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Les tests d’armes nucléaires ont-ils repris à travers le monde?

Source: Radio Canada
Un homme visite le musée du Mémorial de la paix d'Hiroshima, au Japon, où a eu menée la première attaque à la bombe atomique au monde, le 6 août 1945. (Photo d'archives)  Photo : afp via getty images / KAZUHIRO NOGI
Un homme visite le musée du Mémorial de la paix d'Hiroshima, au Japon, où a eu menée la première attaque à la bombe atomique au monde, le 6 août 1945. (Photo d'archives) Photo : afp via getty images / KAZUHIRO NOGI

Presque tous les pays ont cessé de faire exploser des bombes nucléaires dans les années 1990.

Les essais d'armes nucléaires redeviennent un sujet de débat après avoir été largement écartés des discussions populaires pendant trois décennies. La semaine dernière, la Russie a testé un missile à propulsion nucléaire (nouvelle fenêtre) sans toutefois faire exploser une bombe. Le président Donald Trump a répliqué en ordonnant la reprise des tests américains d’armes nucléaires, puis il a accusé dimanche la Chine et la Russie de mener des essais nucléaires.

Depuis le début du XXIe siècle, seule la Corée du Nord a procédé à des essais d'armes nucléaires, et tous ces essais ont eu lieu sous terre. Le dernier essai nucléaire des États-Unis remonte quant à lui à 1992, celui de la Russie, à 1990, et celui de la Chine, à 1996.

Les essais nucléaires les plus spectaculaires sont ceux qui ont été menés dans l'atmosphère terrestre à la fin des années 1940 et dans les années 1950, donnant ainsi lieu à certaines des images les plus emblématiques et les plus terrifiantes de l'ère nucléaire : le champignon atomique, qui est, depuis lors, un symbole de la menace nucléaire.

 

Une photo d'archives noir et blanc d'un champignon atomique.
Essai nucléaire au large de l'atoll de Bikini, en Micronésie, en 1946. (Photo d'archives) Photo : Getty Images / Keystone
 

Les effets dévastateurs de ces essais se font encore sentir. Les essais américains menés sur l'atoll de Bikini, dans le Pacifique, comptent parmi les plus dévastateurs jamais réalisés. Aujourd'hui encore, la contamination radioactive rend cet endroit impropre à toute vie permanente.

Pour ce qui est des essais atmosphériques, la plupart ont cessé en 1963, à la suite de la signature du Traité sur l'interdiction partielle des essais nucléaires par les États-Unis, l'Union soviétique et d'autres pays.

Même si ce traité ne prévoyait pas de mécanismes précis de vérification des violations, il s'est somme toute avéré efficace. Les États-Unis et l'Union soviétique ont alors mis fin à cette pratique et ne l'ont jamais reprise. La France a quant à elle poursuivi ses essais atmosphériques jusqu'en 1974, et la Chine, jusqu'en 1980.

 

Une réplique de la bombe larguée sur Nagasaki en 1945.
Une réplique de Fat Man, le modèle de bombe A largué sur Nagasaki en 1945. (Photo d'archives) Photo : Associated Press

 

Des essais souterrains qui limitent la radioactivité

Toutes les grandes puissances ont poursuivi leurs essais souterrains dans les années 1980, ce qui a limité la dissémination des retombées radioactives.

En 1992, les États-Unis ont imposé leur propre moratoire sur les essais nucléaires. Puis, en 1996, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a été adopté par les Nations unies. Ce traité interdit tous les essais nucléaires, que ce soit dans l'atmosphère, dans l'océan ou sous terre.

Dans le cadre de ce traité, un système de surveillance mondial a été créé pour détecter tout essai nucléaire. Des centaines de sites à travers le monde mesurent donc l'activité sismique, les ondes sonores sous-marines et la radioactivité atmosphérique.

Par conséquent, aucun pays ne peut procéder à un essai nucléaire de manière clandestine. C’est justement ce système qui a permis de détecter tous les essais nord-coréens.

 

Un missile suivi d'une longue flamme s'envole au-dessus de la mer.
Un tir d'essai d'un missile de croisière stratégique destiné à démontrer l'état de préparation de diverses capacités nucléaires nord-coréennes au-dessus de la mer au large de la côte ouest de la péninsule coréenne, le 26 février 2025. (Photo d'archives) Photo : Reuters / Korean Central News Agency

 

Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a toutefois certaines limites.

Neuf pays ont refusé de le ratifier, ce qui signifie qu'il n'est pas applicable sur leur territoire. Parmi ces pays figurent notamment toutes les grandes puissances nucléaires : les États-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde, le Pakistan, Israël, l'Iran, l'Égypte et la Corée du Nord.

