Paul Biya, 91 ans, n'a plus été vu depuis le début du mois de septembre. Une absence prolongée qui alimente les rumeurs autour de l'état de santé du président camerounais. Le gouvernement a fini par publier un communiqué mardi assurant que Paul Biya était en Suisse "et rejoindra le Cameroun dans les prochains jours".
Le président camerounais Paul Biya à son arrivée à l'aéroport international de Pékin, le 4 septembre 2024, pour le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). © Wu Hao, AFP
Où est passé Paul Biya? La question agite le Cameroun depuis que le chef de l'État s'est volatilisé après un déplacement à Pékin pour le Forum de coopération Chine-Afrique (Focac) organisé du 4 au 6 septembre.
Ouverture officielle, ce 5 septembre 2024, du Forum sur la Coopération Sino-Africaine.
— President Paul BIYA (@PR_Paul_BIYA) September 5, 2024
J’ai suivi avec attention, le programme en dix points exposé par S.E. Xi Jinping dans le cadre de la vision d’un partenariat stratégique global avec l'Afrique.#PaulBiya#Cameroun#FOCAC2024 pic.twitter.com/Cq6OSp8Au9
Depuis, silence radio. Attendu à la 79e Assemblée générale des Nations Unies, puis au sommet de la Francophonie organisé en France, le dirigeant de 91 ans ne s’est pas présenté à ces événements majeurs du calendrier diplomatique, sans fournir d'explication. Paul Biya a également manqué la finale de la Coupe du Cameroun, un match de football qui marque la fin de la saison sportive dans le pays.
Cette situation n'a pas manqué d'alimenter les rumeurs déjà nombreuses sur l'état de santé du plus vieux dirigeant élu en exercice au monde, qui gouverne sans partage le Cameroun depuis plus de 41 ans. Désireux de connaître la vérité, un ancien candidat à la présidentielle a choisi de demander des comptes aux autorités.
Dans une lettre adressée la semaine dernière au directeur du cabinet de la présidence de la République Christian Ntimbane s'insurge contre le manque de transparence du gouvernement. "S'il est en congés dites-le. S'il est malade, dites-le aussi. Un président de la République peut tomber malade", demande-t-il dans son communiqué.
Un président qui se montre très peu
Le gouvernement a fini par réagir, mardi 8 octobre, assurant que Paul Biya s'est "accordé un bref séjour privé en Europe" et "rejoindra le Cameroun dans les tout prochains jours".
Communiqué du Gouvernement du #Cameroun sur les rumeurs qui circulent autour de l’état du Président de la République. #TT237 pic.twitter.com/bKqRjuMzFr
— MINCOM Cameroon (@MincomCameroun) October 8, 2024
De son côté, le cabinet de la présidence a fermement condamné les rumeurs, insistant sur "l'excellent état de santé du chef de l'État qui travaille et vaque à ses occupations à Genève". Des explications qui peinent à convaincre les Camerounais si l'on en croit les réactions sur les réseaux sociaux
Comme le rapporte RFI, les autorités ont réagi sous la pression d'une vidéo diffusée en ligne par une chaîne de télévision privée d'opposition implantée aux États-Unis. Africa Broadcasting Service (ABS) a affirmé, le 8 octobre, que Paul Biya était décédé, assurant avoir obtenu des informations en provenance de France, du Cameroun et de Suisse
Les rumeurs sur la santé du président nonagénaire sont nombreuses : il n'apparaît plus que pour de rares discours télévisés, enregistrés et péniblement énoncés. Ou sur des photos et vidéos de fêtes de famille, au côté de son influente épouse Chantal.
Ses détracteurs l'accusent de régner depuis une tour d'ivoire plantée dans son village natal de Mvomékaa, dans le sud, où il passe l'essentiel de son temps quand il n'est pas à Genève, alors que le Cameroun affronte d'importants défis sécuritaires, économiques et sociaux.
Le Cameroun fait notamment face à deux conflits sanglants, contre les jihadistes dans l'extrême nord et contre les indépendantistes armés dans l'ouest peuplé par la minorité anglophone. Là, l'armée et les séparatistes sont accusés de commettre des crimes contre les civils par les ONG et l'ONU. Ce conflit a fait plus de 6 000 morts et déplacé plus d'un million de personnes en moins de six ans, selon International Crisis Group.
Avec AFP
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