La population reproche aux autorités un manque de réactivité et de préparation face à la catastrophe meurtrière qui a frappé le sud-est du pays cette semaine. Le couple souverain a fini par quitter les lieux.
Les images en disent long sur la colère de la population. Le roi Felipe VI a été fortement chahuté ce dimanche par des habitants en colère alors qu’il se rendait sur le terrain après les inondations meurtrières qui ont frappé l’Espagne. Aux côtés de son épouse, la reine Letizia, il est arrivé dans le sud-est du pays, où de nouvelles pluies de forte intensité sont attendues après les inondations sans précédent du début de semaine qui ont déjà fait au moins 217 morts.
Accompagnés du Premier ministre Pedro Sánchez et du président de la région Carlos Mazón, les souverains sont arrivés peu après midi à Paiporta, commune d’environ 25 000 habitants située dans la banlieue de Valence, l’une des plus endeuillées par les intempéries. Un passage très mal accueilli par des habitants réunis sur place.
Sur des images diffusées par la télévision nationale, on le voit escorté sous les huées, voire les projectiles. « Assassins ! », a également crié la foule aux dirigeants espagnols qui l’accompagnaient. Le couple souverain a même reçu de la boue jetée au visage et sur les vêtements, des scènes qui ont frisé l’émeute. Le roi Felipe VI et la reine Letizia ont tenté de parler aux résidents et de calmer leur colère, mais ils ont fini par quitter les lieux et mettre fin à leur visite à Paiporta.
Momentos de tensión en la visita de los reyes a Paiporta (Valencia): varias personas increpan a Felipe VI al grito de "asesinos", tiran barro y piedras, y hieren a uno de los guardaespaldas
— Cadena SER (@La_SER) November 3, 2024
📹Vídeo del enviado especial de @La_SER, @AldoGCaeiro pic.twitter.com/ZUPjcwcEWd
Selon la radio Cadena SER, le cortège a essuyé des jets de boue et de pierres, et un garde du corps a été blessé. Sur d’autres vidéos circulant en ligne, on voit aussi les forces de l’ordre tenter de repousser la foule en colère pour l’éloigner des responsables politiques.
Los vecinos de Paiporta están abucheando y lanzando barro al monarca Felipe VI que ha acudido a hacerse la foto en las zonas afectadas por la DANA. pic.twitter.com/2l1GC55wAL
— Fonsi Loaiza (@FonsiLoaiza) November 3, 2024
L’hostilité de ces habitants était en particulier dirigée contre le président de droite de la région de Valence Carlos Mazón et le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez. « Mazón démission ! », « combien de morts ? », « dehors ! », hurlait la foule, qui accuse les autorités de les avoir abandonnés à leur sort.
La réactivité face à la catastrophe mise en cause
Depuis le début des intempéries mardi, les autorités font en effet l’objet de critiques sur la gestion de la catastrophe, certaines voix estimant que le risque pour les populations avait mal été anticipé. Le gouvernement régional de Valence est notamment accusé d’avoir envoyé très tardivement mardi un message d’alerte téléphonique aux habitants, alors que l’Agence météorologique espagnole (Aemet) avait placé la région en « alerte rouge » dès la matinée.
« Je suis conscient que la réponse qui est donnée n’est pas suffisante et qu’il y a des problèmes et des carences », mais « le temps viendra d’analyser » les éventuelles « négligences », a insisté ces dernières heures le Premier ministre Pedro Sánchez.
Ce dimanche, les souverains se sont rendus dans le centre de crise mis en place par les autorités, où ils ont pris connaissance des dernières informations concernant les opérations de secours, a précisé la maison royale dans un message sur X. Ils devaient ensuite se rendre à Chiva, une autre ville des environs de Valence durement frappée par la tragédie.
Le bilan pourrait encore s’alourdir
Leur visite survient alors que l’Aemet a émis une nouvelle alerte orange pour de fortes pluies dans la région de Valence, où pourraient tomber par endroits 100 litres d’eau par mètre carré (soit 10 cm). Une alerte rouge - synonyme de danger extrême - a, par ailleurs, été émise pour la province d’Alméria, en Andalousie (sud), en raison d’un risque d’inondations.
Selon un dernier bilan, 217 personnes ont péri dans les inondations, dont 213 dans la seule région de Valence, trois en Castille-la-Manche, où le corps sans vie d’une sexagénaire de Letur portée disparue mardi a été découvert dimanche matin, et une en Andalousie.
Les autorités s’attendent à ce que le bilan s’alourdisse. « Il reste encore des rez-de-chaussée inondés ou des garages, des sous-sols et des parkings à déblayer et il est prévisible que des personnes décédées se trouvent dans ces espaces », a ainsi déclaré le ministre des Transports, Oscar Puente, dans un message sur X. Selon lui, le bilan a relativement peu évolué depuis 48 heures parce que les secours ont d’abord exploré « les zones plus accessibles », situées « en superficie ».
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