Hollywood

Emmy Awards : razzia d’«Adolescence», suivie de «The Pitt» et «The Studio», le triomphe de la réalité

Auteur: Déborah Laurent, à Los Angeles Source: Liberation.fr
Septembre 15, 2025 at 10:07
Owen Cooper, 15 ans, sacré meilleur second rôle pour «Adolescence», lors de la 77e édition des Emmy Awards, dimanche 14 septembre 2025, à Los Angeles. (Chris Pizzello/Invision/AP)
Owen Cooper, 15 ans, sacré meilleur second rôle pour «Adolescence», lors de la 77e édition des Emmy Awards, dimanche 14 septembre 2025, à Los Angeles. (Chris Pizzello/Invision/AP)

Les séries récompensées lors de la 77e édition de l’événement, dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 septembre à Los Angeles, étaient, cette année plus encore que les autres, un miroir du monde actuel.


The Pitt, Emmy de la série dramatique, raconte la vie quotidienne d’un service d’urgence d’un grand hôpital de Pittsburgh. Les soignants sont débordés, sous pression, manquent de temps et d’argent et par conséquent, les patients sont mal traités, leurs maux sous-estimés. The Pitt raconte le système de santé américain catastrophique, la fracture d’une société à l’agonie, les responsabilités politiques. Elle aborde de multiples sujets d’actualité : des tueries de masse au droit à l’avortement en recul aux USA. Elle dit aussi comment la race et la situation économique des patients influencent la façon dont ils sont pris en charge.

Noah Wyle, révélé avec Urgences, il y a trente ans, a dédié son prix du meilleur acteur à «tous ceux qui prennent leur service ce soir ou qui en sortent, merci d’être là». Dans une longue tribune publiée dans USA Today en juin, l’acteur, fils d’une infirmière à la retraite, appelait le Congrès à rendre la vie des travailleurs de santé plus supportable en allégeant leur fardeau administratif et leur apportant l’aide financière et psychologique dont ils ont besoin.

«Severance», d’authentiques témoignages d’employés de bureau

The Pitt a dominé Severance, pourtant grande favorite avec ses 27 nominations. Trammel Tillman et Britt Lower ont malgré tout été récompensés pour leur jeu d’acteur dans cette série entre rêve et cauchemar. Dans Severance, les employés de bureau sont dotés d’une puce dans le cerveau qui leur permet de séparer leur vie professionnelle de leur vie privée. Lorsqu’ils passent les portes de Lumon Industries, l’entreprise qui les engage, ils oublient tout du monde extérieur : leurs proches, leurs rêves, leurs projets, leurs peines. Lorsqu’ils rentrent chez eux, ils n’ont aucun souvenir des heures passées devant leur ordinateur.

Severance est basée sur d’authentiques témoignages d’employés de bureau et traite de la déshumanisation des travailleurs : moins ils s’en savent, plus il est facile de les contrôler. Elle reflète aussi la nouvelle réalité des employés depuis la pandémie : le télétravail a rendu la frontière entre la vie pro et la vie perso poreuse, voire inexistante. Severance s’interroge : pour le meilleur ou pour le pire ?

«The Studio», la réalité du cinéma hollywoodien

The Studio aussi a fait un carton. La série de et avec Seth Rogen est la nouvelle série la plus récompensée de l’histoire des Emmys dans la catégorie comédie avec 13 trophées. Seth Rogen raconte avec un humour mordant, les coulisses du cinéma hollywoodien, à l’heure du streaming et des algorithmes des réseaux sociaux. Cette satire hilarante, qui voit défiler de nombreuses stars dans leur propre rôle, met le doigt sur un modèle en crise et rappelle à quel point l’avenir du cinéma tel qu’on le connaît aujourd’hui est incertain. Seth Rogen, en patron de studio, est tiraillé entre ses envies artistiques et le besoin de rentrer de l’argent. C’est la réalité d’Hollywood aujourd’hui.

«Adolescence», harcèlement et discours masculinistes

Du côté de la catégorie mini-série, Adolescence a fait un triomphe. Là encore, les sujets abordés font écho à la réalité. Cette série britannique phénoménale, qui a offert à Owen Cooper, 15 ans, le prix du meilleur acteur dans un second rôle, parle de la vulnérabilité des adolescents, du harcèlement sur Internet, des discours masculinistes et de leurs répercussions sur les jeunes garçons. Elle questionne également la responsabilité des adultes, qui ne voient pas ou ne veulent pas voir les dangers des activités adolescentes en ligne. Stephen Graham, meilleur acteur dans une mini-série, confiait en coulisses, qu’Adolescence lui avait permis d’avoir des conversations importantes avec son fils.\

L'équipe de la série «Adolescence» lors de la 77e cérémonie des Emmy Awards, à Los Angeles dimanche 14 septembre 2025.
L'équipe de la série «Adolescence» lors de la 77e cérémonie des Emmy Awards, à Los Angeles dimanche 14 septembre 2025. (Frederic J. Brown/AFP)

 

Discours pro-Palestine

La réalité, toujours, avec le conflit à Gaza qui s’est invité sur le tapis rouge. Javier Bardem, nominé pour sa performance dans Monstres, portait un keffieh et appelait à «libérer la Palestine». L’acteur, qui fait partie des milliers d’artistes à avoir signé la tribune de Film Workers for Palestine, a annoncé qu’il ne travaillerait plus jamais avec des entreprises ou des gens qui justifient ou qui refusent de condamner le génocide en cours à Gaza : «Si je ne trouve pas d’emploi, ça n’a aucune importance par rapport à ce qui se passe là-bas

Hannah Einbinder, Emmy de la meilleure actrice dans un second rôle pour sa prestation dans Hacks, a profité de son discours de remerciements pour critiquer les agents de l’immigration à l’œuvre à Los Angeles depuis des mois et elle a conclu son discours par un tonitruant appel à libérer la Palestine. En coulisses, elle confiait qu’ayant des amis médecins travaillant en première ligne à Gaza, le sujet lui tenait particulièrement à cœur : «En tant que Juive, j’estime qu’il est de mon devoir de distinguer les Juifs de l’Etat d’Israël

Enfin, Stephen Colbert a, sans surprise, remporté le prix du talk-show de l’année. Critique virulent de Donald Trump, son Late Show a été annulé pour des raisons politiques. Sur scène et en coulisses, il a fait preuve d’optimisme et d’espoir. «Je n’ai jamais autant aimé mon pays qu’aujourd’hui», a-t-il déclaré sous les applaudissements du parterre de célébrités. Aux Emmys, la réalité a tout raflé. L’unité et la solidarité aussi.

La liste des principaux prix :

Meilleure série dramatique

The Pitt

Meilleure comédie -

The Studio

Meilleure mini-série ou anthologie

Adolescence

Meilleur acteur dans une série dramatique

Noah Wyle, The Pitt

Meilleure actrice dans une série dramatique

Britt Lower, Severance

Meilleur acteur dans une comédie

Seth Rogen, The Studio

Meilleure actrice dans une comédie

Jean Smart, Hacks

Meilleur acteur dans une mini-série

Stephen Graham, Adolescence

Meilleure actrice dans une mini-série

Cristin Milioti, The Penguin

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