Discours devant le Congrès. “Combatif”, Donald Trump “ne fait que commencer”

“Un Trump combatif fait écho à ses thèmes de campagne”, titre The New York Times au moment de résumer le long discours – environ 105 minutes – du président américain face au Congrès mardi soir. De son côté, Politico retient que Donald Trump a fait de son intervention un “discours sur la guerre culturelle”. Pour CNN, il a “persisté dans son programme clivant”

D’entrée, après les remerciements d’usage, Donald Trump l’a annoncé : “l’Amérique est de retour”, prévenant que même si son administration avait fait plus en quarante-trois jours “que la plupart des autres en quatre ou huit ans”,elle ne “faisait que commencer”. Il a répété son ambition d’ouvrir le “nouvel âge d’or” de l’Amérique, comme lors de son investiture. Dans la salle, les républicains ont entonné des “USA, USA, USA”, relève Fox News.

Devant J. D. Vance, son vice-président, et Mike Johnson, le speaker de la Chambre des représentants, réagissant avec emphase à chaque mot du locataire de la Maison-Blanche, il a abordé la situation à la frontière, affirmant que jamais aussi peu d’immigrés clandestins ne l’avaient franchie. Et c’est sur ce thème de l’immigration qu’il a peut-être eu la formule la plus marquante de la soirée. Les démocrates voulaient de nouvelles législations pour régler la crise à la frontière, a-t-il dit, “il semblerait qu’en fait il suffisait d’un nouveau président”.

Politico remarque qu’il “n’a passé que vingt secondes sur l’un des sujets les plus pressants pour les Américains : le prix des œufs, blâmant son prédécesseur”. Il s’est vite félicité de l’état de l’économie américaine, parlant de l’optimisme du milieu des affaires. “Bien que de nombreuses études montrent que les chefs d’entreprise sont confiants, les consommateurs montrent plutôt des signes d’inquiétude”, nuance The Wall Street Journal.

Le New York Times décrit également des “applaudissements polis” de plusieurs républicains quand il a évoqué les taxes douanières et leur effet, positif selon lui, sur l’économie. Les républicains “n’aiment pas” les taxes douanières, rappelle le quotidien. Les agriculteurs non plus, “une communauté très nerveuse”, note encore le New York Times.

Ses mots sur les athlètes transgenres interdits de participer à des compétitions sportives, sur l’exploitation de minerais rares aux États-Unis, sur la fin du wokisme et des politiques sur la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI) ou sur les économies supposées du Doge, ont été accueillis avec beaucoup plus de ferveur par le public. Il a salué Elon Musk, en costume et acclamé, avant de lister les fraudes que le milliardaire et son équipe auraient identifiées dans le budget de l’État. “Les chiffres restent flous”, relativise toutefois Politico.

Les démocrates protestent

Donald Trump a tardé à parler de politique étrangère. Encore une fois, il a annoncé que l’Amérique allait “revendiquer” le canal de Panama. Concernant le Groenland, “je pense que nous l’aurons, d’une manière ou d’une autre”, a-t-il ajouté. Quant à l’Ukraine, quatre jours après sa rencontre tendue avec Volodymyr Zelensky, le président américain a indiqué que son homologue l’avait contacté et que la paix se rapprochait.

La paix avec les démocrates n’a pas encore été déclarée, en revanche. “Chaos dans la Chambre”, a souligné le Wall Street Journal. Après quelques minutes seulement, les huées d’Al Green, élu du Texas, ont poussé Mike Johnson à l’exclure de la salle. Les autres démocrates – parfois habillés en rose – ont protesté moins bruyamment et agité des petites pancartes clamant “Musk vole”, “Sauver Medicaid”, “Protéger les vétérans” ou simplement “Faux”. Un journaliste du site de CNN a rappelé que, lors d’un discours de Barack Obama en 2009, les cris “Vous mentez !” avaient beaucoup choqué. Ce type de réaction était inhabituel à l’époque. “Comme les temps ont changé”, ironise le journaliste.

Le 47e président américain n’a pas ignoré ces signes de mécontentement et n’a pas hésité à les commenter. “Encore et encore, Trump s’adresse aux démocrates présents dans le public avec mépris. Se vantant de sa victoire, critiquant les politiques de l’administration Biden… Ces discours au Congrès ont pu être contentieux dans le passé. Mais pas comme ça, pas avec une telle colère venant du président à l’encontre du parti qu’il a battu”, s’étonne le New York Times.