Les États Unis

Elon Musk critiqué pour sa loterie à un million de dollars au profit de Donald Trump

Auteur: admin, Marion Thibaut - Agence France-Presse à Washington Source: Le Devoir
Octobre 22, 2024 at 09:33
Photo: Michael Swensen Getty Images via Agence France-Presse Elon Musk a remis un chèque de 1 million de dollars à Kristine Fishell lors d’un rassemblement électoral tenu dimanche à Pittsburgh, en Pennsylvanie.
Photo: Michael Swensen Getty Images via Agence France-Presse Elon Musk a remis un chèque de 1 million de dollars à Kristine Fishell lors d’un rassemblement électoral tenu dimanche à Pittsburgh, en Pennsylvanie.

Un million de dollars par jour sur la table : la dernière initiative d’Elon Musk, qui vise les électeurs des États clés, interroge sur sa légalité à quelques jours d’un scrutin présidentiel américain très incertain où chaque voix pourrait compter.

Si cette loterie quotidienne de l’homme le plus riche du monde, complètement engagé en soutien de Donald Trump depuis plusieurs semaines, n’a pas fait directement réagir chez Kamala Harris, le gouverneur démocrate de Pennsylvanie Josh Shapiro l’a jugée « très préoccupante. ».

« C’est quelque chose que les autorités devraient examiner » et qui soulève de « sérieuses questions », a-t-il déclaré dimanche.

Elon Musk a annoncé qu’il donnerait un million de dollars, « au hasard », une fois par jour à un électeur inscrit dans un des sept États clés, là où se jouera la présidentielle du 5 novembre. Et c’est par la Pennsylvanie, le plus convoité d’entre eux, qu’il a commencé samedi sa distribution.

Mais pour participer au tirage, il faut signer une pétition conservatrice en faveur de la liberté d’expression et du droit à porter des armes.

« Nous voulons nous assurer que tous les États clés entendent parler (de la pétition) et je pense que (cette loterie) va le garantir », a justifié le patron de Tesla et de Space X, qui estime que ce texte n’a pas été assez relayé par les grands médias.

Pennsylvanie, Nevada, Arizona, Caroline du Nord, Michigan, Wisconsin et Géorgie forment cette année les États pivots (swing states), où les deux candidats focalisent leurs derniers efforts.

Pour l’experte en droit électoral Danielle Lang, l’offre d’Elon Musk est problématique et « contraire aux lois fédérales » car « les conditions de ce “concours” exigent que le bénéficiaire soit inscrit sur les listes électorales de l’un des sept “swing states”, ou qu’il s’inscrive s’il ne l’a pas encore fait ».

Cette professeure à l’Université Georgetown assure à l’AFP que la loterie pourrait faire « l’objet de poursuites civiles ou pénales de la part du département de la Justice ».

« Zone grise »

Un argumentaire également développé par Rick Hasen, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

Ce dernier rappelle dans son blogue que la loi fédérale stipule que toute personne qui « paie, offre de payer ou accepte un paiement pour s’inscrire sur les listes électorales ou pour voter » est passible d’une amende de 10 000 dollars ou d’une peine de cinq ans d’emprisonnement.

Mais pour Brad Smith, ancien président de la Commission électorale fédérale, on se retrouve plutôt dans une « zone grise », flirtant avec la légalité sans franchir la ligne rouge.

En effet, Musk « s’en sort » puisqu’il ne paye pas les gens directement pour qu’ils s’inscrivent mais pour qu’ils signent une pétition, a-t-il expliqué au New York Times.

Après avoir annoncé sa loterie en public, le milliardaire a expliqué à la foule qu’il n’avait qu’une « demande » : « Allez parler à vos amis, à votre famille, à vos connaissances et aux gens que vous rencontrez dans la rue pour les convaincre de voter ».

Ces dernières semaines, il a mis les bouchées doubles pour soutenir Donald Trump, montant sur scène avec l’ancien président lors d’un meeting de campagne et organisant lui-même des réunions publiques en Pennsylvanie. Depuis juillet, il a cumulé 75 millions de dollars de dons.

Il fait aussi campagne pour Donald Trump depuis des mois grâce à sa plateforme X et plus particulièrement son compte, suivi par plus de 200 millions de personnes et où il donne un écho à des contenus controversés, voire à de la désinformation, proches d’idées défendues par le candidat républicain.

« À chaque cycle électoral, nous avons tendance à voir des entreprises s’engager dans des activités douteuses de ce type, comme offrir un produit gratuit à ceux qui montrent un autocollant “J’ai voté”, mais ce cas-là est remarquable par son ampleur bien plus grande », juge Danielle Lang.

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