Inde

Conflit au Cachemire : l’Inde promet une « réponse ferme » en cas de nouvelle attaque

Auteur: Agence France-Presse Source: Radio Canada
Mai 12, 2025 at 13:44
Le premier ministre Narendra Modi s'adressait pour la première fois aux Indiens depuis le déclenchement du conflit au Cachemire.  Photo : AP / Rajanish Kakade
Le premier ministre Narendra Modi s'adressait pour la première fois aux Indiens depuis le déclenchement du conflit au Cachemire. Photo : AP / Rajanish Kakade

Le premier ministre indien Narendra Modi a promis lundi « une réponse ferme » à toute nouvelle « attaque terroriste », deux jours après le cessez-le-feu qui a mis fin à la plus grave confrontation militaire de son pays avec le Pakistan depuis des décennies.

S'exprimant pour la première fois depuis le début des hostilités mercredi, le chef du gouvernement ultranationaliste hindou à New Delhi a une nouvelle fois accusé son voisin et rival d'avoir attaqué l'Inde plutôt que de combattre le terrorisme.

Cette nouvelle crise entre les deux puissances nucléaires a commencé quand des hommes armés ont abattu 26 hommes, majoritairement hindous, sur un site touristique au Cachemire indien. L'Inde a promis de répondre, accusant un groupe djihadiste soutenu par Islamabad. Le Pakistan dément tout lien.

 

Des hommes en habits militaires patrouillent dans une rue.
Des paramilitaires indiens patrouillaient dans les rues de Srinagar dimanche. PHOTO : GETTY IMAGES / SAJJAD HUSSAIN
 

Le Pakistan a choisi d'attaquer l'Inde plutôt que de combattre le terrorisme, a taclé lundi soir M. Modi, qui a assuré que son pays ne tolérera pas de chantage nucléaire.

 

Calme fragile

Si la rhétorique belliqueuse est toujours de mise dans les discours, sur le terrain, pour la première fois depuis plusieurs nuits, l'armée indienne n'a fait lundi état d'aucun incident significatif le long de la ligne de contrôle (LoC) qui sépare le Cachemire que les deux voisins se disputent depuis leur douloureuse partition en 1947.

La semaine dernière, ils s'étaient retrouvés au seuil d'une nouvelle guerre ouverte, échangeant attaques de drones, tirs d'artillerie et frappes de missiles, jusqu'à ce que le président américain Donald Trump annonce, à la surprise générale, le cessez-le-feu samedi.

Lundi, il a assuré avoir arrêté un conflit nucléaire.

 

Carte du Cachemire
Le Pakistan et l'Inde se disputent le Cachemire depuis des décennies. PHOTO : RADIO-CANADA / ÉMILE LORD-AYOTTE

 

Tout avait démarré mercredi avant l'aube, lorsque des missiles indiens ont détruit sur le sol pakistanais des mosquées et des écoles coraniques que New Delhi présente comme des camps terroristes. Une vingtaine de civils ont péri dans ces frappes.

Le Pakistan a aussitôt riposté, replongeant les deux voisins dans les pires heures de leur dernier conflit ouvert en 1999.

Selon leurs décomptes très partiels, ces combats ont tué une soixantaine de civils des deux camps.

Quelques heures après l'annonce du cessez-le-feu, l'Inde et le Pakistan se sont accusés de « violations répétées » de la trêve, alors que de violentes détonations secouaient durant la nuit Srinagar, la principale ville du Cachemire indien, et plusieurs endroits du territoire indien.

Mais le calme est revenu à l'aube des deux côtés de la frontière, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Des responsables militaires des deux pays doivent se parler au téléphone lundi en soirée pour discuter de la situation sur le terrain, a fait savoir l'état-major indien.

Ces hauts gradés discutent d'éléments tactiques et de violations du cessez-le-feu, explique à l'AFP le chercheur Abdul Basit. Ces discussions entre militaires peuvent seulement limiter les hostilités, pas résoudre des questions politiques.

Silence sur les pertes militaires

Dimanche soir, les hauts gradés des deux camps se sont bruyamment félicités, photos et vidéos à l'appui, d'avoir rempli leur mission, en évitant soigneusement de faire état de leurs pertes.

Les pertes font partie du combat, a concédé devant la presse le général AK Barthi, de l'armée de l'air indienne. Mais la seule question est de savoir si nous avons atteint notre objectif. Et la réponse à cette question est un oui éclatant.

Le même aviateur a refusé de commenter les affirmations du Pakistan, qui dit avoir abattu cinq chasseurs indiens, dont trois Rafale dernier cri de fabrication française. Tous nos pilotes sont rentrés, s'est-il contenté d'assurer.

 

Un avion dans le ciel.
Un avion de chasse indien de fabrication française photographié lors d'une manoeuvre en 2019. PHOTO : AFP/GETTY IMAGES / MANJUNATH KIRAN

 

Deux heures plus tard, le porte-parole de l'armée pakistanaise, le général Ahmed Chaudhry, a salué avec le même enthousiasme un succès sur le champ de bataille de ses troupes.

Nous avons tenu la promesse que nous avions faite à notre peuple, a-t-il ajouté, se vantant que des dizaines de drones pakistanais ont survolé l'Inde, notamment New Delhi.

Signe du retour à la normale, l'Autorité indienne de l'aviation civile a annoncé lundi la réouverture immédiate au trafic aérien de 32 aéroports du quart nord-ouest de son territoire.

Malgré ce cessez-le-feu, la prudence reste toutefois de mise dans les populations, encore sous le choc de la violence des derniers jours.

Un cessez-le-feu signifie que tout est réglé, mais ce n'est clairement pas le cas, a confié à l'AFP Kuldeep Raj, 56 ans, un habitant du village indien de Kotmaira, cible samedi soir de tirs d'artillerie pakistanais malgré la trêve.

Cela fait 50 ans que je vis le long de la LoC. Les trêves sont annoncées et les échanges de tirs reprennent quelques jours plus tard, a lancé en écho Mohammed Munir, un fonctionnaire pakistanais de 53 ans vivant à Chakhoti.

L'Inde et le Pakistan revendiquent l'entière souveraineté du Cachemire depuis leur indépendance en 1947.

En annonçant le cessez-le-feu, Donald Trump avait évoqué samedi des discussions en vue d'une solution au Cachemire. Une source gouvernementale à New Delhi a toutefois rapidement écarté cette éventualité.

Les relations(entre les deux pays) vont rester hostiles, les relations vont rester difficiles, prédit Praveen Donthi, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

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