Festival de Cannes 2025 : les sélections parallèles au complet

Pour faire le tri et extirper sa sélection du magma en fusion de la production internationale, Thierry Frémaux, délégué du festival de Cannes, a dû crawler à travers 2 909 longs métrages, un record assurait-il, témoignant d’une nette tendance inflationniste dans le vaste champ de la création. Idem pour Julien Rejl, responsable, lui, de la Quinzaine des cinéastes, sélection indépendante qui, avec la Semaine de la critique et l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), constitue les autres piliers d’une manifestation gloutonne et cependant connue pour son filtrage ultra exigeant. Julien Rejl a annoncé que son comité de sélection avait eu à considérer la candidature de 1 605 longs métrages. A l’arrivée, ils n’en ont retenu que 18 avec une forte présence de premiers films (au nombre de 8) qui vient ainsi grossir les rangs d’une année où l’on aura défriché puisque, par vocation, la Semaine de la critique ne retient que des premiers et deuxièmes films. La déléguée générale de la Semaine, Ava Cahen, a choisi, avec les membres de son comité (affichant de leur côté le visionnage de pas moins de 2 340 titres), 7 longs métrages et 4 autres pour des séances spéciales, soulignant que 6 films étaient signés par des femmes.

Le film d’ouverture de la Quinzaine, projeté le mercredi 13 mai, sera Enzo, nouveau film de Robin Campillo (après 120 Battements par minute et l’Ile rouge). Projet initié par le cinéaste Laurent Cantet en traitement contre un cancer qui finira par l’emporter alors qu’il avait mené écriture et préproduction (casting, repérages). Le film est produit par Marie-Ange Luciani, que l’on retrouve aussi à la production du film d’ouverture de la Semaine de la critique, l’Intérêt d’Adam, de la réalisatrice belge Laura Wandel.

La Quinzaine des cinéastes remet chaque année le carrosse d’or, prix honorant un artiste pour l’ensemble de son œuvre. C’est Todd Haynes qui a été choisi pour cette édition en tant que «cinéaste né au cœur de la contre-culture américaine et qui porte haut son héritage de remise en question des normes, qu’elles soient sociales, sexuelles ou artistiques». Un nouveau prix Alpine est créé en s’associant avec la marque de voiture de sport française, et récompense «les cinéastes qui ont l’audace de briser les codes». Le premier récipiendaire sera Thomas Cailley, révélé à la Quinzaine en 2014 avec les Combattants avant de démontrer sa capacité à casser cadres et codes dans le Règne animal en 2023.

Aussi bien Julien Rejl à la Quinzaine qu’Ava Cahen à la Semaine ont eu la rude tâche d’élaborer deux propositions alternatives cohérentes face au rouleau compresseur de la sélection officielle qui, entre la compétition Un certain regard, les séances spéciales et, depuis quelques années, Cannes première, absorbe de plus en plus les films les plus convoités. Or on peut noter que ni l’une ni l’autre des sélections alternatives ne cherchent désormais à récupérer les refusés de l’officielle. Chacune détermine, selon sa cinéphilie et son comité, une ligne éditoriale qui a permis, par exemple, à la Quinzaine d’arracher une caméra d’or (que le jury choisit en se faisant projeter l’intégralité des premiers films, toutes sections confondues) pour l’Arbre aux papillons d’or de Thien An Pham ou encore de montrer, pour la Semaine, l’an dernier, les Fantômes de Jonathan Millet, qui remportait après sa sortie le prix Louis-Delluc.

Quinzaine des cinéastes