Les yéménites avaient déjà annoncé avoir frappé des navires de guerre américains, dimanche. Washington n’a confirmé aucune des attaques. Le « bilan définitif » de l’attaque aérienne américaine de samedi est de 53 morts, selon les houthistes.
Les rebelles houthistes du Yémen ont revendiqué, lundi 17 mars au matin, une deuxième attaque dans le nord de la mer Rouge contre le porte-avions américain Harry-Truman, un bâtiment qu’ils ont déjà dit avoir visé dimanche. Les houthistes parlent, dans un communiqué sur Telegram, d’« un engagement qui a duré plusieurs heures » au moyen « de nombreux missiles balistiques et de croisière » et de « drones ».
Comme pour la précédente attaque, les Etats-Unis n’ont pas confirmé. Le commandement central américain pour le Moyen-Orient (CentCom) s’est contenté, dans la nuit de dimanche à lundi, de dire que ses forces « continuent les opérations contre les terroristes houthistes soutenus par l’Iran », sans plus de détails.
D’après des médias houthistes, Washington a de nouveau procédé à des frappes dans la nuit de dimanche à lundi, ciblant une usine d’égrenage de coton dans la région d’Hodeïda (Ouest) et le poste de pilotage du Galaxy-Leader, un navire capturé, il y a plus d’un an, par les rebelles. Face à l’escalade, l’Organisation des Nations unies (ONU) a demandé aux Etats-Unis et aux rebelles yéménites « l’arrêt de toute activité militaire ».
Les attaques revendiquées par les houthistes contre des navires militaires américains font suite aux frappes effectuées, samedi, par les Etats-Unis contre la rébellion yéménites. Des bombardements qui ont fait 53 morts, dont cinq enfants, et 98 blessés, selon un « bilan définitif » publié dimanche soir par le ministère de la santé des rebelles. Le précédent bilan faisait état de 31 morts.
Dans un discours à la télévision dimanche, le chef des houthistes, Abdel Malik Al-Houthi, avait annoncé que la rébellion continuerait à viser des navires de marchandise américains en mer Rouge tant que les Etats-Unis « poursuivraient leur agression ». Il a, par ailleurs, appelé les Yéménites à se rassembler, lundi, « par millions » pour protester contre les frappes américaines qui ont visé, samedi, notamment Sanaa, la capitale du Yémen.
« Plusieurs dirigeants-clés des houthistes » tués, selon Washington
Les Etats-Unis avaient dit, dimanche, avoir ciblé des bastions rebelles à la suite de menaces contre le commerce maritime et contre Israël, tuant « plusieurs dirigeants-clés des houthistes », selon le conseiller à la sécurité nationale américain, Mike Waltz. Donald Trump avait promis « l’enfer » aux « terroristes houthistes » et sommé l’Iran de cesser de soutenir ces rebelles, qui ont multiplié les attaques contre des navires au large du Yémen depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
« En réponse à cette agression [américaine], les forces armées ont mené une opération militaire (…) visant le porte-avions américain Harry-Truman et les navires de guerre qui l’accompagnent dans le nord de la mer Rouge », avaient déclaré, dimanche, les houthistes, affirmant avoir tiré, lors d’une première attaque sur le porte-avions, dix-huit missiles et un drone.
Les houthistes contrôlent de larges pans du Yémen, dont la capitale, Sanaa. Ils font partie, avec le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah, au Liban, de ce que l’Iran appelle l’« axe de la résistance » face à Israël. Ces deux mouvements ont condamné les raids américains, qui, selon le ministère de la santé des houthistes, ont touché Sanaa, le gouvernorat de Saada, dans le nord du Yémen, et la ville de Radaa, dans le centre.
Depuis le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre 2023, les houthistes ont mené plusieurs attaques de missiles contre Israël et des navires accusés de liens avec ce pays, affirmant agir « en solidarité avec les Palestiniens ». Les attaques ont cessé après l’entrée en vigueur d’une trêve le 19 janvier. Mais, après le refus d’Israël de permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien, les rebelles ont annoncé, le 11 mars, leur intention de les reprendre.
Menaces américaines contre l’Iran
« Ne menacez pas le peuple américain, son président (…) ou les routes maritimes mondiales. Et si vous le faites, attention, parce que l’Amérique vous en tiendra totalement responsable ! », a lancé, samedi, Donald Trump à l’adresse de l’Iran. Téhéran a condamné des frappes « barbares » et rejeté les menaces du président américain. « Le gouvernement américain n’a aucune autorité et aucun droit de dicter la politique étrangère de l’Iran », a rétorqué le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi.
Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a affirmé, dimanche, que « la poursuite des attaques houthistes contre les navires militaires et commerciaux américains en mer Rouge ne sera[it] pas tolérée ». M. Lavrov, dont le pays est proche de l’Iran, a répondu que toutes les parties devraient s’abstenir de recourir à la force au Yémen.
L’Organisation des Nations unies (ONU) a demandé, dimanche, aux Etats-Unis et aux rebelles de cesser leurs attaques. « Toute nouvelle escalade pourrait exacerber les tensions régionales, alimenter des cycles de représailles susceptibles de déstabiliser davantage le Yémen et la région, et faire peser de graves risques sur la situation humanitaire déjà désastreuse dans le pays », a déclaré, dans un communiqué, Stéphane Dujarric, le porte-parole d’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.
La Chine a appelé, pour sa part, au « dialogue » et à une désescalade affirmant que « la situation en mer Rouge et la question yéménite ont des causes complexes et doivent être résolues de manière appropriée par le dialogue ». Quant au porte-parole du ministère des affaires étrangères allemand, Sebastian Fischer, il a déclaré, lundi, que toutes les réactions aux attaques des houthistes devaient se faire « en accord avec le droit international ».
Pays pauvre de la péninsule Arabique, peuplé de 38 millions d’habitants, le Yémen est en proie, depuis 2014, à une guerre civile opposant les houthistes au gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite. La guerre a fait des centaines de milliers de morts.
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