Trump nomme un animateur de Fox News à la tête du Pentagone et recrute Elon Musk
Au cours d'une journée particulièrement prolifique, mardi, le président américain désigné, Donald Trump, a annoncé neuf nouvelles nominations, dont celles des secrétaires à la Défense et à la Sécurité intérieure, de même que des directeurs de la CIA et du renseignement national, en plus de confirmer l'ajout de l'homme d'affaires multimilliardaire Elon Musk à son équipe.
Les nominations se sont précipitées en fin de journée, Donald Trump confirmant notamment avoir recruté Elon Musk, qui s'est activement impliqué dans sa campagne, pour amputer les dépenses publiques par l'entremise d'un nouveau département sur l'efficacité gouvernementale.
À la tête entre autres de Tesla, de Space X et du réseau social X ainsi que détenteur de contrats gouvernementaux d'une valeur de plusieurs milliards de dollars américains, l'entrepreneur avait lui-même lancé cette idée, dont bénéficieront ses entreprises. L'exercice, a-t-il déjà dit, aidera les États-Unis à se débarrasser des réglementations qu'il considère comme néfastes pour l'économie et dissuasives pour les affaires.
Donald Trump a annoncé dans un communiqué de presse que l'homme d'affaires milliardaire Vivek Ramaswamy, un de ses rivaux dans la course à l'investiture républicaine, partagera la responsabilité de ce département avec M. Musk.
Ensemble, ces deux formidables Américains ouvriront la voie pour que mon administration démantèle la bureaucratie gouvernementale, réduise les réglementations excessives, réduise les dépenses inutiles et restructure les agences fédérales.
Une citation de Donald Trump, président désigné des États-Unis
Cela va secouer le système et tous ceux impliqués dans le gaspillage gouvernemental, et ils sont nombreux!, a déclaré Elon Musk, cité dans le communiqué. Pendant la campagne, il s'est dit convaincu de pouvoir amputer le budget fédéral de 6750 milliards de dollars américains d’au moins 2000 milliards.
Néophyte à la rhétorique incendiaire, Vivek Ramaswamy s’était rapidement rallié au meneur après son retrait de la course. Pourfendeur de l'État profond et du wokisme, il a déjà suggéré l'abolition du FBI.
Donald Trump a aussi choisi plusieurs des proches collaborateurs qui mettront en œuvre sa vision de la sécurité nationale et de la politique étrangère ainsi que de l'enjeu migratoire, qu'il a inscrit au cœur de sa campagne.
Il a notamment annoncé la nomination de la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, comme secrétaire à la Sécurité intérieure, un département lié à l'exécution des politiques migratoires.
Ce poste sera crucial pour mener une politique frontalière plus restrictive et pour réaliser sa promesse phare de procéder à des expulsions massives de migrants illégaux.
Elle garantira que notre patrie soit protégée de nos adversaires, a-t-il soutenu.
Mme Noem, une alliée indéfectible qui était sur la liste de ses colistiers potentiels, avait vu ses chances s'évanouir vraisemblablement après qu'elle eut raconté avoir tué son chien par balles dans sa biographie, parue plus tôt cette année. Elle s'était démarquée pendant la pandémie de COVID-19 par son approche particulièrement permissive.
Défense et sécurité nationale
Donald Trump a aussi indiqué avoir nommé comme secrétaire à la Défense Pete Hegseth, un ancien major de l'armée américaine devenu présentateur sur Fox News, une chaîne câblée prorépublicaine.
Le coanimateur de l'émission Fox and Friends a défendu plusieurs des positions controversées de l'ancien président et a plaidé, avec succès, pour qu'il intervienne dans les affaires de crimes de guerre impliquant trois militaires américains, qu'il avait décrits comme des victimes de persécution.
Avec Pete à la barre, les ennemis de l'Amérique sont prévenus : nos forces armées connaîtront à nouveau la grandeur et l'Amérique ne reculera jamais.
Une citation de Donald Trump, président désigné des États-Unis
Donald Trump a aussi recruté le représentant de la Floride Mike Waltz, un ancien militaire, comme conseiller à la sécurité nationale, et l'ancien représentant John Ratcliffe comme directeur de la CIA, l'agence centrale de renseignement américaine, en plus de choisir, notamment, deux des figures de sa diplomatie au Proche-Orient.
Mike a été un ardent défenseur de mon programme de politique étrangère "L'Amérique d'abord" et il sera un ardent défenseur de notre quête de la paix par la force, a déclaré Donald Trump dans un communiqué.