Bien que la Russie et la Chine n'aient procédé à aucune explosion nucléaire de grande envergure au cours des dernières années, le département d'État américain indique qu'il est possible que ces deux pays aient effectué des essais de moindre ampleur, ce qui constituerait, en théorie, une violation du moratoire.

En 2023, Mikhaïl Kovaltchouk, conseiller du président russe Vladimir Poutine, avait déclaré que la Russie devrait procéder à un essai nucléaire annuel afin d'effrayer l'Occident. Toutefois, jusqu'à présent, rien n'indique que cela se soit produit.

 

Un missile balistique intercontinental non armé.
Un missile balistique intercontinental non armé est lancé lors d'un test opérationnel à la base aérienne de Vandenberg, en Californie, en 2017. (Photo d'archives) Photo : Reuters / U.S. Air Force / Senior Airman Ian Dudley

 

Les essais nucléaires sont-ils de retour?

Il semble que oui, du moins en partie.

Du côté russe, on a fait l'essai, la semaine dernière, d'un missile à propulsion nucléaire capable de transporter une ogive nucléaire. Le président Poutine a indiqué que ce missile a une portée quasi illimitée, qu'il est indétectable et qu'il est impossible à intercepter.

La Russie a aussi fait des essais de missiles balistiques intercontinentaux et de missiles de croisière. Ces deux types de vecteurs sont aptes à transporter des bombes nucléaires.

Mercredi dernier, on a appris que la Russie avait testé un drone sous-marin capable de lancer une puissante frappe nucléaire sur une ville côtière. Les détails du test russe semblent tout droit sortis d'un film d'action.

 

Le système russe Poséidon.
Le système russe Poséidon, capable de transporter des armes nucléaires, est visible sur cette image tirée d'une vidéo animée publiée en 2018. (Photo d'archives) Photo : Reuters / Ministère russe de la Défense
 

Ce drone, baptisé Poséidon, est conçu pour exploser près des côtes et pour provoquer un puissant tsunami radioactif sur un grand centre urbain.

Vladimir Poutine, qui avait signalé son existence en 2018, a réaffirmé que ce drone serait si rapide qu'il ne pourrait être ni repéré ni intercepté.

 

Un sous-marin à propulsion nucléaire russe à demi immergé.
Cette image tirée d’une vidéo publiée le 16 septembre 2022 par le ministère russe de la Défense montre un sous-marin à propulsion nucléaire russe en train de naviguer dans la mer des Tchouktches. (Photo d'archives) Photo : Reuters / Ministère russe de la Défense
 

Pour ce qui est des essais américains, le secrétaire à l'Énergie, Chris Wright, a annoncé dimanche que les nouveaux essais du système d'armement nucléaire américain ordonnés par le président Donald Trump n'incluront pas d'explosions nucléaires.

Je pense que les essais dont nous parlons actuellement sont des essais de systèmes. Ce ne sont pas des explosions nucléaires. Ce sont ce que nous appelons des explosions non critiques, a déclaré M. Wright en entrevue à l'émission Sunday Briefing, sur les ondes de Fox News, dimanche.

En avril dernier, la National Nuclear Security Administration, responsable des stocks nucléaires américains, avait indiqué qu'elle était prête à reprendre les essais souterrains si un tel ordre lui était donné mais qu'elle n'en voyait pas la nécessité.

L'annonce faite par le président Trump contredit ses propres déclarations d'il y a quelques semaines. En août, il avait déclaré qu'il voulait entamer des négociations avec la Russie et la Chine afin de réduire, voire d'éliminer, la menace nucléaire. Nous ne pouvons pas laisser les armes nucléaires proliférer. Nous devons arrêter le développement des armes nucléaires. Leur puissance est trop grande, avait-il affirmé.

Il a par ailleurs indiqué dimanche, dans une entrevue accordée à la chaîne américaine CBS, que la Russie et la Chine mènent des essais nucléaires mais n'en parlent pas.

On va faire des essais parce que d'autres font des essais. La Corée du Nord fait des essais. Le Pakistan fait des essais, a-t-il également affirmé. Vous savez, aussi puissantes que soient [les armes nucléaires], le monde est grand. Vous ne savez pas nécessairement où ils font des essais. Ils font des essais souterrains, en profondeur, où les gens ne savent pas vraiment ce qui se passe. Vous sentez une petite vibration. Ils font des essais et on n'en fait pas. Nous devons en faire.

L’armée américaine teste par ailleurs régulièrement ses missiles capables d'emporter une ogive nucléaire, bien qu'elle ne procède à aucun essai pour l'heure.

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