Une attaque du groupe terroriste Boko Haram a fait une quarantaine de morts au Tchad dans la nuit de dimanche à lundi. La cible était une garnison militaire dans le département de Kaya, près de la frontière nigériane.
Les jihadistes de Boko Haram ont mené dans la nuit du dimanche 27 octobre une attaque dans la région du lac Tchad, à la frontière du Nigéria et tué une quarantaine de militaires tchadiens, suscitant une contre-offensive des forces de N'Djamena.
Cette attaque sur une base militaire située à Barkaram, une île située à l'ouest de Ngouboua "a tragiquement fait une quarantaine de morts parmi nos soldats", a annoncé la présidence tchadienne dans un communiqué publié lundi.
Le président Mahamat Idriss Déby Itno s'est rendu sur place tôt dans la matinée et "a donné le coup d'envoi de l'opération Haskanite pour poursuivre et traquer les assaillants jusque dans leurs derniers retranchements", selon ce communiqué qui ne précise pas quelles forces ont été mobilisées.
"Une garnison abritant plus de 200 militaires a été prise pour cible par les éléments de Boko Haram à 22 h. Les éléments de boko Haram ont pris le contrôle de cette garnison, récupéré les armes et brûlé des véhicules équipés d'armes lourdes avant de repartir", selon des sources locales jointes par l'AFP.L'attaque surprise a fait une vingtaine de blessés, selon des sources militaires. Parmi les morts, figure le commandant de l'unité, selon un officier supérieur tchadien qui a requis l'anonymat. "Les éléments de Boko Haram ont eu le temps de récupérer des munitions et du matériel avant de se retirer", selon la même source.
"Nous avons beaucoup de pertes certes mais la situation est sous contrôle et nos forces sont sur place à la poursuite de l'ennemi", a déclaré à l'AFP le gouverneur de la région du Lac.
Attaques fréquentes
Les soldats tchadiens sont fréquemment ciblés par les attaques terroristes dans la région du lac Tchad, vaste étendue marécageuse parsemée d'îlots dans l'Ouest, qui abrite des combattants du groupe Boko Haram ou de sa branche dissidente l'État Islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap, selon l'acronyme en anglais, né d'une scission avec Boko Haram).
L'insurrection de Boko Haram est apparue en 2009 au Nigeria, où elle a fait depuis quelque 40 000 morts et plus de deux millions de déplacés, avant de se propager dans les pays frontaliers.
En mars 2020, les combattants jihadistes avaient mené une offensive sanglante sur une importante base tchadienne sur la presqu'île de Bohoma, faisant une centaine morts – les plus lourdes pertes jamais enregistrées par l'armée tchadienne. En réponse, le pouvoir avait déclenché "la colère de Bohoma" : une vaste opération contre les jihadistes, à l'époque menée par le maréchal Idriss Deby Itno, le père de l'actuel président.
En juin 2024, l'Office international pour les migrations (OIM) enregistrait plus de 220 000 déplacés dans la province tchadienne du lac Tchad en raison des attaques des groupes armés.
Le président "tient à rassurer les populations de la zone ainsi que les forces de défense et de sécurité, de son engagement indéfectible à défendre et sécuriser l'ensemble du pays", ajoute le communiqué de la présidence.
Cette attaque et sa contre-offensive survient alors que le chef de l'État vient de restructurer les forces armées avec une série de limogeages et de nominations, en lien, selon certaines sources, avec l'opposition de certains officiers avec sa position sur le Soudan.
Le pouvoir tchadien a été accusé de faciliter les livraisons d'armes des Émirats arabes unis aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui combattent l'armée régulière soudanaise depuis avril 2023, faisant des milliers de morts et des millions de déplacés. Le Tchad et les Émirats ont démenti ces accusations.
Avec AFP
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