Avec le secrétaire d'État – un poste qui reste à pourvoir, mais pour lequel le sénateur de la Floride Marco Rubio est pressenti –, Mike Waltz sera l'architecte de la politique étrangère du 47e président américain. Ce dernier a entre autres promis de mettre fin aux guerres en Ukraine et au Proche-Orient, sans toutefois préciser comment.
Ancien membre des forces spéciales décoré à de nombreuses reprises pour sa bravoure, Mike Waltz est considéré comme un faucon sur les questions de sécurité nationale, notamment par rapport à la Chine et à l'Iran, et est un allié indéfectible d'Israël.
Il a siégé aux comités stratégiques de la Chambre des représentants sur les forces armées, les affaires étrangères et le renseignement.
Au cours des derniers mois, le nouvel ajout à l'administration Trump, qui a déjà appuyé l'aide militaire à l'Ukraine, a mis en cause l'importance du soutien financier apporté à ce pays par les États-Unis, appelant les pays de l'OTAN à en faire plus.
Le mois dernier, il a plaidé, dans un article publié par The Economist, pour un dénouement rapide des guerres en Ukraine et au Moyen-Orient afin de recentrer les priorités de politique étrangère autour d'une politique plus musclée à l'endroit de Pékin.
Sa nomination n'aura pas besoin d'être approuvée par le Sénat.
C'est le deuxième représentant que choisit Donald Trump après Elise Stefanik, nommée lundi ambassadrice des États-Unis à l'ONU. Jadis vue comme une modérée, elle a opéré un virage à 180 degrés, adaptant ses positions à celles de Donald Trump.
Le président américain désigné a par ailleurs annoncé son intention de nommer à la tête de la CIA l'ancien représentant John Ratcliffe, un allié loyal qui a été directeur du renseignement national (DNI) au cours de son premier mandat.
Ce sera un défenseur intrépide des droits constitutionnels de tous les Américains, a-t-il assuré dans un communiqué.
Lors du processus de confirmation de sa nomination comme directeur du renseignement national, en 2020, John Ratcliffe n'avait obtenu l'appui d'aucun démocrate. Les démocrates avaient invoqué son manque d'expérience et d'objectivité.
Un évangéliste procolonies comme ambassadeur en Israël
Mardi, Donald Trump a également nommé comme ambassadeur des États-Unis en Israël l'ancien gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee, un évangéliste dont les croyances religieuses façonnent sa vision d'Israël et des territoires palestiniens.
Dans un communiqué, il a assuré qu'il travaillera sans relâche pour apporter la paix au Moyen-Orient.
Mike Huckabee est le père de la gouverneure actuelle de l'Arkansas, Sarah Huckabee Sanders, qui a été porte-parole de la Maison-Blanche pendant une partie du premier mandat de l'ancien président.
M. Trump affiche un soutien sans faille à Israël, mais la nomination de l'ancien pasteur est particulièrement révélatrice.
M. Huckabee a condamné les efforts destinés à parvenir à un accord de cessez-le-feu négocié et rejette la notion même d'occupation des territoires palestiniens, une dénomination reconnue par l'ONU.
La Cisjordanie n'existe pas : il s'agit de la Judée et de la Samarie. Il n'y a pas de colonies. Ce sont des communautés. Ce sont des quartiers. Ce sont des villes. Il n'y a pas d'occupation, a-t-il dit en 2017, cité par le réseau public américain NPR.
Lundi, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a d'ailleurs interprété la victoire de Donald Trump comme l'occasion pour son pays d'exercer la pleine souveraineté sur certaines parties de la Cisjordanie occupée, a rapporté le Washington Post.
Donald Trump a également annoncé dans la journée la nomination de Steven Witkoff, un investisseur new-yorkais spécialiste de l'immobilier, comme émissaire spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient.
Un processus ordonné
Donald Trump a par ailleurs désigné, mardi, William McGinley comme conseiller juridique de la Maison-Blanche. Celui-ci avait auparavant assuré la liaison entre le président Trump et les départements et les agences.
Les médias américains ont par ailleurs rapporté qu'il devrait nommer son principal conseiller en matière d'immigration, Stephen Miller, comme chef de cabinet adjoint aux politiques. Conseiller à la Maison-Blanche pendant le premier mandat de Donald Trump, il a été l’architecte de ses politiques migratoires, y compris les plus controversées.
En moins d'une semaine, Donald Trump a annoncé 13 nominations, qui s'inscrivent dans un processus moins chaotique qu'en 2016.