Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, destitué après avoir tenté d'imposer la loi martiale, a assisté, jeudi, à la première audience au tribunal central de Séoul de son procès au pénal pour insurrection. Alors qu'il est resté silencieux, son avocat a défendu qu'il avait agi pour empêcher une "dictature législative".
Pour la première fois en Corée du Sud, un président en exercice est jugé au pénal. Le procès pour "insurrection" de Yoon Suk-yeol pour sa tentative ratée d'imposer la loi martiale s'est ouvert, jeudi 20 février, devant le tribunal central de Séoul. L'avocat du dirigeant suspendu a soutenu que son client avait agi pour empêcher une "dictature législative".
Le procès s'est ouvert à 10 heures (1 heure GMT) dans une salle bondée et sous d'importantes mesures de sécurité. La première audience, consacrée à des questions de procédure, s'est achevée environ 90 minutes plus tard.
Yoon Suk-yeol, 64 ans, est accusé d'"insurrection", un crime passible de la peine de mort ou de la prison à vie et qui n'est pas couvert par son immunité présidentielle. Ce procès pénal sous haute sécurité est distinct d'une autre procédure en cours devant la Cour constitutionnelle, appelée à confirmer ou infirmer sa destitution votée le 14 décembre par l'Assemblée nationale.
Arrêté le 15 janvier après s'être retranché pendant des semaines, protégé par sa garde rapprochée, dans sa résidence de Séoul, Yoon Suk-yeol a été inculpé le 26 janvier et placé en détention provisoire pour six mois, passé lesquels il devra être libéré s'il n'a pas été condamné d'ici-là.
Le parquet a requis jeudi son maintien en détention, invoquant "la possibilité que l'accusé influence ou persuade les personnes impliquées dans l'affaire".
"La dictature législative du parti dominant de l'opposition"
Yoon Suk-yeol, présent à l'audience, n'a pas pris la parole. Son avocat, Kim Hong-il, a pour sa part demandé au tribunal d'annuler l'acte d'inculpation, fruit selon lui d'une "enquête illégale".
Le président conservateur avait plongé la Corée du Sud dans le chaos politique le 3 décembre en décrétant la loi martiale et en envoyant l'armée au Parlement pour tenter de le museler. Il avait dû faire marche arrière six heures plus tard, les députés étant parvenus à se réunir en urgence et à voter une motion exigeant le retour au régime civil.
"La déclaration de la loi martiale n'avait pas pour but de paralyser l'État, mais plutôt d'alerter l'opinion publique sur la crise nationale provoquée par la dictature législative du parti dominant de l'opposition, qui avait paralysé l'administration", a plaidé jeudi son avocat.
"Symboliquement, pour souligner le problème de la dictature parlementaire, seule une petite force de 280 soldats a été déployée, strictement pour maintenir l'ordre, avec des instructions claires selon lesquelles ils ne devaient pas être équipés de balles réelles. En outre, le déploiement effectif des forces n'a eu lieu qu'après la déclaration, et aucune personne n'a été blessée", a-t-il ajouté.
Ce procès pénal est distinct d'une autre procédure en cours devant la Cour constitutionnelle, appelée à confirmer ou infirmer la destitution de Yoon Suk-yeol votée le 14 décembre par l'Assemblée nationale.
Yoon Suk-yeol reste officiellement le président en attendant le verdict de la Cour constitutionnelle.
Cette dernière doit tenir jeudi à 15 heures locales (6 heures GMT), quelques heures à peine après le début du procès criminel, sa dixième audience, probablement l'une des dernières avant que les huit juges ne se retirent pour délibérer. Ils ont jusqu'au 10 juin pour rendre leur verdict.
Si la Cour confirme la destitution, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les 60 jours. Dans le cas contraire, Yoon Suk-yeol sera réinstallé dans ses fonctions.
Yoon Suk-yeol continue d'être soutenu par une partie de sa formation, le Parti du pouvoir au peuple (PPP), par la frange la plus radicale de la droite sud-coréenne et par d'influents pasteurs évangéliques. Des dizaines de milliers de ses partisans se rassemblent chaque samedi à Séoul pour réclamer sa libération et son retour au pouvoir.
Avec AFP
/div<>Articles plus récents
<p>Le fonds de gestion d’actifs prend le contrôle de deux installations portuaires du canal reliant le Pacifique à l’Atlantique. L’accord de 22,8...