L’administration Trump veut réduire le budget du Pentagone

Le Pentagone a affirmé mercredi avoir ordonné une évaluation de ses dépenses pour rediriger quelque 50 milliards de dollars à des programmes davantage alignés sur les « priorités » du président américain, après la publication d'un article du Washington Post évoquant d'importantes coupes budgétaires dans l'armée.

Selon le quotidien de la capitale, Pete Hegseth, secrétaire à la Défense, avait exhorté ses équipes à se préparer à amputer le budget du Pentagone de 8 %, soit des dizaines de milliards de dollars chaque année, pendant cinq ans.

Dans un communiqué, le Pentagone n'a pas directement démenti ces affirmations, mais a décrit une évaluation, demandée par le secrétaire, pour réorienter certains budgets vers les priorités – l'Amérique d'abord – du président Trump pour la défense nationale.

Les services du département doivent définir des lignes budgétaires dans lesquelles couper afin de financer ces priorités et recentrer le département dans sa mission essentielle de dissuasion et de gagner les guerres, a écrit Robert Salesses, haut responsable du Pentagone.

Ces nouvelles attributions de moyens sont ciblées à 8 % du budget pour l'année fiscale 2026 de l'administration Biden, totalisant environ 50 milliards de dollars, a-t-il poursuivi.

Dans une note datée de mardi, citée par le Washington Post, Pete Hegseth demande qu'on lui présente, d'ici le 24 février, des propositions de coupes budgétaires au sein du Pentagone, dont le budget s'établit en 2025 à environ 850 milliards de dollars.

Sont néanmoins exemptés 17 secteurs au sein du Pentagone. Parmi ces dispenses, les opérations militaires à la frontière avec le Mexique et la modernisation de l'arsenal nucléaire.

Le document du département de la Défense exhorte par ailleurs les équipes, toujours selon le Washington Post, à continuer à financer plusieurs agences de l'armée américaine dans le monde, dont le commandement pour la région Asie-Pacifique ou celui pour l'espace.

En revanche, le commandement européen, à l'heure où Washington a lancé de premiers pourparlers avec la Russie sur la question du conflit en Ukraine notamment – critiqués par Kiev et de nombreux pays européens –, est absent de cette liste d'exemptions.

Le commandement militaire pour le Moyen-Orient (Centcom) et celui pour l'Afrique n'y figurent pas non plus, selon le Washington Post.

 

Parvenir à la paix par la force

Mercredi, le président américain a, au contraire, affiché son soutien à un projet de loi de la Chambre des représentants qui augmenterait de 100 milliards de dollars le budget de la défense.

Ces réductions budgétaires iraient également à l'encontre des appels, lancés par Donald Trump et Pete Hegseth lui-même, aux autres membres de l'OTAN pour qu'ils consacrent 5 % de leur PIB à la défense. Washington est à environ 3,4 %.

 

La mission attribuée par le président Trump au département de la Défense est claire : parvenir à la paix par la force, écrit M. Hegseth dans cette note, citée par le quotidien.

Notre budget sera doté des ressources nécessaires pour les forces combattantes, mettra fin aux dépenses de défense inutiles, rejettera la bureaucratie excessive, poursuit notamment l'ancien présentateur de Fox News, nommé par Donald Trump.

Réduction des dépenses publiques

Depuis l'investiture du président américain le 20 janvier, l'administration fédérale a entamé un vaste mouvement de réduction des dépenses publiques, sous l'impulsion de la nouvelle commission pour l'efficience gouvernementale, Doge, chapeautée par le multimilliardaire Elon Musk.

L'administration s'est par exemple séparée de nombreux employés fédéraux en période d'essai avant, dans certains cas, comme au département de l'Agriculture, de faire marche arrière.

Si ces coupes se confirment, le budget de l'armée, première puissance militaire mondiale, pourrait être amputé d'ici cinq ans de près de 300 milliards de dollars.