Les relations s'enveniment entre l'UE et le Rwanda, et viennent d'atteindre le point de rupture entre le pays africain et la Belgique. Le Rwanda a annoncé lundi la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusant l'ex-puissance coloniale d'avoir « pris parti » pour Kinshasa « bien avant et pendant le conflit en cours en République démocratique du Congo (RDC) ».
« Le gouvernement du Rwanda a notifié aujourd'hui le gouvernement de Belgique de sa décision de rompre les relations diplomatiques, avec effet immédiat », a déclaré le ministère des Affaires étrangères rwandais dans un communiqué. Une décision liée selon Kigali aux « tentatives pitoyables » de Bruxelles de « maintenir ses illusions néocoloniales ».
Une décision « disproportionnée »
La Belgique a regretté de son côté une décision « disproportionnée », qui selon son chef de la diplomatie Maxime Prévot « illustre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer ».
A l'origine de la brouille diplomatique, le conflit en RDC , République démocratique du Congo, ex-Zaïre. La Belgique, ancienne puissance coloniale à la fois de la RDC et du Rwanda, a été l'un des pays les plus critiques depuis que la rébellion du M23, soutenue par Kigali, a lancé en décembre une offensive dans l'est de la RDC, qui l'a vu notamment s'emparer de Goma, la capitale du Nord-Kivu, et de Bukavu, capitale du Sud-Kivu.
L'UE sanctionne des chefs militaires rwandais
La Belgique avait notamment demandé fin janvier à l'Union européenne d'envisager des sanctions contre le Rwanda, accusé de violer la souveraineté de la RDC. Chose faite ce lundi avec des sanctions contre des chefs militaires rwandais et un responsable du secteur minier. Ces sanctions prévoient l'interdiction de se rendre dans l'UE ainsi qu'un gel des avoirs dans l'Union pour neuf personnes congolaises et rwandaises. Elles visent notamment trois haut gradés rwandais Ruki Karusisi, Eugène Nkubito et Pascal Muhizi, et le directeur général de l'Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB), Francis Kamanzi.
La Belgique a été plus loin dans ses sanctions et n'a par exemple pas soutenu la nouvelle aide de 20 millions d'euros octroyée au pays en novembre. Elle s'était abstenue lors d'un vote au Conseil de l'UE. Et les programmes d'aide au développement belges dans le pays auraient été suspendus, selon Kigali.
« Aujourd'hui, la Belgique a clairement pris parti dans un conflit régional et continue à se mobiliser systématiquement contre le Rwanda dans différents forums, utilisant mensonges et manipulations pour créer une opinion hostile injustifiée à l'égard du Rwanda, dans le but de déstabiliser le pays et la région », a accusé Kigali. « La décision d'aujourd'hui reflète l'engagement du Rwanda à protéger ses intérêts nationaux et la dignité des Rwandais, ainsi qu'à défendre les principes de souveraineté, de paix et de respect mutuel, » ajoute le communiqué.
Tous les diplomates belges présents au Rwanda sont tenus de quitter le pays dans un délai de 48 heures, a indiqué Kigali.
En RDC, un conflit largement lié aux richesses minières
La région connaît des épisodes de guerre sporadiques depuis trente ans, le génocide au Rwanda n'ayant jamais été vraiment digéré. Mais depuis 2021, l'est de la RDC connaît un regain de violences. Un groupe rebelle, le Mouvement du 23 mars (M23), s'est progressivement emparé de territoires, avec le soutien du Rwanda.
Les combats ont fait plus de 400.000 déplacés depuis janvier 2025, selon l'ONU, et quelque 7 millions depuis les débuts du conflit.
Les antagonismes ethniques et politiques ont largement fait la place à un affrontement pour le sous-sol de la République démocratique du Congo, qui regorge de ressources stratégiques , suscitant la convoitise des pays des Grands Lacs. Le pays détient ainsi 70 % des réserves mondiales connues de cobalt. Nickel, tantale, tungstène, uranium, étain, et coltan, métal rare servant à la fabrication de composants électroniques, font aussi partie des richesses de la RDC.
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