriété de Trump à Mar-a-Lago", souligne la BBC. "Après que Trump a survécu à une tentative d'assassinat en juillet dernier, le roi lui a adressé un message personnel. Ils ont passé du temps ensemble lors de la précédente visite d'État de Trump en 2019", ajoute le média britannique.

 

Le président américain Donald Trump et le prince Charles de Grande-Bretagne portent un toast lors du dîner de retour à Winfield House, la résidence de l'ambassadeur des États-Unis d'Amérique au Royaume-Uni, à Regent's Park, dans le cadre de la visite d'État du président au Royaume-Uni, à Londres, le mardi 4 juin 2019.
Le président américain Donald Trump et le prince Charles de Grande-Bretagne portent un toast lors du dîner de retour à Winfield House, la résidence de l'ambassadeur des États-Unis d'Amérique au Royaume-Uni, à Regent's Park, dans le cadre de la visite d'État du président au Royaume-Uni, à Londres, le mardi 4 juin 2019. AP - Chris Jackson

 

L'affaire Epstein

Le prince Andrew, sera en revanche totalement absent de la visite de cette semaine contrairement à la première venue du président américain en 2019. La BBC rappelle que le frère du roi s'était rendu dans la résidence de Donald Trump en Floride Mar-a-Lago en 2000 : "Jeffrey Epstein, condamné plus tard pour agression sexuelle, et Ghislaine Maxwell avaient été photographiés à la même fête". Visé lui même pour une plainte pour agression sexuelle aux États-Unis, le fils de la reine Elizabeth II a depuis été déchu de ses titres militaires et parrainages d'associations.

Dans la soirée de mardi, des militants du groupe britannique Led by Donkeys ("Dirigés par des ânes"), qui demande des comptes aux responsables politiques, ont d'ailleurs projeté sur une tour du château de Windsor, des photos de Donald Trump et du financier américain, mort en prison en 2019, avant son procès pour crimes sexuels.

 

 

L'affaire Epstein ne cesse d'empoisonner l'administration Trump depuis des semaines en raison des liens entre les deux hommes. Elle a aussi rattrapé le Premier ministre britannique Keir Starmer. L'ambassadeur britannique aux États-Unis, Peter Mandelson, a été limogé le 11 septembre en raison de ses liens avec Jeffrey Epstein.

Keir Starmer avait nommé il y a moins d'un an cet architecte du "New Labour" de Tony Blair dans les années 1990, pour tenter de consolider les liens entre son gouvernement et la nouvelle administration Trump. Mais des mails entre le vétéran du parti travailliste de 71 ans et le financier américain ont montré qu'ils avaient une relation amicale et que Peter Mandelson avait envoyé des mails de soutien à Jeffrey Epstein alors que ce dernier était poursuivi en Floride pour trafic de mineures. 

La conférence de presse prévue entre le Premier ministre britannique et le président américain pourrait donc donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants.

Avec AFP

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