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Attentat de Sydney: ce que l’on sait des deux assaillants, un père abattu par la police et son fils, hospitalisé dans un état critique

Auteur: user avatar admin Source: Le Figaro
Des secouristes transportent un blessé dans une ambulance après une fusillade survenue sur la plage de Bondi, à Sydney, le 14 décembre 2025.  Photo : Getty Images / SAEED KHAN / AFP
Des secouristes transportent un blessé dans une ambulance après une fusillade survenue sur la plage de Bondi, à Sydney, le 14 décembre 2025. Photo : Getty Images / SAEED KHAN / AFP

Deux hommes ont ouvert le feu dimanche, ciblant une célébration de Hanoukka et faisant 15 morts. L’enquête révèle que l’un des assaillants était déjà suivi en 2019 pour des liens présumés avec l’État islamique, sans être jugé dangereux à l’époque.

Par Louise Dugast

L’enquête progresse après l’attaque terroriste qui a frappé dimanche soir la plage de Bondi, à Sydney, faisant au moins 15 morts, dont un Français, et plus de 40 blessés. Les deux assaillants, un père et son fils, étaient connus des autorités australiennes, sans être considérés comme une menace immédiate. Des éléments recueillis depuis la fusillade tendent à accréditer la piste d’un passage à l’acte djihadiste ciblant la communauté juive. Si les autorités australiennes n’ont pas encore communiqué de manière exhaustive sur les motivations exactes des suspects, le caractère antisémite et terroriste de l’attaque ne fait guère de doute. « Il s’agit d’un acte purement maléfique, antisémite et terroriste », a dénoncé lundi le premier ministre Anthony Albanese, rapporte l’AFP.

Les deux hommes impliqués dans la fusillade ont été identifiés par les médias australiens comme Sajid Akram, 50 ans, abattu par la police sur les lieux, et son fils, Naveed Akram, 24 ans, grièvement blessé et hospitalisé dans un état critique, sous surveillance policière. La police de Nouvelle-Galles-du-Sud a confirmé qu’il s’agissait bien d’un père et de son fils, sans pour autant détailler leur parcours judiciaire.

Selon les forces de l’ordre, les assaillants ont utilisé des « armes à longue portée » et ont ouvert le feu à au moins 40 reprises pendant une dizaine de minutes sur la foule rassemblée pour célébrer Hanoukka, fête juive marquant la victoire de la lumière sur les ténèbres. « Cette attaque visait la communauté juive de Sydney le premier jour de Hanoukka », a déclaré le premier ministre de l’État, Chris Minns. La police a rapidement qualifié les faits d’« acte terroriste » à caractère « antisémite ».

Des liens anciens avec la mouvance de l’État islamique

Selon la chaîne publique ABC, l’un des deux tireurs, Naveed Akram, avait déjà fait l’objet d’une enquête des services de renseignement australiens pour ses liens présumés avec une cellule locale de l’organisation État islamique (EI). À l’époque, il était soupçonné d’être étroitement lié à un membre de l’EI arrêté en juillet 2019 et condamné pour avoir préparé un projet d’attentat en Australie.

Interrogé dimanche, le patron du renseignement intérieur australien, Mike Burgess, a confirmé que l’un des auteurs était « connu de nos services, mais pas en tant que menace immédiate ». Le premier ministre Anthony Albanese a précisé que Naveed Akram avait attiré l’attention des autorités dès octobre 2019, mais qu’« aucune indication d’une menace persistante ou imminente de violence » n’avait alors été identifiée.

Selon plusieurs hauts responsables cités anonymement par ABC, les enquêteurs antiterroristes estiment aujourd’hui que le père et le fils avaient prêté allégeance à l’organisation djihadiste. Deux drapeaux de l’État islamique auraient été retrouvés dans leur véhicule, l’un d’eux étant visible sur des images prises sur les lieux de l’attaque. La police de Nouvelle-Galles-du-Sud a toutefois indiqué ne pas être en mesure de confirmer officiellement ces informations à ce stade.

