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1 year oldMoins de 10 % des adolescents anglais peuvent s’exprimer dans une langue étrangère contre 42 % des jeunes européens. Vingt ans après la réforme de Tony Blair, rendant l’apprentissage d’une langue étrangère optionnelle après l’âge de 14 ans, le bilan est catastrophique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Autrefois première langue étrangère enseignée outre-Manche, le français s’est effondré. Le nombre d’élèves la choisissant comme épreuve au diplôme de sortie du secondaire, les A-Levels, s’élève à… 7 000, contre près de 16 000 en 2003. L’Allemand se porte encore plus mal. Cette année, seulement 2 360 élèves de 18 ans ont choisi une épreuve dans la langue de Goethe contre 6 950 voici vingt ans. Seul l’Espagnol tire son épingle du jeu : en partant de bien plus bas, la langue de Cervantès est devenue la première langue étrangère enseignée au Royaume Uni avec 8 110 élèves la passant au bac anglais.
Ces chiffres ont une incidence dans l’enseignement supérieur avec des départements entiers dédiés aux langues modernes fermant chaque année faute d’étudiants et, désormais, faute de professeurs. L’université de Hull, dans le nord de l’Angleterre, n'a plus de département de langues modernes depuis cette année et celle d’Aberdeen, en Ecosse, doit trouver 15 millions de livres sterling pour boucler son budget : avec 37 enseignants pour… 27 étudiants, son département de langues n’est plus viable ! Pis : en vingt ans, la connaissance d’une langue étrangère est devenue l’apanage des écoles privées du royaume et des jeunes filles de la upper middle class, comprenez la grande bourgeoisie, comme autrefois le piano. Dévalorisé et considéré comme aussi contraignant qu’inutile, l'apprentissage d'une langue étrangère fait fuir les garçons des classes moyennes.
Aujourd’hui pourtant, les experts du pays tirent la sonnette d’alarme : la diplomatie et nombre de secteurs de l’économie pâtissent de ce monolinguisme borné. Et c’est le ministère du Commerce et de l’Innovation qui le dit. Il estime à 3,5 % du PIB le manque à gagner pour l’économie du pays. La Baronne Coussins, membre de la Chambre des Lords, estime que chaque livre investie dans l’enseignement des langues en rapporte deux à l’économie nationale en exportations et en croissance. "Parler l’anglais, c’est important, mais ne connaître que l’anglais est un véritable handicap sur le marché du travail global." Cela peut même être dangereux pour la sécurité nationale. Stephen Evans, ancien haut gradé de l’Otan, affirme que "la connaissance d’une langue s’accompagne de celle d’une culture, un point crucial pour travailler entre alliés et comprendre ceux qui nous veulent du mal." D’ailleurs, James Bond, diplômé de langues orientales, parlait couramment l’allemand, le français, l’italien et le russe.
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