Après la victoire du populiste George Simion au premier tour de la présidentielle, Marcel Ciolacu a créé la surprise lundi en annonçant son départ du gouvernement. Le camp proeuropéen va devoir être capable de se rassembler au second tour autour du candidat centriste s’il veut empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir, estime la presse européenne.
La victoire écrasante de l’extrême droite au premier tour de la présidentielle en Roumanie a plongé lundi 5 mai le pays “dans le chaos”, résume Politico Europe.
Le Premier ministre social-démocrate roumain, Marcel Ciolacu, a annoncé sa démission, “exposant le pays à de nouvelles turbulences”, souligne le site d’information. “Au vu des résultats du vote”, la coalition formée avec les libéraux et le parti de la minorité hongroise “n’a plus de légitimité sous sa forme actuelle”, a expliqué le dirigeant politique devant la presse après une réunion de sa formation à Bucarest. “Le futur président m’aurait changé de toute façon”, a ajouté le social-démocrate, sous pression après l’élimination du candidat unique du gouvernement, Crin Antonescu.
Dimanche, la grande coalition gouvernementale n’est pas parvenue à convaincre les électeurs de soutenir cet homme du consensus, arrivé en troisième position seulement. “La répétition du scrutin, rendue nécessaire par le scandale sans précédent de l’annulation du vote de décembre, a profondément déstabilisé le bloc”, estime Euronews. La Cour constitutionnelle avait invalidé le scrutin et exclu le candidat d’extrême droite Calin Georgescu de la nouvelle élection, après une campagne massive sur TikTok entachée de suspicions d’ingérence russe.
“Dès dimanche soir, les libéraux (PNL) ont reproché cet échec aux sociaux-démocrates, les accusant de ne pas avoir su mobiliser les électeurs, notamment dans les zones rurales, pour soutenir leur candidat”, note Euronews. Selon le média, “le PNL a demandé au Premier ministre en poste de démissionner au profit du président par intérim, Ilie Bolojan, accentuant ainsi les tensions au sein de la coalition”.
Bolojan va devoir nommer un nouveau Premier ministre, un choix qui devra être validé par le Parlement, précise Euronews. Après cette démission, “la Roumanie risque désormais jusqu’à quarante-cinq jours d’instabilité politique”,a déclaré à la BBC Elena Calistru, cofondatrice de l’association roumaine de citoyens Funky Citizens. “Cela crée un dangereux vide de pouvoir au moment même où [le pays] a le plus besoin d’un leadership stable.”
Selon les résultats définitifs du scrutin de dimanche, le candidat d’extrême droite George Simion, qui se revendique “trumpiste”, a remporté 41 % des suffrages et affrontera au second tour, le 18 mai prochain, le maire centriste proeuropéen de Bucarest, Nicusor Dan (21 %), rapporte la Süddeutsche Zeitung. “Depuis dimanche, il semble donc que [Simion], un ancien hooligan, pourrait bien devenir le prochain président roumain”, souligne le quotidien bavarois.
“Reconfiguration politique”
“Dan devra lancer une grande campagne de mobilisation pour stimuler la participation électorale et gagner des voix”, note la Frankfurter Zeitung. Mais “si le camp ‘proeuropéen’ roumain au sens large ne parvient pas à s’entendre sur un soutien unanime à Dan comme plus petit dénominateur commun”, il lui sera “difficile” de renverser la dynamique du premier tour, prévient le quotidien allemand.
Pour Elena Calistru, ces élections montrent en tout cas que “la Roumanie est en train de vivre un véritable reconfiguration politique, les deux vainqueurs du premier tour, George Simion et Nicusor Dan, s’étant présentés comme des candidats antisystème, bien que porteurs de visions radicalement opposées”.
“L’issue du scrutin dira si le rejet de l’establishment en Roumanie rime nécessairement avec une posture antieuropéenne, ou si le pays peut canaliser son désir de changement vers un renouveau démocratique constructif”,analyse-t-elle.
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