Une attaque préparée en amont

Sajid Akram, le tireur décédé, était arrivé en Australie en 1998 avec un visa étudiant, avant d’obtenir en 2001 un visa de partenaire permettant aux citoyens australiens de faire venir leur conjoint, puis un visa de résident de retour qui garantit le statut de résident permanent selon le ministère de l’Intérieur. Il était titulaire d’un permis de port d’armes et possédait légalement six armes à feu, toutes susceptibles d’avoir été utilisées lors de l’attaque, d’après la police. Membre d’un club de tir et détenteur d’un permis pour la chasse récréative, le quinquagénaire ne faisait pas l’objet de poursuites connues. Les autorités estiment à ce stade qu’aucun autre complice n’est impliqué.

Les enquêteurs soupçonnent que les deux hommes se soient préparés à l’attaque dans un logement de location de courte durée situé à Campsie, à une trentaine de minutes de route de Bondi Beach, rapporte The Guardian . Un bâtiment désormais au cœur de l’enquête antiterroriste. La police a également perquisitionné le domicile familial, situé dans la banlieue de Bonnyrigg, à environ une heure de Sydney. Plusieurs armes à feu y ont été saisies. Une ancienne voisine, interrogée par la BBC, a confié sa stupeur en apprenant l’identité des suspects : « Quand j’ai vu les informations, je me suis dit : “Mon Dieu, ça ne peut pas être eux.” »

De son côté, Verena Akram, épouse du tireur abattu et mère du suspect hospitalisé, a pris la parole pour livrer son récit. Elle affirme avoir cru, jusqu’à la dernière minute, à un week-end sans histoire. Le père et le fils lui avaient simplement indiqué qu’ils partaient pêcher. Dimanche, son fils l’aurait appelée pour lui décrire une journée banale. « Il m’a dit qu’il était allé nager, qu’il avait fait de la plongée sous-marine, qu’ils allaient manger, puis rester à la maison le lendemain à cause de la chaleur », a-t-elle relaté.

Confrontée ensuite aux images de la fusillade diffusées par les médias, la mère assure ne pas reconnaître son fils et dit ne pas croire à son implication dans l’attaque. « Il n’a pas d’arme à feu. Il ne sort pas. Il ne boit pas, il ne fume pas. Il va au travail, il rentre à la maison, il fait du sport. C’est un bon garçon », a-t-elle déclaré, selon The Sydney Morning Herald .

« Ce n’est pas moi, je n’ai rien à voir avec l’incident »

Dans les heures qui ont suivi la fusillade, des photos d’un troisième homme, portant un maillot vert de l’équipe de cricket du Pakistan, ont largement circulé sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes l’ont à tort identifié comme l’un des assaillants, en raison de la similitude de son nom avec celui du tireur présumé.

L’homme, également prénommé Naveed Akram, a dû intervenir publiquement pour démentir toute implication. Dans une vidéo diffusée par le consulat du Pakistan à Sydney, il a imploré les internautes de cesser la désinformation. « Selon les médias, l’un des tireurs s’appellerait Naveed Akram, et moi je m’appelle également Naveed Akram. Ce n’est pas moi, je n’ai rien à voir avec l’incident », a-t-il déclaré, condamnant une fusillade « terrible ».

Installé en Australie depuis 2018 pour ses études, cet homme de 30 ans affirme avoir reçu de nombreuses menaces de mort. « Je suis terrifié. Je ne peux pas sortir, ma vie est en danger », a-t-il confié, précisant que sa famille, restée au Pakistan, avait également reçu des appels inquiétants. « Je ne pouvais même pas dormir la nuit dernière », a-t-il ajouté, disant avoir supprimé de nombreux messages haineux.

L’enquête antiterroriste se poursuit pour établir avec précision le parcours de radicalisation des deux assaillants, leurs éventuels soutiens et les circonstances exactes ayant conduit à l’un des attentats les plus meurtriers qu’ait connus l’Australie ces dernières années.

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