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1 year oldLaphonza Butler a tout du pire cauchemar pour une partie de la droite américaine. Noire, ouvertement lesbienne, elle a présidé l'association Emily's List qui défend le droit à l'avortement en faisant élire des femmes démocrates. Elle a aussi milité, au début de sa carrière, pour un salaire minimum plus élevé en Californie.
La nouvelle sénatrice a été nommée pour un an par Gavin Newsom, le gouverneur de Californie. Elle remplace Dianne Feinstein, la doyenne du Sénat qui est décédée, à l'âge de 90 ans, le 29 septembre. Laphonza Butler a commencé sa carrière au sein de l'un des principaux syndicats californiens avant de devenir une consultante politique, active au sein de la campagne présidentielle de la vice-présidente Kamala Harris.
Une course déjà engagée
Les prochaines élections sénatoriales auront lieu en novembre 2024, en même temps que les présidentielles. Gavin Newsom a précisé que la remplaçante de Dianne Feinstein pourrait se présenter si elle le souhaitait, afin d'étouffer un début de polémique. Ses critiques lui avaient reproché de vouloir nommer une femme appartenant à une minorité pour un an seulement.
La course pour le Sénat a déjà commencé en Californie, avec trois candidats déclarés : Barbara Lee, une autre femme noire, très influente dans la communauté afro-américaine en Californie, ainsi qu'Adam Schiff, en tête de la course aux financements, et Katie Porter. Laphonza Butler n'a pas encore dit si elle souhaitait se porter candidate elle aussi. Il lui faudra dans ce cas trouver rapidement des donateurs.
Une famille éprouvée par le malheur
Laphonza Butler a grandi à Magnolia, une petite ville du sud du Mississippi - l'Etat le plus pauvre des Etats-Unis. Son adolescence est marquée par la mort de son père, quand elle avait seize ans, après une série de crises cardiaques. Pour maintenir la famille à flot, sa mère enchaîne les métiers difficiles, dont garde de sécurité, caissière dans une station-service, aide à domicile et professeure assistante.
« Il y a eu des parallèles entre ma carrière et ce que ma mère a vécu en tant que travailleuse », explique la nouvelle sénatrice à « Elle » , à propos de son rôle comme syndicaliste. « J'ai toujours eu l'impression que le travail que j'ai fait m'a permis de poursuivre la tâche de ma mère et d'améliorer ces jobs, pour le bénéfice des enfants de ces travailleurs. »
« Que faites-vous pour la liberté ? »
Diplômée en 2001 de Jackson State University, Laphonza Butler reçoit l'enseignement de plusieurs vétérans du mouvement pour les droits civiques, qui visait à mettre fin à la ségrégation raciale aux Etats-Unis. « Que faites-vous pour la liberté ? C'était toujours la question », raconte-t-elle au « Los Angeles Times » . « Que faites-vous pour la liberté aujourd'hui ? »
Après ses études, la jeune femme rejoint les rangs du SEIU (Service Employees International Union), qui représente 1,9 million de travailleurs aux Etats-Unis et au Canada, notamment dans le secteur hospitalier, les services publics et les prisons. Elle prend la tête de ce syndicat à trente ans et se bat pour fixer le salaire minimum à 15 dollars par heure.
Droit à l'avortement
Après plusieurs années au sein de ce syndicat, le plus puissant de Californie, Laphonza Butler commence à travailler pour SCRB Strategies, un cabinet de conseil en politique. Ce qui lui donne l'occasion de contribuer à l'élection de Gavin Newsom, l'actuel gouverneur de Californie, et à la campagne présidentielle de Kamala Harris. Elle travaille aussi pour Uber, suscitant la colère de certains de ses anciens collègues syndicalistes.
En 2020, elle prend la tête des affaires publiques d'Airbnb, avant d'être nommée présidente d'Emily's List l'année suivante. Un poste très en vue, particulièrement depuis l'année dernière. En juin 2022, la Cour Suprême conservatrice a choisi de remettre en cause le droit des Américaines à interrompre leur grossesse. Ce qui a eu pour effet de galvaniser les troupes démocrates avant les élections de mi-mandat, en novembre dernier.
Au Sénat, Laphonza Butler pourra continuer à mener ce combat. Les élus afro-américains du Black Congressional Caucus ont salué sa nomination en affirmant que la nouvelle sénatrice apportait « une perspective importante dans la chambre haute au moment où les droits des femmes et de la communauté LGBT sont attaqués ».
Hortense Goulard (Correspondante à San Francisco)
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