Côte d'Ivoire

Côte d'Ivoire : Tidjane Thiam démissionne de la présidence du PDCI, principal parti d'opposition

Source: France 24::
Mai 12, 2025 at 13:59
Le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, prononce un discours sur scène lors d'un rassemblement politique à Aboisso, le 21 décembre 2024. © Sia Kambou, AFP archives
Le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, prononce un discours sur scène lors d'un rassemblement politique à Aboisso, le 21 décembre 2024. © Sia Kambou, AFP archives

Tidjane Thiam a annoncé lundi démissionner de la présidence du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), principale formation d'opposition, tout en assurant vouloir continuer de mener la bataille pour la présidentielle d'octobre, dont il est exclu depuis sa radiation de la liste électorale. 


L'opposant ivoirien Tidjane Thiam a annoncé lundi 12 mai démissionner de la présidence du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), principale formation d'opposition, mais devrait se faire réélire dès mercredi lors d'un congrès, pour mettre fin à une saga judiciaire contestant sa légitimité.

À moins de six mois du scrutin, le climat politique est tendu en Côte d'Ivoire, où plusieurs opposants de premier plan, dont Tidjane Thiam, ont été déclarés inéligibles.

Pour ce dernier, la question de sa nationalité - il a été français de 1987 à mars 2025 - est au coeur de ses déboires depuis plusieurs mois.

La justice a mis en avant fin avril l'article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960, qui indique que l'acquisition volontaire d'une autre citoyenneté entraîne la perte de la nationalité ivoirienne. 

Elle l'a ainsi radié des listes électorales estimant qu'il n'était pas ivoirien au moment de son inscription en 2022, l'excluant de facto de la course à la présidentielle.

Parallèlement, son élection à la tête du PDCI était contestée en justice par une militante du parti qui use des mêmes arguments, estimant qu'il n'était pas ivoirien lors du scrutin en décembre 2023. Une audience est prévue jeudi.

Mais lundi, Tidjane Thiam, hors du pays depuis mars, a annoncé dans une allocution démissionner de son poste de président du PDCI.

Pas question pour autant de renoncer au combat politique : Tidjane Thiam a laissé entendre dans sa déclaration de lundi qu'il pourrait être de nouveau élu à la tête du parti.

"Je sais qu'après m'avoir élu en 2023, vous m'accorderez de nouveau votre confiance", a t-il déclaré.

Ce pourrait être chose faite dès mercredi, date du prochain congrès extraordinaire du PDCI, décidée par le bureau politique du parti lundi après-midi. 

"L'appel à candidatures est ouvert à tous", a précisé le parti dans un communiqué final publié après la réunion du bureau politique. 

Et cette fois-ci, Tidjane Thiam sera bien 100 % ivoirien puisqu'en renonçant à la nationalité française en mars, il a retrouvé, selon les autorités, la nationalité ivoirienne qu'il avait perdue.

"Parti pour mieux revenir"

"Ils ont coupé l'herbe sous le pied de la justice. Thiam est parti pour mieux revenir. Maintenant qu'il est exclusivement ivoirien, il peut tranquillement reprendre la direction du PDCI", explique l'analyste politique Geoffroy Kouao.

Mais "s'il peut aisément redevenir le président du PDCI, il lui sera difficile d'être éligible pour la présidentielle du 25 octobre", ajoute t-il.

Car sa radiation de la liste électorale le rend inéligible et aucune révision de celle-ci n'est prévue avant l'élection.

"Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre ce combat", a déclaré le chef des députés PDCI, Simon Doho, devant la presse.

Lundi matin, plusieurs centaines de militants étaient rassemblés au siège du parti, devant lequel des forces de sécurité étaient déployées, brandissant notamment des pancartes "Touche pas à mon droit de vote", ou "L'intimidation ne passera pas", a constaté une journaliste de l'AFP. 

"Thiam a fait le bon choix, il n'aura plus de problème avec la justice en tant que président du parti", a affirmé à l'AFP Cynthia Koua, une militante. 

 

Trois autres figures de l'opposition ayant annoncé leur intention d'être candidats sont absentes de la liste électorale, en raison de condamnations judiciaires. 

Il s'agit de l'ancien président (2000-2011) et opposant Laurent Gbagbo, de son ancien bras droit Charles Blé Goudé et de l'ancien chef rebelle et Premier ministre Guillaume Soro

"Alors que l'on était en droit d'espérer des élections inclusives, transparentes et apaisées, force est de constater que la radiation injustifiée du candidat du PDCI vient s'inscrire dans la logique de l'élimination des leaders des principaux partis politiques de l'opposition pour se garantir des élections sur mesure et une victoire certaine", a déclaré Tidjane Thiam lundi.

Les autorités récusent régulièrement toute intervention politique dans le processus électoral, assurant qu'il s'agit de décisions prises par une justice indépendante.

Le président Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis 2011, ne s'est de son côté pas encore prononcé sur une éventuelle candidature mais s'est dit "désireux de continuer à servir son pays".

Avec AFP

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