Algérie

L’Algérie menace de réevaluer les “loyers ridiculement bas” accordés à la France

Auteur: Malik Ben Salem Source: Le Courier International
Mars 20, 2025 at 09:43
LUDOVIC MARIN / AFP
LUDOVIC MARIN / AFP

Dans la crise entre la France et l’Algérie, chacun se renvoie la balle. Alors que certains responsables français dénoncent des privilèges accordés aux Algériens dans le cadre des accords entre les deux pays, Alger rétorque avec la question des biens immobiliers.


“L’heure des comptes a sonné”, titre le journal El-Watan, pour évoquer les “biens immobiliers mis à la disposition de la France par l’Algérie”. Une question qui a fait l’objet d’une énième convocation de Stéphane Romatet, ambassadeur de France en Algérie, au siège du ministère des Affaires étrangères.

Selon El-Watan, qui reprend une dépêche de l’agence officielle APS, la France disposerait de 61 biens immobiliers à “des loyers ridiculement bas” sur le sol algérien. Les autorités algériennes s’intéressent particulièrement au siège de l’ambassade de France à Alger – dont le site s’étend sur 14 hectares –, loué contre un loyer qui correspondrait à peine à celui d’une “chambre de bonne à Paris”.

Idem pour la résidence de l’ambassadeur de France, d’une superficie de 4 hectares, “louée au franc symbolique, sur la base d’un prix de bail inchangé depuis 1962 jusqu’en août 2023”, écrit le titre francophone.

“À la France de commencer”

Reprenant l’essentiel des éléments mentionnés dans la dépêche officielle, le site d’information Algérie 360 estime que dans ce contexte, c’est bien la France et non l’Algérie qui est “le principal bénéficiaire” des accords entre les deux pays. “Si des comptes doivent être rendus, c’est à la France de commencer”, peut-on notamment lire.

Ces précisions sur les biens immobiliers “balaient d’un revers de la main toutes les affirmations mensongères de la sphère politico-médiatique fasciste et rancunière envers l’Algérie”, écrit avec véhémence le quotidien francophone d’État L’Expression.

Le journal pointe du doigt Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur français, qui avait accusé l’Algérie de non-respect des accords entre les deux pays. Et que L’Expression a par ailleurs qualifié dans un autre article de “maître chanteur… prêt à tout pour assouvir ses ambitions personnelles”.

L’ambassadeur français, ultime lien diplomatique

Depuis décembre dernier, l’ambassadeur français a été convoqué à quatre reprises au siège du ministère des Affaires étrangères, rappelle le quotidien arabophone Echorouk, qui se demande pourquoi la France ne se décide pas à le rappeler. Selon un spécialiste des relations diplomatiques interrogé par le journal, cela montre la volonté française de maintenir “un canal officiel de communication avec les autorités algériennes”.

La tension entre la France et l’Algérie s’accentue sur fond de contentieux mémoriel et de postures politiques, estime le site d’information panarabe Middle East Eye dans sa version anglaise.

“Il y a eu des tensions depuis les années 1970, notamment après la nationalisation des hydrocarbures par l’Algérie, mais ce qui est particulier aujourd’hui, c’est la durée et l’accumulation des épisodes de crise depuis juillet 2024”, selon Farida Souiah, professeure de sciences sociales à Lyon citée par Middle East Eye.

La crise entre Paris et Alger a été amorcée dès juillet 2024, lorsque le président français Emmanuel Macron a décidé de reconnaître officiellement la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Une position qui a provoqué la colère d’Alger, principal soutien des séparatistes du Front Polisario.

Mot clé
Vous n'avez pas utilisé le site Web, Cliquer ici pour maintenir votre état de connexion. Temps d'attente: 60 Secondes