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Xi Jinping montre ses muscles à Taïwan avant de rencontrer Trump

Source: Les Echos:::
Les bombardiers lourds chinois sont intégrés aux forces de dissuasion nucléaire mais servent aussi à intimider les rivaux de Pékin lors d'épisodes de tensions diplomatiques. (Photo Li Xin/Chine Nouvelle/SIPA)
Les bombardiers lourds chinois sont intégrés aux forces de dissuasion nucléaire mais servent aussi à intimider les rivaux de Pékin lors d'épisodes de tensions diplomatiques. (Photo Li Xin/Chine Nouvelle/SIPA)

Des bombardiers ont volé récemment près de Taïwan « en formation de combat », lors d'un exercice destiné à intimider l'île. Un développement pas anodin à deux jours de la rencontre entre les numéros un des Etats-Unis et de la Chine.

Par Yves Bourdillon

Pékin s'affirme sur un dossier sensible avant la rencontre jeudi entre Donald Trump et Xi Jinping. Un groupe de bombardiers lourds H-6K a récemment volé près de Taïwan dans le but d'effectuer des « exercices de confrontation », accompagnés d'avions de chasse J-10, en « formation de combat », a rapporté dimanche soir la presse officielle chinoise.

Une terminologie plus agressive que celle que la Chine utilise habituellement pour décrire des manoeuvres et entraînements en lisière de l'espace aérien de Taïwan. La posture est d'autant plus menaçanteque le H-6K, l'équivalent pour la Chine du fameux B-52 américain quoique un peu moins impressionnant, est capable de transporter des armes nucléaires et que le J-10 est l'avion de chasse le plus moderne de l'aviation chinoise. Taipei a dénoncé « une stratégie de propagande à des fins d'intimidation ».

 

Signalement stratégique

« Sans être de grande ampleur, ni même très inhabituel, le déploiement de ce type de bombardiers est significatif, souligne Simon Menet, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, car ils peuvent frapper l'est de Taïwan, en cas de tentative d'encerclement. »


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Ce n'est toutefois pas la première fois que Pékin déploie ses bombardiers lourds dans ce but : des H-6X, capables d'emporter dix tonnes de bombes mais dotés d'un rayon d'action de seulement 1.800 km, avaient déjà, en 2018, « encerclé » Taïwan, que Pékin qualifie d'île rebelle inéluctablement appelée à être réintégrée, de gré ou de force. Ils ont aussi déjà « patrouillé » lors d'épisodes de tensions diplomatiques en lisière de l'Inde, ou vers la base américaine de Guam, voire près de l'Alaska. Illustration de la célèbre phrase de Bismarck : « la diplomatie sans armes, c'est comme un orchestre sans instruments de musique ».

L'annonce de ce déploiement n'est évidemment pas anodine à deux jours de la rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump en Corée du Sud avant le démarrage vendredi de la conférence de l'APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation). Alors que les deux dirigeants pourraient décider d'un armistice dans la confrontation commerciale, selon les déclarations de leurs négociateurs dimanche, « ce déploiement constitue clairement, du fait qu'il est annoncé peu avant la rencontre Trump-Xi Jinping, un signalement stratégique », estime Simon Menet. « Un signal de fermeté, un message de type « ce n'est pas parce qu'on négocie sur le commerce qu'on est prêt à assouplir notre position sur Taïwan », lequel constitue le dossier le plus important pour Pékin. » D'ailleurs, le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, a déclaré dimanche que Taipei ne devait pas être préoccupée par la réunion entre les deux présidents.

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