Le tournoi de 2030 se tiendra sur trois continents, ce qui soulève des inquiétudes pour l'environnement.
L'Arabie saoudite organisera le Mondial de 2034 de soccer, confortant son influence croissante dans le sport mondial en dépit des critiques sur les droits de la personne, a décidé mercredi le Congrès de la Fédération internationale de football (FIFA).
Réunis en visioconférence, les délégués des 211 fédérations membres ont entériné par approbation virtuelle le dossier saoudien, resté seul en lice au terme d'une procédure limitée aux candidatures asiatiques et océaniques au nom de la rotation géographique.
Tout juste avant, le Mondial de 2030 a été confié conjointement à l'Espagne, au Portugal et au Maroc, avec trois des premières rencontres en Amérique du Sud (Uruguay, Argentine et Paraguay).
Cette formule tricontinentale inédite, qui soulève des critiques sur l'impact environnemental de la compétition, était seule en lice après une série de désistements et regroupements des candidatures.
L'attribution du tournoi à l'Arabie saoudite met des vies en danger et révèle la vacuité des engagements de la FIFA en matière de droits de la personne, ont estimé plusieurs ONG et représentants des supporteurs dans un texte commun.
En validant par acclamations le dossier saoudien, le Congrès de la FIFAa décidé d'ignorer nos avertissements, écrivent notamment Amnistie internationale, Human Rights Watch (HRW), la Confédération syndicale internationale (ITUC) et les organisations Sport and Rights Alliance et Football Supporters Europe (FSE).
L'Arabie saoudite, superpuissance en gestation du sport mondial –de la F1 aux futurs JO du sport électronique, en passant par les Jeux asiatiques d'hiver en 2029 – s'est retrouvée seule candidate après le renoncement de l'Australie et de l'Indonésie, et la mise en sommeil des ambitions footballistiques de la Chine.
Le royaume ultraconservateur, lancé dans une stratégie de diversification économique et d'amélioration de son image, ne dispose pour l'heure que de 2 des 14 stades d'au moins 40 000 places requis.
Au-delà du défi logistique, l'été brûlant pourrait imposer un déplacement de la compétition en hiver ou à la fin de l'automne, comme lors de la Coupe du monde au Qatar en 2022, mais il faudra aussi composer avec le ramadan, attendu en décembre.
Par-dessus tout, cette désignation concentre les critiques et les craintes.
Aujourd'hui, les preuves ne manquent pas : travailleurs migrants exploités et victimes de racisme, militants condamnés à des dizaines d'années de prison pour s'être exprimés pacifiquement, femmes et personnes LGBTQIA+ confrontées à une discrimination légalisée, ou encore habitants expulsés de force pour faire place à des projets d'État, énumère le communiqué des organismes humanitaires mentionnés plus haut.
Pour les signataires, il est évident que sans une action urgente et des réformes globales, la Coupe du monde de 2034 sera ternie par la répression, la discrimination et l'exploitation à grande échelle.
Dans son rapport d'évaluation, la FIFA estime que les engagements saoudiens en matière de droits de la personne supposeront un effort significatif en temps et en énergie d'ici 2034, mais voit une probabilité non négligeable que la compétition serve de catalyseur pour les réformes en cours et à venir.
Craintes environnementales
En 2030, le Mondial du centenaire unira donc six pays, un montage inédit depuis la première édition du joyau du soccer planétaire en 1930, qui réunissait alors 13 sélections à Montevideo. Trente-deux équipes participaient au Mondial en 2022, et la phase finale en comptera 48 à partir de 2026.
Cette attribution avait été accueillie l'an dernier par des interrogations sur son impact environnemental, ainsi que sur le coût des déplacements pour les supporteurs.
Après trois rencontres en Uruguay, en Argentine et au Paraguay, prévues les 8 et 9 juin 2030, dans la fraîcheur de l'hiver austral, les six équipes concernées et leurs supporteurs traverseront l'Atlantique pour les 101 autres matchs, du 13 juin au 21 juillet.
Avec 11 des 20 stades proposés, l'Espagne devrait être l'hôte principal après avoir déjà organisé le Mondial en 1982, mais le Maroc, quintuple candidat malheureux à l'organisation, deviendra de son côté le deuxième pays du continent africain à l'accueillir, après l'Afrique du Sud en 2010.
Espagne et Maroc se disputent encore le match d'ouverture et la finale, proposant respectivement le Santiago-Bernabeu de Madrid ou le Camp Nou de Barcelone et la future enceinte Hassan-II entre Casablanca et Rabat, qui ambitionne de devenir le plus grand stade du monde avec 115 000 places. Le Portugal offre lui les deux stades de Lisbonne et celui de Porto, et brigue une demi-finale.
Invoquant le principe de rotation géographique, la FIFA avait limité aux confédérations asiatique et océanique son appel à candidatures pour 2034, menée tambour battant en un petit mois à l'automne 2023.
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