Déplorant des peines « incroyablement excessives », les avocats de l'ancien président brésilien ont promis de déposer « les recours appropriés, y compris au niveau international ». Jair Bolsonaro a été déclaré coupable d'avoir dirigé une « organisation criminelle ».
Le couperet est tombé. À l'issue d'un procès historique et malgré les intenses pressions de Donald Trump en faveur de l'accusé, Jair Bolsonaro a été condamné jeudi soir à 27 ans de prison pour tentative de coup d'Etat.
Par quatre voix contre une, la Cour suprême a déclaré coupable l'ex-président brésilien (2019-2022), 70 ans, d'avoir dirigé une « organisation criminelle » ayant conspiré pour assurer son « maintien autoritaire au pouvoir » après sa défaite face au président de gauche actuel, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de l'élection de la fin 2022. Un séisme, à un peu plus d'un an de la prochaine présidentielle en 2026.
Peines « incroyablement excessives »
Selon l'accusation, le projet prévoyait notamment l'assassinat de Lula et ne s'est pas concrétisé faute de soutien de la hiérarchie militaire. Les émeutes qui avaient vu le 8 janvier 2023, une semaine après l'investiture de Lula, des milliers de sympathisants bolsonaristes prendre d'assaut et vandaliser les sièges des institutions à Brasilia auraient été l'« ultime espoir » de voir aboutir le complot.
Outre Jair Bolsonaro, la haute juridiction a condamné sept anciens proches collaborateurs de l'ancien président, dont plusieurs ex-ministres et généraux, à des peines allant de deux à 26 ans de prison. Inéligible jusqu'en 2030 et assigné à résidence, Jair Bolsonaro n'était pas présent à l'audience, pour motif de santé selon sa défense.
Déplorant des peines « incroyablement excessives », ses avocats ont promis de déposer « les recours appropriés, y compris au niveau international ». Selon une source de la Cour suprême, la défense aura cinq jours pour faire appel, une fois le jugement publié. Jair Bolsonaro ne pourrait être envoyé en prison qu'une fois tous ses recours épuisés, a expliqué à l'AFP Thiago Bottino, professeur de droit pénal à la fondation Getulio-Vargas.
Les Etats-Unis promettent des représailles
C'est pourquoi ses soutiens ne baissent pas les bras. L'ancien chef de l'Etat garde « la tête haute pour affronter cette persécution », a réagi le sénateur Flavio Bolsonaro, son fils aîné. Et le camp conservateur va mettre « toutes ses forces » pour « unir le Parlement » autour d'un projet d'amnistie incluant son leader, a-t-il affirmé.
« C'est très surprenant que ça puisse arriver », a aussi réagi Donald Trump après la condamnation de son allié, la comparant à ses propres déboires judiciaires passés. Et le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio d'aussitôt promettre des représailles : les Etats-Unis vont « répondre en conséquence » à cette condamnation « injuste », a-t-il assuré. Le Brésil a répliqué qu'il ne se laisserait pas « intimider » par des « menaces ».
Car l'affaire Bolsonaro est aussi à l'origine d'une crise sans précédent entre la première puissance d'Amérique latine et les Etats-Unis. Dénonçant une « chasse aux sorcières » contre Jair Bolsonaro, Donald Trump a imposé depuis début août une surtaxe punitive de 50 % sur une part importante des exportations brésiliennes, déclenchant une guerre commerciale ouverte avec le plus grand pays d'Amérique du Sud.
Le quatrième président condamné
Au Brésil, c'est la première fois qu'un ancien chef de l'Etat est condamné pour de tels faits, dans un pays encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985). Mais Jair Bolsonaro devient tout de même le quatrième ancien locataire du palais présidentiel à être condamné depuis le retour à la démocratie il y a 40 ans.
Avant lui, Fernando Collor de Mello, Michel Temer et Lula (qui fit deux premiers mandats entre 2003 et 2010) ont été condamnés pour corruption. Lula a été incarcéré en 2018-2019, avant que sa condamnation ne soit annulée pour vice de